Depuis l'Antiquité, les tentatives des Européens pour construire des ensembles organisés ne visaient pas l'Europe, mais le monde, celui des Amériques, de la Méditerranée, celui des empires coloniaux. L'idée d'une construction européenne centrée sur le vieux continent est très récente.
Elle commence au lendemain de la Première Guerre Mondiale avec le rapprochement des grandes puissances. Le plan Briand, de 1930, instaure un « États Unis d'Europe » dont le but est d'assurer la sécurité des pays européens. De plus, Richard Coudenhove-Kalergi, avec son Union paneuropéenne, veut former une union, mais celle-ci douanière, et une constitution fédérale. Cependant, la formation de la SDN, l'instabilité financière de la fin des années 1920, la montée du fascisme et du nationalisme mirent un terme au projet d'organisation européenne.
C'est au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale que l'idée de construction européenne va renaître, toujours dans le souci d'éviter une guerre. Dans un premier temps, elle se fera par un jeu d'alliance , mais très vite après l'euphorie de la libération de l'Europe, les discordes vont émerger et les tensions vont s'accentuer entre les deux Grands. Le continent doit ainsi choisir entre le « parapluie » américain ou le « grand frère » soviétique. La construction européenne sera donc modelée par le contexte de guerre dont les affrontements inévitables mais impossibles se concentreront principalement en Europe.
Nous entendons par Guerre Froide le conflit entre le bloc soviétique, les pays de l'autre côté du « Rideau de Fer » c'est-à-dire les Démocraties populaires organisées par l'URSS ,et le bloc occidental qui comprend l'ensemble des pays libres européens et dont le leadership est les États-Unis. La construction européenne est un processus qui mène les pays d'Europe à former une communauté économique, culturelle, et politique unie , qui est en perpétuelle évolution. Les bornes chronologiques commencent entre le discours de Churchill à Zurich le 14 septembre 1946 et la signature du plan Marshall le 5 juin 1947. Elles se terminent en 1955 par la création du Comité d'action pour l'Europe de Jean Monnet le 13 octobre 1955. Enfin, nous comprenons le mot « rôle » par l'importance ou bien l'influence qu'a eues le conflit de la guerre froide sur la construction européenne.
[...] La coexistence des deux monnaies dans une même ville creuse un peu plus la scission entre les deux blocs. Les actions entreprises par les alliés sont prises comme un prétexte par le Kremlin pour régler la situation de Berlin Ouest, qui est considérée comme une anomalie et dont les Soviétiques craignent une contamination économique vers l'Est. De mai 1948 à juin 1949, Berlin franco-anglo-américaine est isolée du reste de sa partie occidentale. Très vite un pont aérien allié, d'une ampleur jamais égalée notamment grâce à l'aide de la flotte américaine, se met en place. [...]
[...] La fusion des zones allemandes alliées en trizone, puis la récréation de la RFA en mai 1949 marquent ainsi la résignation de la France à redonner la part de souveraineté à la nouvelle Allemagne fédérale. De plus, la lettre du 30 octobre 1949 de l'américain Achseson pousse Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français, à prendre des initiatives pour admettre l'Allemagne dans l'Europe occidentale. D'autre part, le nouveau chancelier Adenauer de la RFA élu en septembre 1949 comprend bien l'importance de cette intégration, dans un premier temps dans le cadre de la menace de l'URSS, et plus tard dans les affaires extérieures et intérieures de la RFA. [...]
[...] Dans cette nouvelle optique, la première réaction entraîne la fusion entre les zones d'occupation américaine et Britannique dès 1947 dans le cadre d'une bizone, avec la création d'un conseil économique chargé de son organisation. Il faudra attendre 1948 pour que la France rejoigne ce mouvement. L'intégration s'accompagne également d'une réforme monétaire. Un nouveau Deutch Mark est mis en service pour améliorer les conditions de vie des Allemands et lutter contre l'effet de l'inflation, il s'est même étendu à Berlin Ouest tandis que le Deutch Mark de l'Est persiste. [...]
[...] Ils deviendront ainsi le moteur d'une Europe unie. La création d'un organe de dialogue privilégié entre les pays d'Europe permet ainsi l'alignement d'un espace juridique commun, sur la base des valeurs communes de libertés individuelles face à une Europe de l'Est autoritaire et totalitaire. Même si le conseil de l'Europe est limité et reste peu efficace, il démontre la volonté d'un avenir européen uni. De plus, la création de la CECA devient le symbole d'une Europe communautaire, supranationale, garantissant la paix et le libéralisme de chaque pays tel que la RFA. [...]
[...] Mais le contexte de guerre froide reste toujours présent lors de la signature de la CECA. En effet, la guerre de Corée remet la question de la défense de l'Europe occidentale à l'ordre du jour, face au géant soviétique et à la pression américaine incarnée par MacCloy qui veut créer un front de défense européen uni avec l'intégration de la RFA. De plus, l'extériorisation des conflits Est-Ouest (Corée pour les États-Unis, Indochine pour la France) pose le problème du réarmement de l'Allemagne de l'Ouest qui devient inévitable mais sous quelles conditions. [...]
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