Armée politique Grande Muette affaire Dreyfus Guerre d'Algérie
Lorsque l'on place côte à côté les deux termes d'armée et de politique, l'expression qui nous vient naturellement à l'esprit est la « grande muette » pour qualifier l'apolitisme de l'armée, puisqu'en effet, en tant que service public, elle n'est pas censée servir une cause politique en particulier. Pourtant, dans la période que nous allons étudier, l'armée n'est pas toujours muette, elle parle, et elle exprime ses opinions sur certaines questions politiques, de l'antisémitisme de l'Affaire Dreyfus à la lutte acharnée pour conserver une Algérie française lors de la guerre d'Algérie, deux bornes temporelles qui ne sont d'ailleurs pas neutres, puisqu'elles correspondent à des crises des relations entre l'armée et la sphère politique.
Mais penser ensemble l'armée et la politique, c'est aussi considérer l'armée en tant qu'instrument du pouvoir politique, ce qui conduit à se demander quelle influence ils ont l'un sur l'autre : un pouvoir politique qui peut couvrir l'armée en cas de dérive, et une armée dont il est difficile parfois de savoir qui la dirige, et qui peut même d'ailleurs devenir incontrôlable et s'affranchir du pouvoir politique.
Et enfin on peut aussi s'interroger sur les liens qu'entretiennent l'armée et les autres forces politiques. Quelles opinions, quels reclassements, quels débats les agissements de l'armée ont pu susciter au sein de ces forces politiques.
Pour regrouper tout cela dans une problématique plus générale, on peut se demander quel rôle l'armée a-t-elle joué dans le paysage politique de l'Affaire Dreyfus à la Guerre d'Algérie.
[...] On peut alors dire que l'armée gouverne effectivement l'Algérie. Par ailleurs cette crise révèle l'extrême faiblesse du régime, car le gouvernement s'avère incapable d'agir sur l'armée. La solution à cette impasse politique s'incarnera dans la personne du Général de Gaulle, qui recevra l'investiture en juin 58. Il reçoit également les pleins pouvoirs et le droit de réviser la Constitution. La Guerre d'Algérie a donc conduit à la mort de la IVè République. [...]
[...] La politique militaire est alors déterminante. En 1906 est créé le Conseil supérieur de défense nationale, qui est chargé d'élaborer des plans de mobilisation. Mais c'est surtout la durée du service militaire qui devient objet de débat politique, notamment en raison de la crise marocaine de 1911. Le gouvernement Briand propose de porter la durée du service à trois ans, ce qui sera voté en août 1913. Mais c'est une loi qui provoque de vives critiques, notamment de la part Jaurès. [...]
[...] Entre 46 et 47, il y a opposition grandissante entre le parti communiste et les autres partis de la majorité. Dans le domaine colonial, le parti communiste a approuvé la politique de reprise en main des colonies après la Libération, mais en 46 il s'élève contre les opérations militaires entreprises au Vietnam à l'encontre du leader communiste Hô Chi Minh, qui revendique l'indépendance de son pays. Les députés communistes rejettent donc les crédits demandés par le gouvernement en matière militaire, alors que les ministres communistes s'abstiennent dans ce vote, ce qui provoque une vive tension au sein du gouvernement. [...]
[...] Pour regrouper tout cela dans une problématique plus générale, on peut se demander quel rôle l'armée a-t-elle joué dans le paysage politique de l'Affaire Dreyfus à la Guerre d'Algérie. Et pour répondre à cette question on pourra distinguer trois périodes : de l'affaire Dreyfus à la première Guerre mondiale, ou de la remise en question de l'armée à sa républicanisation de la première Guerre mondiale à la fin de la seconde Guerre mondiale, une période au cours de laquelle l'armée a été évidemment au cœur des événements et par conséquent au cœur des débats politiques de 1945 à la guerre d'Algérie, où l'armée est l'instrument de la politique coloniale, mais également un enjeu dans le domaine de la politique européenne. [...]
[...] Le Gouvernement a alors renoncé à négocier, et s'engage dans une lutte à outrance qui a pour unique but de remporter un succès militaire. Mais sur place, le ministre Robert Lacoste laisse en fait l'armée conduire le conflit à sa guise, et transformer l'Algérie en véritable province militaire. L'armée ferme les frontières avec le Maroc et la Tunisie pour éviter le transit d'armes, et procède au quadrillage du pays. A Alger c'est le général Massu qui est chargé de la sécurité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture