Rôle des intellectuels, débat sur l'abolition de la peine de mort, Chambre des députés, Cesare Beccaria, Révolution française, Terreur, courant abolitionniste, Lamartine, Victor Hugo, guillotine, Clemenceau, Jean Jaurès, Maurice Barrès, IIIe République, idées des Lumières
La peine de mort en France a été abolie en 1981 et le discours de Robert Badinter à cette occasion en reste le symbole. Cette abolition tardive fut le fruit d'un long combat, durant plus de deux siècles. En effet, la peine de mort, qui est "le fait d'ôter la vie à une personne reconnue coupable d'une faute nommée de crime capital", a longtemps été considérée comme l'instrument des États, seuls détenteurs du monopole de la violence physique légitime. Depuis le Moyen-âge, la peine de mort a pu prendre plusieurs formes, donnant lieu à l'invention de supplices parfois assimilables à de la torture. À la fin du XVIIe, la peine de mort évolue et, surtout pour répondre à des considérations économiques de prime abord, s'atténue au profit de camps de travaux forcés par exemple.
Cependant, à la fin du XVIIIe, les premiers débats émergent sur l'utilité et la légitimité de la peine capitale. C'est l'ouvrage du juriste italien Cesare Beccaria, en 1764, intitulé "Des délits et des peines", qui marque les prémisses du mouvement abolitionniste. Après la Révolution française, la peine de mort pour les criminels de droit commun est moins appliquée et son abolition envisagée. L'invention de la guillotine répond également à ces considérations, rendant l'exécution plus "humaine". Cependant, la Terreur puis l'Empire remettent au coeur du système judiciaire la peine capitale. Ce regain des exécutions a façonné le courant abolitionniste au cours du XIXe, inspiré des Lumières. Ce courant est porté par des juristes, des hommes politiques, mais surtout par des intellectuels comme Lamartine et Victor Hugo, qui en demeurent les représentants et dont l'influence s'étendra bien au-delà de leur vivant.
[...] Enfin, nous avons pu conclure que l'échec de l'abolition était surtout imputable au contexte d'agitation de l'époque, largement exacerbé par le nouveau rôle de la presse, passé de porte-parole à acteur à part entière. Nous pouvons peut-être considérer que trop peu d'intellectuels se sont battus en 1908 pour l'abolition de la peine de mort contribuant ainsi à son échec. Le débat reste ouvert puisqu'il reste toujours difficile d'évaluer avec justesse l'ampleur de l'influence que chaque acteur a pu avoir, même s'il est certain que les intellectuels ont eu un rôle important. Bibliographie : Baal. G., Le débat de 1908 sur la peine de mort Le Temps de l'histoire, hors-série p. 113-126. Badinter. [...]
[...] Plutôt que de parler de l'humanité en général, il se place du côté du peuple, des pauvres en affirmant Si nous supprimions la peine de mort ( au risque de qui serait-elle faite ? Il faut le constater ce sont les pauvres ( ) qui en pâtiront d'abord. Ainsi, Maurice Barrès, sans user de termes abstraits défends une réalité pratique, accessible qui parle peut-être davantage aux parlementaires, élus et représentants du peuple français. Cependant, pour défendre l'abolition, Jean Jaurès s'en remet également à l'Histoire et demande qu'est-ce que la Révolution française dans son fond ? [...]
[...] Pour lui répondre, le seul intellectuel, au sens premier du terme, également présent à la Chambre durant ce débat est Jean Jaurès (1859-1914), figure d'autorité morale tout aussi importante. En effet, Jean Jaurès, normalien, professeur de philosophie, mais également fondateur du journal l'Humanité en 1904, défend un socialisme humaniste. Homme politique de gauche, fondateur du parti socialiste français et chef de la SFIO dès 1908, Jean Jaurès est également dans la plénitude de son influence politique Attaché à la République et à ses valeurs de justice et de liberté de conscience, il est présent à la Chambre en tant que député du Tarn. [...]
[...] Chacun utilise également une multitude de références littéraires, philosophiques et même scientifiques pour étayer son argumentation. Au cœur du vote, ils sont donc au premier plan pour influencer le cours de l'histoire. Cependant, cette influence n'est possible que parce que Maurice Barrès et Jean Jaurès sont deux intellectuels pleinement reconnus et respectés. Maurice Barrès (1862-1923), figure du nationalisme français, s'est notamment fait remarquer en prenant position contre Dreyfus en 1898. Membre de l'Académie française dès 1906, il est également un brillant écrivain. [...]
[...] Ainsi, chacun défend publiquement son opinion sur la question de la peine de mort, en fonction de sa propre pensée, en vue d'influencer le vote final de cette loi. Il convient donc d'analyser plus finement les principaux arguments évoqués par Maurice Barrès et Jean Jaurès[3]. B. Les discours de Jean Jaurès et de Maurice Barrès : le condensé de leur pensée sur la question de la peine de mort Les questions purement pratiques sur la peine de mort consistant à savoir s'il faudrait une peine de remplacement à la peine capitale, et si oui de quelle nature, sont finalement peu débattues par les deux intellectuels ; considérant que ce travail plus technique et politique a déjà été l'objet de débats entre les parlementaires. [...]
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