« Vous dénaturez les formes des gouvernements établis pour y établir des révolutions… En Italie par exemple au lieu de vous gagner le roi de Sardaigne, vous vous êtes occupés de former des Etats républicains... » Ces propos viennent de l'ambassadeur prussien Sandoz qui critique l'établissement des républiques-sœurs qui secoue l'Europe dés 1792. La Révolution française a récusé les règles du jeu traditionnel de la monarchie au nom de valeurs nouvelles. Ces républiques-sœurs sont des républiques créées grâce à l'intervention militaire de la France révolutionnaire, formant autour de la France une ceinture d'Etats « régénérés » par des institutions politiques et sociales fondées sur la liberté et l'égalité.
Les républiques-sœurs apparaissent dans les mois qui suivent la proclamation de la république par la Convention, alors qu'elles étaient destinées à se former sous la république dite conservatrice de 1794 à 1799. Le fondement des républiques-sœurs témoigne d'un changement important dans l'ordre politique et social des Etats occupés par l'armée française. Parler d'un processus de révolution semble permis pour les républiques-sœurs mais on peut se demander si ces républiques-sœurs sont assujetties à une révolution volontaire ou voulue, d'idéaux révolutionnaires ou de l'intervention d'autrui. L'éclosion spectaculaire des républiques-sœurs est-elle le fruit de l'expansion révolutionnaire, ou sont-elles liées à la politique française du Directoire voulant s'affirmer comme la Grande Nation ?
[...] On peut considérer en effet que les républiques-sœurs s'accompagnent de révolutions. En dépit des entraves à leur action, du poids de l'autorité française, les patriotes dans les républiques-sœurs ont amorcé une œuvre institutionnelle, juridique, économique, qui est loin d'être négligeable. Des réformes inspirées de la constitution française de la première république se sont implantées dans les républiques-sœurs. La France a imposé pour la plupart du temps le modèle de celle de l'an III à quasiment toutes les républiques-sœurs. La France, et la Révolution française ont su étendre les idées révolutionnaires à ses pays voisins. [...]
[...] Une volonté d'impérialisme : des intérêts pour la Grande Nation Le projet des républiques-sœurs et d'une intervention militaire pour les créer est également inspiré par des motifs d'orgueil et d'intérêt. La France veut être la Grande Nation s'affirmant comme la puissance européenne militairement dominante, entrée la première dans la révolution, et la diffusant autour d'elle, constituant le modèle des autres peuples. L'intervention militaire et la création des républiques-sœurs n'ont pas seulement pour cause la fraternité, la liberté des peuples. En effet, le fondement des républiques-sœurs est aussi par intérêt. [...]
[...] La présence de l'armée française a joué un grand rôle dans cette expansion, il n'en reste pas moins que ce sont aussi les patriotes locaux qui ont su jouer un rôle important dans la propagation des idées et l'adoption de nouvelles institutions. Ces patriotes veulent comme pour la Révolution française abolir l'ancien régime et le remplacer par des institutions inspirées par celles de la France. Ces patriotes sont présents en Belgique, en Suisse, dans les Provinces-Unies, en Italie Un peu partout était présents les patriotes. Ils sont partisans de la révolution dans leurs pays. [...]
[...] Les classes les plus pauvres, au contraire, lui ont été hostiles, ce qui laisse penser que la masse des indigents n'a pas senti d'amélioration dans sa condition : la structure sociale n'a pas été profondément modifiée dans les pays atteints par l'expansion de la France révolutionnaire. L'occupation française était globalement mal vécue par la plupart de la population. Dans les républiques italiennes, il n'y aurait eu aucune adhésion, hors d'une très petite minorité, aux idéaux nouveaux, et on aurait imposé sous la pression française les lois et institutions de la Grande Nation. Plus souvent les constitutions témoignent de l'évolution des idées constitutionnelles des hommes d'état français. Le fonctionnement des pouvoirs politiques a souvent été entravé par l'intervention militaire de la France. [...]
[...] Les patriotes locaux jouaient le rôle de propager les idées révolutionnaires. Les patriotes étaient très minoritaires dans leur pays. On sait qu'il y avait par exemple mille cinq cents jacobins bataves pour cent cinquante-six mille habitants, soit un pour cent, proportion nettement plus faible qu'en France. La base de leur propagande fut la diffusion de la déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789. On louait les libertés : liberté individuelle par notamment la suppression de l'esclavage et du servage, par la lutte contre l'arbitraire des gouvernements ou de la justice, liberté de la presse, liberté des réunions politique. [...]
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