Révolution et Contre-Révolution se définissent l'une par rapport à l'autre (d'où l'effet de radicalisation réciproque). Certains aristocrates, comme le comte d'Artois ou comte d'Antraigues, libertins et contestataires à l'époque des Lumières, se rapprochent, dans la tourmente, des Bourbons et de l'Église. C'est ce rapprochement qui produira la « formule de combat » (François Furet) de la Restauration et de l'idéologie ultra, qui se développe notamment autour du comte d'Artois. Cette dernière repose sur une simplification rétrospective de ce qu'était l'Ancien Régime : Tocqueville écrit qu'elle rêve « un Ancien Régime plus odieux que celui qu'on a détruit ».
Le terme de « Contre-Révolution », employé dès 1790, comporte une homogénéisation abusive, qui est celle du discours jacobin : il faut distinguer résistances à la Révolution et Contre-Révolution, même si ces réalités se recoupent en partie. Certains historiens parlent d'« Anti-révolution » pour caractériser les résistances des masses paysannes qui ne remettent pas en cause le processus révolutionnaire dans sa globalité, mais seulement certains éléments, comme l'achat des biens nationaux par la bourgeoisie citadine ou la conscription généralisée. Alors que la Contre-Révolution proprement dite serait un système doctrinaire rejetant en bloc la Révolution, l'« Anti-révolution » serait donc une opposition plus conjoncturelle à la Révolution.
[...] Favorables à l'abolition des privilèges, ils se détachent cependant de la Révolution devant la montée de la violence populaire. Louis de Bonald et Joseph de Maistre sont des penseurs théocrates plus traditionalistes : dans leurs écrits (rédigés après la Terreur), qui apparaîtront comme des références pour les ultras ils affirment que la souveraineté n'appartient qu'à Dieu et à ceux à qui ce dernier la délègue : Dieu est l'auteur de tous les Etats, l'homme ne peut rien sur l'homme que par Dieu et ne doit rien à l'homme que pour Dieu (Bonald). [...]
[...] Jusqu'au 10 août 1792, ces partisans d'une monarchie constitutionnelle essayent encore de combattre les patriotes intransigeants sur le terrain parlementaire ou dans la presse. Ensuite, ils disparaissent complètement de la Convention (et avec eux la droite) et émigrent, ce qui les range désormais du côté de la Contre-révolution. Sur l'échiquier politique français, le camp de la Contre-révolution s'identifie à celui de la droite jusqu'à la stabilisation républicaine de la fin du XIXème siècle, qui fait passer la frontière entre droite et gauche à l'intérieur même du camp républicain, même s'il une reste une droite monarchiste marginalisée. [...]
[...] Les fédéralistes, qu'on accuse d'être des ennemis de la Révolution, prétendent défendre la légalité parlementaire contre les violences populaires parisiennes. I L'invention de la droite L'impossible monarchie constitutionnelle L'hostilité à la Révolution commence dès la réunion des Etats-Généraux, lorsque les 2/3 de la noblesse et une minorité du clergé refusent de former avec le Tiers-Etat une Assemblée unique où l'on voterait par tête et veulent maintenir la société d'ordres. Le 23 juin 1789, ils soutiennent Louis XVI qui déclare nulle et non avenue la proclamation de l'Assemblée Nationale, mais fait cependant quelques concessions, comme le vote de l'impôt par les Etats-Généraux ou l'abolition de la lettre de cachet. [...]
[...] On commence alors à constituer dans les municipalités des listes d'émigrés D'après celles-ci, le nombre d'émigrés atteint à personnes, dont seulement 20% ont émigré avant 1793 : la plupart ne sont pas des résistants actifs, mais cherchent à échapper à la Terreur et vivotent en attendant un retour à la normale. Contrairement à une idée reçue, la majorité des émigrés est issue des milieux populaires ou de la bourgeoisie, c'est-à-dire de l'ancien Tiers-Etat. On compte cependant 20% de prêtres réfractaires (que le décret du 27 août 1792 oblige à émigrer sous peine de déportation en Guyane) et 20% de nobles, ce qui constitue un pourcentage significatif des ordres anciennement privilégiés. Ce n'est qu'après Thermidor que les vagues d'émigration diminuent sensiblement en intensité. On assiste même à des retours clandestins. [...]
[...] Cependant, en province, l'émigration de 1789 est aussi en partie une fuite contrainte par la Grande Peur : Il suffisait de porter un nom d'aristocrate pour être exposé aux persécutions (Chateaubriand, Mémoires d'Outre Tombe). En quittant le territoire français, ces émigrés donnent raison à Sieyès, qui, dans son pamphlet Qu'est-ce que le Tiers-Etat ? (janvier 1789), excluait en droit les privilégiés de la nation. Tous les nobles sont cependant loin d'être intransigeants : beaucoup se sont ralliés à l'élan initial de la Révolution, comme La Fayette. [...]
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