La révolution mexicaine et les Etats-Unis 1910-1920

Résumé du document

Entre 1910 et 1920, la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique a eu une importance cruciale dans le développement de la phase “anarchique” de la révolution mexicaine. En effet la région très étendue de cette frontière était très facilement traversable, et les deux états interagissaient constamment que ce soit par des individus, des familles ou d'autres groupes plus larges. Les idées circulaient ainsi facilement, ce qui eut un rôle important dans la période de changements rapides qu'a été la deuxième décade du XXe siècle au Mexique. De plus la violence de ces évènements n'a pas épargné les intérêts nord-américains présents au Mexique, ce qui a entraîné l'intervention du gouvernement des États-Unis à plusieurs reprises dans le cours des évènements.

Il est donc indiscutable que les Etats-Unis ont grandement influencé la révolution mexicaine, par des pressions politiques, des interventions militaires, des influences culturelles et associatives. Quelles ont donc été les motivations et les conséquences des interventions de cette puissance nord-américaine ? Puissance qui n'avait pas encore à l'époque une expérience diplomatique aussi poussée et rôdée que la Grand-Bretagne coloniale, sa grande rivale au début du XXe siècle. Le Nord du Mexique, berceau et noyau dur de la Révolution, était donc une large zone frontière : l'importance de cet élément ne peut être sous-estimée, car c'est l'existence de cette base arrière que sont les Etats-Unis qui donne aux insurgés du nord et à Madero lui-même des avantages inconnus ailleurs. Néanmoins on peut considérer que par là même les Etats-Unis ont pu tenter d'influer sur le cours de la révolution. Les Etats-Unis ont-ils été le moteur ou bien le frein de la révolution ?

Nous allons tout d'abord voir en quoi les Etats-Unis avaient un rôle particulier dans la révolution mexicaine, de par leur statut de voisin imposant, accueillant tout en étant également étroitement lié économiquement au Mexique en plein bouleversement. Cela nous amènera à comprendre pourquoi le gouvernement nord-américain a cherché à défendre ces intérêts, économiques mais aussi diplomatiques et sociaux chez leur voisin du sud. D'où leur apprentissage difficile de l'ingérence, si nous pouvons nous permettre l'expression, pour cette puissance qui défend sa doctrine Monroe face aux européens et qui veut préserver ses droits, propriétés et intérêts au Mexique.

Extraits

[...] Les expropriations ne pourront être faites que pour cause d'utilité publique et moyennant une indemnisation. La Nation aura en tout temps le droit d'imposer à la propriété privée les modalités que dicte l'intérêt public, comme celui de réguler l'utilisation des éléments naturels susceptibles d'appropriation, pour faire une distribution équitable de la richesse publique et pour veiller à sa conservation. Avec cet objectif seront dictées les mesures nécessaires pour le fractionnement des latifundia ; pour le développement de la petite propriété ; pour la création de nouveaux centres de peuplement agricoles avec les terres et les eaux qui leur sont indispensables ; pour le développement de l'agriculture et pour éviter la destruction des éléments naturels et les maux que la propriété puisse souffrir au préjudice de la société. [...]

[...] De son côté, Carranza entretint une mission permanente aux États-Unis. Par l'intermédiaire de son ambassadeur, le président Taft avait soutenu Huerta contre Madero. Félix Diaz, neveu du dictateur, et le général Huerta renversent ainsi le gouvernement et exécutent Madero le 22 février 1913. Huerta prend le pouvoir, notamment grâce à l'action de l'ambassadeur nord-américain. Plus tard, le successeur de Taft à la Maison Blanche, Woodrow Wilson, soutint Huerta contre Carranza. Mais quand l'impuissance du gouvernement de Huerta devint évidente et qu'il se mit à favoriser l'impérialisme anglais, les États-Unis commencèrent à prendre des mesures de rétorsion ; En effet Huerta se met à rechercher l'appui des puissances européennes pour sauver son régime et se propose d'ouvrir les champs pétroliers mexicains aux anglais. [...]

[...] La mesure, spectaculaire en elle-même, eut un impact moral considérable aussi bien aux Etats-Unis qu'au Mexique. Les journaux américains la présentèrent comme un prologue à une intervention américaine. Au Mexique, l'effet de la nouvelle fut considérable : espoir chez les révolutionnaires, profonde inquiétude dans les cercles officiels, mobilisation, enfin, des opposants qui jusqu'alors se maintenaient dans l'expectative. Pour tous, les Etats-Unis, s'ils ne soutenaient pas ouvertement Madero, abandonnaient Diaz. L'expérience historique du poids déterminant des Etats-Unis dans les guerres civiles mexicaines encourageait les opposants et décourageait les partisans du gouvernement. [...]

[...] Mais tandis que Villa avait attaqué Columbus avec à peine 500 hommes, ce furent 12000 soldats, cavaliers et artilleurs, commandés par le général John J. Pershing qui, le 15 mars 1916, pénétrèrent en territoire mexicain sous le prétexte exclusif de débusquer Villa. L'année suivante, le général Pershing fut envoyé en Europe à la tête du corps expéditionnaire qui combattit contre les Allemands - parmi les officiers de l'expédition punitive figuraient aussi les sous-lieutenants Eisenhower et Patton. Le 29 mars eut lieu le premier engagement entre les forces nord-américaines et un détachement commandé par Villa. [...]

[...] Le nord du Mexique, berceau et noyau dur de la Révolution, était donc une large zone frontière : l'importance de cet élément ne peut être sous-estimée, car c'est l'existence de cette base arrière que sont les Etats-Unis qui donne aux insurgés du nord et à Madero lui-même des avantages inconnus ailleurs. Néanmoins on peut considérer que par-là même les Etats-Unis ont pu tenter d'influer sur le cours de la révolution. Les Etats-Unis ont-ils été le moteur ou bien le frein de la révolution ? Nous allons tout d'abord voir en quoi les Etats-Unis avait un rôle particulier dans la révolution mexicaine, de par leur statut de voisin imposant, accueillant tout en étant également étroitement lié économiquement au Mexique en plein bouleversement. [...]