À l'aube des années 1830, l'Italie n'existe pas : c'est, écrira encore le chancelier Metternich en 1847, « un nom géographique », « une expression géographique » : sept entités territoriales distinctes ; des dynasties étrangères : les Habsbourg, les Bourbons ; des influences étrangères : l'Autriche, la France ; l'absence de sentiment commun d'appartenance.
L'Italie existe pourtant : elle possède une langue commune, une culture commune, une histoire commune, des intérêts communs, des aspirations communes. Le Risorgimento, c'est-à-dire la « résurrection » de l'Italie constitue à la fois une espérance, un programme, un esprit. Du sentiment de « nationalité », il aspire à la construction de l'État-nation
La question de la participation des campagnes au processus de libération nationale (Risorgimento) de l'Italie demeure cependant une question ouverte :
- une question stratégique : la participation des masses à la révolution nationale
- une question politique : l'intégration des masses rurales à l'Etat libéral et unitaire
- une question historiographique : le Risorgimento est-il une « révolution incomplète » ?
Las campagnes participent très inégalement aux différentes dimensions du Risorgimento national, qu'elles soient géographiques, historiques, linguistiques et culturelles, religieuses, sociales ou économiques.
- Les logiques géographiques lui sont largement indifférentes : que l'Italie constitue une péninsule méditerranéenne au sud de l'arc alpin, entre les mers Adriatique, Ionienne et Tyrrhénienne ; les îles : Sicile, Sardaigne et... Corse, s'oppose à la diversité des langages, des cultures, des modes de vie, des mentalités, des appartenances régionales ou urbaines, à tout ce qu'on appelle le campanilisme. Le légitimisme dynastique est fort, au Piémont, en Toscane, à Naples. Fractionnement du regard et limitation des horizons ruraux. Il y a cependant la haine de l'étranger, lo straniero, il barbaro.
- Les logiques historiques, exaltées par le romantisme national, sont tout aussi indifférentes au monde des campagnes : la Rome antique, républicaine et impériale; l'âge des communes médiévales et leurs luttes contres les empereurs allemands; la Renaissance opposée à la décadence espagnole des XVIIème et XVIIIème siècles. L'exaltation de la virtù italienne retrouvée. Les campagnes ignorent l'opéra, la peinture et le roman historiques, vecteurs de la culture nationale. Les souvenirs plus récents comptent davantage : l'invasion des armées françaises ; l'occupation autrichienne.
- La langue et la culture ne constituent en aucun cas un facteur d'unité nationale. La langue de culture est le toscan, la langue de Dante, Boccace et Pétrarque, de l'Accademia della Crusca. Les élites sont souvent francophones (le cas du Piémont). Les campagnes sont terres de dialectes : incompréhension réciproque. La culture n'est pas davantage facteur d'unité dans les masses rurales, encore largement analphabètes n'est pas davantage facteur d'unité dans les masses rurales, encore largement analphabètes (...)
[...] Toute la Sicile entre alors en insurrection. La dictature de Garibaldi s'établit dans l'île par une série de décrets entre le 17 mai et le 02 juin. Il cherche dans un premier temps à satisfaire les revendications des masses paysannes par des décisions peu suivies d'effets : levée en masse (14 mai) ; abolition du droit sur les farines (macinato) le 17 mai ; décret sur le partage des terres domaniales (02 juin). La fracture entre le mouvement garibaldien et le mouvement paysan se révèle très tôt par la résistance à la conscription et la répression des révolte populaires : le 4 août à Bronte, Bixio ordonne des arrestations de masse et fusille les récalcitrants ; l'armée de Garibaldi s'appuie sur la Garde nationale bourgeoise et noble pour rétablir l'ordre dans les campagnes ; le Conseil de guerre promulgue une procédure sommaire pour réprimer les insurrections. [...]
[...] Garibaldi se soucie d'exaucer les demandes populaires, ordonne le partage des terres dans le massif de la Sila ; dans le Volturno, une insurrection paysanne massacre 140 gardes nationales bourgeoises venues rétablir l'ordre ; des troupes garibaldiennes se retournent contre les insurgés paysans dans l'Irpino et le Sannio en septembre ; des émissaires de François II attisent la révolte paysanne et la mémoire de l'Insorgenza sanfédiste de 1799 : ce mouvement s'appuie sur une partie du clergé et sur les sentiments de fidélité dynastique d'une partie du peuple, mais aussi sur l'hostilité envers les galantuomini. Les troupes napolitaines contre-attaquent sur le Volturno le 1er octobre, mais sans succès. L'unité politique est faite et les élites urbaines se rallient. [...]
[...] Pour les communistes italiens et pour toute la gauche de l'après-guerre, il faut achever le processus révolutionnaire que ni le Triennio ni le Risorgimento n'ont su mener à son terme, faute de participation des masses à la Révolution. - L'historiographie néo-libérale (Rosario Romeo) conteste à partir des années 1960 le schéma marxiste : elle affirme la nécessité d'un développement capitaliste de l'agriculture italienne afin de fonder les bases du développement de l'économie et souligne, à contre- courant, le rôle positif des mutations de la société rurale. [...]
[...] Aspirations nationales et libérales et nostalgie des formes politiques anciennes : le fédéralisme comme négation de la dynamique unitaire et perception des identités régionales. Un phénomène urbain : Carlo Cattaneo à Milan ; Daniele Manin à Venise Le projet unitaire autour du Piémont. L'État piémontais et la dynastie du Savoie au centre du projet unitaire. Un libéralisme conservateur : les modèles parlementaires britannique et français. Le développement économique de la péninsule. Cesare Balbo (1789-1853) et ses Speranze d'Italia (1843), historien et patriote. [...]
[...] - Les logiques historiques, exaltées par le romantisme national, sont tout aussi indifférentes au monde des campagnes : la Rome antique, républicaine et impériale; l'âge des communes médiévales et leurs luttes contres les empereurs allemands; la Renaissance opposée à la décadence espagnole des XVIIème et XVIIIème siècles. L'exaltation de la virtù italienne retrouvée. Les campagnes ignorent l'opéra, la peinture et le roman historiques, vecteurs de la culture nationale. Les souvenirs plus récents comptent davantage : l'invasion des armées françaises ; l'occupation autrichienne. [...]
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