Anibal Quijano écrit, dans Imperialismo, clases sociales y estado en el Peru (1890-1930) : « A aucun autre moment de l'histoire du Pérou, probablement, les contradictions et les conflits inhérents à la société péruvienne à une époque précise ne se sont exprimés de manière aussi nette et aussi dramatique que dans les premières années de la décennie 1930. Ou, en d'autres termes, à aucun autre moment les tendances de la révolution et de la contre-révolution, avec leurs acteurs et caractéristiques de la période, ne se sont affrontés avec autant d'amplitude et de violence. »
Après une décennie de croissance sous la domination personnelle d'Augusto B. Leguia, le Pérou doit affronter les effets de la crise internationale, qui exacerbent les tensions sociales, politiques et économiques dont témoignent, à leur façon, les textes ainsi que l'action de Haya de la Torre et de Mariategui. Pendant trois années, depuis la révolte d'Arequipa le 22 août 1930 jusqu'à l'assassinat de Sanchez Cerro le 30 avril 1933, le Pérou traverse une crise multiforme qui se caractérise par l'apparition de mouvements révolutionnaires, dont les caractéristiques et l'épilogue diffèrent.
[...] parti fasciste ? S'il appartient par sa mère à la bourgeoisie (le père de celle-ci a été plusieurs fois sénateur du Pérou), Luis Sanchez Cerro, né en 1890, ne se distingue pas particulièrement par ses ascendants paternels, ni par sa trajectoire, qui est celle d'un officier de carrière, mais dans l'infanterie, arme plébéienne. Il se signale une première fois en 1914 par sa participation à la marche contre le palais gouvernemental, qui conduit à la démission du président Guillermo Billinghurst. [...]
[...] Sanchez Cerro et l'Union révolutionnaire : à la conquête du pouvoir A. La révolution d'Arequipa et ses conséquences Le 22 août 1930 Sanchez Cerro soulève la garnison d'Arequipa, proclame un gouvernement provisoire dont le but officiel est le démantèlement de l'oligarchie au pouvoir et la tenue d'élections libres. Le pronunciamiento de Cerro, rédigé par José Luis Bustamante y Rivero, proclame que ce soulèvement est l'expression de la volonté du peuple, de tout le peuple mais n'avance aucun programme précis. La répercussion de l'appel lancé par Cerro rencontre dès le début un écho très fort dans la population, qui y voit la promesse d'un changement de sa situation. [...]
[...] Le 30 de ce mois, Sanchez Cerro est assassiné sur l'hippodrome de Santa Beatriz, par Abelardo Mendoza Leyva. Néanmoins, la nomination du général Oscar R. Benavides garantit la survie du régime né de la révolte d'Arequipa. L'année suivante, la Chambre de Commerce de Lima et la Banque centrale de Réserve se félicitent, dans leurs communiqués respectifs, de la bonne situation économique du Pérou, rapportée à celle des autres pays d'Amérique latine. Et Anibal Quijano de conclure : La crisis económica tocaba a su fin, y la revolución había sido, por el momento, derrotada. [...]
[...] Plus que d'un simple malaise il faut en fait parler d'un véritable mécontentement, un mécontentement profond qui exige le renversement de l'ordre établi, selon deux voies. La première est celle empruntée par le PCP (fondé à cette époque) et l'APRA, qui propose, à plus ou moins longue échéance et selon des modalités diverses, la construction d'un ordre socialiste ; la seconde se donne comme objectif premier le renversement du régime politique établi par Leguia, sans préjuger de transformations dans l'ordre social. Dans les deux cas, ce mécontentement est, fondamentalement, révolutionnaire. I. [...]
[...] Nommé à Arequipa, il en commande la garnison avec le grade de lieutenant-colonel. L'une des particularités de Cerro réside dans son apparence : de taille moyenne, il offre le visage d'un métis, voire d'un Indien, ce qui, dans les cadres de l'armée péruvienne, constitue une exception singulière. Par son appartenance à celle-ci, il incarne le type de l'officier formé à la discipline, dévoué à la nation et convaincu de la nécessité d'un changement politique profond qui tranche sur la corruption et le gaspillage qu'engendre l'oligarchie. [...]
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