En 1914, l'État général des tensions en Europe amène à une clarification des rapports de force. Persuadés que la guerre est inéluctable – sentiment renforcé par l'assassinat de Jean Jaurès, symbolisant la mort du pacifisme -, intellectuels et hommes politiques posent la question de la République à l'épreuve de la guerre : « Faites un roi sinon la paix » déclare le socialiste Marcel Sembat.
Cette question de la République domine au sein d'un pays où le gouvernement était en partie responsable de l'humiliation vécue en 1870. Il était effectivement question, suite à la défaite française de 1870, de penser à une nouvelle forme de gouvernement performant, qui sache mobiliser des moyens efficaces au service de la guerre.
Étant donné la remise en cause de certains principes républicains - dans les discours comme dans les faits – peut-on encore parler de « République » durant la Première Guerre mondiale ?
[...] Enthousiaste le 11 novembre 1948, le peuple français est également amené à réfléchir a cette question de la République au lendemain de la guerre, constatant le nombre de morts et d'exécutions sommaires. Aussi, une République qui vise avant tout la guerre, est-elle encore une République ? [...]
[...] Cette question de la République semble connaître un regain de doutes provoqué par l'accession au pouvoir de Georges Clémenceau. En effet, le journaliste politique, fervent défenseur de la liberté d'expression, qui a critiqué de manière virulente la guerre dans certains de ses articles, prononce un discours qui lui permet d'accéder à la Présidence du Conseil en 1917. Dans ce discours, Clémenceau affirme Je fais la guerre et que la guerre Ce dernier va à son tour contrecarrer le pouvoir du Parlement par le biais de plusieurs mesures qu'il fait voter. [...]
[...] Ces mesures permettent en réalité à l'État d'instaurer un gouvernement de guerre, qui va limiter les libertés tout en justifiant tout type de mesure, en temps normal considéré comme arbitraire, comme une mesure normale ( Cf: arrêt du Conseil d'État de novembre 1919 Dames Dol et Laurent) Mais les batailles menacent la capitale française où le Parlement est installé : aussi, le Parlement se trouve-t-il obligé de quitter Paris pour s'installer à Bordeaux où il ne va pas pouvoir siéger durant quatre mois. Le Parlement ne siégeant plus, le gouvernement d'exception est pris en main par les autorités militaires qui vont devoir maintenir l'ordre et interdire toute réunion. Pour cela, ce gouvernement militaire va s'attribuer des compétences, notamment juridiques. Cela se traduit par la mise en place de Conseils de guerre, sortes de tribunaux militaires : aussi, la justice militaire se substitue-t-elle à la justice civile. [...]
[...] De l'Union sacrée à la remise en cause de la Troisième République Il s'agit d'analyser ici les enjeux puis les modalités de la mise en place d'une Union sacrée, avant de voir ses répercussions sur le plan institutionnel. A. La nécessaire Union sacrée au service de la guerre A la veille de la Guerre, au sein d'une France encore divisée par les lois laïques et l'antisémitisme, faire front uni face à l'ennemi devient un impératif : un impératif prononcé devant le parlement par le Président de la République le 2 août 1914. [...]
[...] La participation des socialistes se trouve ainsi remise en question. Cette crise s'accentue au cours des conférences internationales en 1915 à Zimmerwald puis en 1916 à Kienthol. En effet, les socialistes parmi lesquels les Français militent pour une Paix blanche et souhaitent poursuivre les progrès de l'internationalisme et du pacifisme. Un désir qui s'oppose à la logique du gouvernement français d'Union nationale, qui intègre les socialistes dans son effort de guerre. C'est justement ce dont s'aperçoivent les socialistes : ce gouvernement, censé effacer les clivages politiques, semble en réalité constituer une véritable machine de guerre nationaliste. [...]
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