L'année 1870 constitue un nouveau tournant dans la vie politique française dans la mesure où le Second Empire de Louis Napoléon Bonaparte entre en conflit avec l'Allemagne que Bismarck mène d'une main de fer. L'Empereur connaît rapidement un destin similaire à celui de son oncle puisque le 1er septembre 1870 il est encerclé à Sedan par les Allemands, alors que le conflit avait débuté en juillet. Le lendemain il abdique et laisse l'impératrice et le ministère totalement désemparés face à la situation qui ne cesse de s'aggraver dans la capitale. Ceux-ci vont convoquer le pouvoir législatif tandis que la foule a envahi le Palais-Bourbon.
Face à une telle situation, les républicains Léon Gambetta et Jules Favre se rendent à l'Hôtel de Ville où ils proclament la République. Le 4 septembre 1870, marque donc l'avènement d'un régime qui se maintiendra jusqu'en 1940. La France doit donc opérer de nouveaux changements sur le plan politique afin d'installer durablement le régime. Or, cela passe par une républicanisation non seulement de la France, mais aussi des Français.
On peut donc se demander comment la France parvient à imposer les valeurs républicaines malgré un conservatisme toujours très présent en 1870 et à faire de la République le seul régime viable aux yeux des Français.
[...] Léon Gambetta, par exemple, se montrera efficace et convaincant. Les succès électoraux vont donc peu à peu se multiplier et en 1875, les lois constitutionnelles sont votées. Parmi l'amendement Wallon du 30 janvier qui officialise la République telle que la conçoivent les républicains. Gambetta avait alors prononcé un discours afin de protester contre la création d'une seconde assemblée. Il estime que le Sénat s'apparente à la Chambre des pairs monarchique et qu'il s'agit d'une mutilation de la République et de la démocratie. [...]
[...] Il prétend mettre en la France contre un complot juif. De même, le nationalisme prend une proportion considérable lors du Boulangisme qui s'achève en 1889 tandis que l'Affaire Dreyfus prend des proportions également considérables et aboutit en 1898, avec l'article J'accuse de Zola à une division entre dreyfusards et antidreyfusards. Les uns soutiennent le respect des droits de l'homme, la justice tandis que les autres utilisent cette Affaire afin de justifier l'antisémitisme. Or, on peut penser que toutes ces oppositions, ces conflits et les débordements des extrêmes sont le fait des républicains eux-mêmes qui n'ont pas su rester mesurés et qui n'ont fait qu'exacerber de tels sentiments. [...]
[...] Pourtant, ayant tiré les leçons du passé, elle a su s'imposer à force de patience mais aussi de stratégie. La républicanisation, dans une France encore conservative, est apparue tout à fait nécessaire au maintien du régime. La période 1870-1914 est donc marquée par un intérêt croissant des politiques pour les Français, perçus comme citoyens républicains. Ils sont éduqués sur tous les plans, notamment intellectuels et politiques. Cependant, la république va également les conditionner en influençant leur manière de penser, leur pratique culturelle. Ainsi, la républicanisation est la source à long terme de nombreuses passions et de nombreux débordements. [...]
[...] En outre, la républicanisation ne doit pas être perçue uniquement sur le plan politique. Elle implique également des bouleversements sociaux et des valeurs nouvelles qui vont progressivement opérer des transformations considérables au sein de la France. L'avènement de la IIIe République marque également celui du patriotisme. Pour que la République ait une vraie existence, les Français doivent se sentir citoyens républicains. Etymologiquement, le terme patrie signifie terre de nos pères Le patriotisme implique donc que le pouvoir soit au peuple. [...]
[...] En 1886, on se prononce pour la laïcisation du personnel enseignant, alors qu'en 1882 une circulaire avait annoncé le retrait de tous les crucifix présents dans les écoles. Les congrégationistes se voient refuser le droit d'enseigner. L'Eglise supporte très mal cet affront de la République qui poursuit par ces mesures la républicanisation en bouleversant certaines conventions sociales. La laïcisation s'avère finalement tout à fait problématique pour la République elle-même et va donner lieu à de nombreux excès. En effet, les républicains qui affirment la nécessité de promouvoir le sentiment républicain par le patriotisme sont confrontés à l'émergence des extrêmes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture