Révolutions et contre-révolutions en Europe (1917-1924)

Résumé du document

Les conditions objectives créées par la guerre et les nouvelles conditions subjectives entraînent à la fin du conflit des agitations, troubles et désordres politiques sur le nouveau continent. Néanmoins, ce mouvement retombe et de multiples initiatives réactionnaires et contre-révolutionnaires se développent également. Au bout du compte, l'après-guerre n'accouche pas d'un nouvel ordre en rupture totale avec le système capitaliste libéral et démocratique qui semble même en sortir renforcé.

La perspective du défaitisme révolutionnaire avancée dès 1914 par Lénine qui considère que "la guerre est le plus beau cadeau fait à la révolution" peut-elle être vérifiée ? La révolution est-elle réductible aux seules entreprises communistes alors que des changements radicaux de régime interviennent dans différents pays et que de nombreuses formations politiques s'affirment révolutionnaires, à l'instar de Mussolini et du parti national fasciste en Italie ? Enfin, les systèmes de valeur européens ont-ils volé en éclat ?

Extraits

[...] Au-delà du seul dilemme entre révolution et contre-révolution, il convient de distinguer retour à l'ordre et aspirations à un Ordre nouveau A. La stabilisation de l'Europe doit se faire selon la conception de l'ordre qui est celle des vainqueurs 1. C'est l'objectif premier des traités de paix : Versailles juin 1919 (traité de paix générale et traité concernant l'Allemagne), Saint-Germain en Laye octobre 1919 (concernant l'Autriche), Neuilly (concernant la Bulgarie), Trianon juin 1920 (Hongrie), Sèvre août 1920 (Turquie, ancien Empire ottoman). [...]

[...] Le spectre de la Révolution hante l'Europe” 1. La France n'échappe pas à l'agitation sociale et à des grèves au caractère semi-révolutionnaire, notamment en 1919 et 1920, qui ne touchent pas seulement les chemins de fer et les postiers. Le gouvernement Clemenceau réagit avec vigueur, tout comme son successeur comme Président du Conseil Alexandre Millerand dans le cadre du Bloc national. L'une des raisons du mécontentement est le fait le gouvernement Clemenceau tarde à démobiliser les soldats pour pouvoir conserver un moyen de pression sur les Allemands tant que ceux-ci n'ont pas signé le traité, finalement signé en juin. [...]

[...] À ce moment-là, Mussolini a transformé l'Italie en une dictature fasciste. Le tournant sera la revendication de Mussolini de l'assassinat d'un député italien comme nécessité sanitaire Hitler forge son projet totalitaire donc révolutionnaire en prison en rédigeant Mein Kampf. Il dote ainsi les cadres nazis d'un corps de doctrines qui va souder le noyau dur autour du Führerprinzip. L'ordre retrouvé donne à penser que la démocratie et le libéralisme l'ont emporté dans une Europe qui renoue avec la prospérité, mais les bases sont fragiles et la crise des années 30 va servir de révélateur. [...]

[...] Enfin, les traités sont aussi à percevoir comme une tentative d'établir un régime libéral et démocratique : république de Weimar, Tchécoslovaquie Lutte contre la révolution est à l'ordre du jour dans l'Europe entière. Le développement des mouvements révolutionnaires alimente une crainte de la révolution qui amène dans chaque pays l'apparition d'une union des forces antirévolutionnaires qui se rassemblent et qui parviennent souvent à exercer le pouvoir dans le cadre de coalitions conservatrices et réactionnaires qui bénéficient alors de soutiens plus ou moins marqués de la part des grands vainqueurs Le modèle au niveau du continent reste le concept de cordon sanitaire élaboré par Foch. [...]

[...] Réaliser la révolution mondiale, cela passe prioritairement par la défense de l'acquis premier : le jeune pouvoir soviétique. B. Les pays vaincus sont le théâtre privilégié de l'agitation révolutionnaire 1. En Allemagne, l'empire disparaît le 9 novembre 1918 selon la volonté des vainqueurs et cède la place à la République présidée par le social- démocrate Ebert élu par le Reichstag de l'ancien empire. Ce sont les sociaux-démocrates du SPD et les centristes chrétiens qui vont prendre en main la nouvelle Allemagne et essayer d'en faire un État démocratique républicain. [...]