Le 30 mars 1814, Napoléon capitule et le gouvernement provisoire présidé par Fouché vote la constitution sénatoriale qui rappelle la monarchie des Bourbons dans une France bien différente de celle de l'Ancien Régime. En effet, elle est soudée par une identité nationale, l'individu et les libertés ont une place prépondérante, la déchristianisation s'accélère, une partie de la noblesse accepte les valeurs révolutionnaires. La Restauration, qui va durer de 1814 à 1830, va permettre à la France de connaitre à nouveau durablement la paix extérieure après vingt-deux ans de guerre et près de vingt-cinq d'instabilité. Cependant la Restauration est aussi le théâtre de combats politiques intenses entre les libéraux et les conservateurs, entre deux visions de l'héritage de la Révolution française. Le nouveau régime est donc intrinsèquement partagé entre réaction et modernisme, extension des pouvoirs du souverain et parlementarisme, autoritarisme et libéralisme.
Il convient donc de se demander si la Restauration ne se résume qu'à une négation de la Révolution ou si un compromis entre monarchisme et idéal révolutionnaire a su être trouvé.
Nous allons ainsi tenter de montrer comment Louis XVIII et Charles X, désireux d'un retour à la monarchie d'Ancien Régime, vont gouverner une France bouleversée par la Révolution française. De 1814 à 1820, la Restauration modérée associe dans une certaine mesure monarchie et principes révolutionnaires dans le cadre d'une monarchie parlementaire apaisée. Puis, à partir de 1820, le régime se radicalise face à la montée des contestations et se caractérise par une tentative de négation de la Révolution malgré l'agitation populaire.
[...] Le gouvernement modéré va moderniser la France (par exemple économiquement), augmenter les pouvoirs de la Chambre (vote du budget créer une armée de volontaires et recourir au tirage au sort en cas de manque de soldats. De plus certains droits vont être complétés. La loi de 1819 sur la presse supprime la censure et les autorisations préalables et certains privilèges combattus. La loi militaire de 1818 supprime les nominations de faveur, elle oblige les officiers à suivre des études ou à avoir exécuté une longue carrière. Par ailleurs se développe une vie politique avec la constitution de partis. [...]
[...] Cette opposition se développe au nom de la protection des principes de la Révolution française et s'érige contre les excès réactionnaires du ministère Villèle. Cette opposition croissante va se traduire au niveau parlementaire car les libéraux de la Chambre des Pairs s'opposent à un certain nombre de mesures qui reviennent sur les avancées de la période révolutionnaire. C'est le cas pour le projet de loi de réhabilitation du droit d'aînesse qui sera rejeté en avril 1826. Car considéré comme contraire à l'égalité des droits. [...]
[...] Les Trois Glorieuses qui marquent la fin de la Restauration vont prendre le contrepied total de la négation de la Révolution par la Restauration et vont au contraire se poser en miroir des journées révolutionnaires de 1789. C'est de la bourgeoisie menacée dans ses droits politiques que vient la résistance. Des journalistes publient le 27 juillet une protestation dénonçant le régime de la force et appellent à la résistance. En début de soirée quelques émeutes opposent la police aux insurgés menés par des républicains. [...]
[...] L'opposition reste donc vivace malgré sa marginalisation. D'autre part, plusieurs réformes des lois sur la presse (comme l'abolition dès mars 1820 des lois de Serre, la création en 1822 du délit d'opinion ainsi que la possibilité de punir un journal pour son esprit ou l'autorisation préalable à la diffusion d'un journal) brisent le mouvement de liberté d'opinion qui paradoxalement limitait la contestation. En effet, les libéraux qui ne peuvent plus s'exprimer par le biais de la Chambre ou de la presse vont faire partie de l'opposition au régime. [...]
[...] Le nouveau régime est donc intrinsèquement partagé entre réaction et modernisme, extension des pouvoirs du souverain et parlementarisme, autoritarisme et libéralisme. Il convient donc de se demander si la Restauration ne se résume qu'à une négation de la Révolution ou si un compromis entre monarchisme et idéal révolutionnaire a su être trouvé. Nous allons ainsi tenter de montrer comment Louis XVIII et Charles désireux d'un retour à la monarchie d'Ancien Régime, vont gouverner une France bouleversée par la Révolution française. [...]
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