Peu avant son décès l'éditorialiste du New York Times, Sidney Hyman donnait des Démocrates et des Républicains américains une définition audacieuse : les Démocrates seraient « un vaste groupe de lourdauds de deuxième zone dirigés par un petit groupe d'aristocrate de première classe » alors que les Républicains seraient « un petit groupe d'aristocrates de secondes zone dirigés par un vaste groupe de lourdauds de première classe ». Ainsi les Républicains aux Etats-Unis constituent un groupe politique extrêmement hétérogène particulièrement travaillé par la contradiction lors de ce court vingtième siècle (1917-1989). Avec un électorat relativement homogène, souvent caricaturé par la figure du fermier blanc, protestant du Sud ou du grand industriel du Maine, le Parti Républicain fut en réalité constitué, au XXème siècle d'hommes et d'intérêts très divers : les conservateurs (fiscaux, sociétaux, paléo- et néo-) mais aussi les libertariens et les modérés. Ainsi, l'Amérique entre 1917 et 1989 apparaît a posteriori comme un vaste laboratoire d'essai à l'identité des Républicains. Entre crises, scissions, triomphes y a-t-il donc vraiment eut une Amérique des Républicains de 1917 à 1989 ?
Afin de répondre à cette question nous verrons en quoi la période de 1917 à 1932 constitue pour les Républicains une ère de prospérité où leur identité théorique s'affine, puis nous verrons en second lieu qu' entre 1932 et le 1961 après le séisme démocrate du New Deal et dans un contexte international agité, les Républicains tendent à se modérer en sorte d'être plus représentatifs de l'électorat, enfin nous envisagerons la période de 1960 à 1989 comme une lente marche vers le triomphe conservateur incarné par le président Ronald Reagan.
[...] Le départ des Républicains s'effectua donc sur des critères affectifs et non idéologiques. Néanmoins, les Républicains, hommes de théorie et d'idéologie ratèrent ce qui sera peut-être le grand tournant économique du XXème siècle : le pragmatisme. Moins structurés, (oserons nous rigides les Démocrates surent mieux accueillir les hommes (Roosevelt) et les Idées, (volontarisme, progressisme). Roosevelt par son programme de relance fédéral, d'inspiration keynésienne, acquit une popularité historique puisqu'il fut réélu trois fois consécutives. L'extrême popularité du New Deal et le traumatisme de la crise de 1929, influencèrent jusqu'aux années 1980 le destin des Républicains aux Etats- Unis. [...]
[...] Le Parti Républicain est à l'image de cette donnée. Il a été une confédération lâche d'intérêts contradictoires, comme le prouve le débat entre modérés et conservateurs qu'unit principalement le désir d'utiliser à des fins politiques locales la campagne présidentielle. En réalité les électeurs démocrates et les électeurs républicains ne manifestent pas entre eux des différences aussi importantes que celles qui séparent les militants des dirigeants des partis. En fait la majorité des votants américains a toujours été proche des positions démocrates, les hommes républicains étant sensiblement plus conservateurs en matière économique et sociale que la plus part de leurs électeurs. [...]
[...] Tout se passait alors comme si l'Amérique des Républicains ne saurait être une autre Amérique que celle de la réussite. Mais déjà les signes de la crise étaient là : l'agriculture connaissait une baisse constante de ses revenus et de sa production ce qui induisit un frein notable au développement de la consommation de masse. Ce frein n'étant pas perçu par les milieux boursiers, se développa une spéculation boursière à la hausse, très irréaliste, source de la crise. Le 24 octobre 1929 la crise éclata, les faillites et les surendettements se multiplièrent. [...]
[...] Cette contradiction joua un rôle non négligeable dans la popularité controversée du sénateur républicain McCarthy et sa croisade contre la subversion communiste au début des années cinquante et dans les attaques que portent les républicains conservateurs aux valeurs prônées alors par l'Establishment de la Côte Est, jugée cosmopolite et strictement urbaine. La face du Parti Républicain changea alors. Mené par une poignée d'ex communistes repentis, passés maîtres dans les tactiques d'organisations de cadres d'inspiration marxiste-léniniste, la New Right était déterminée à engager le Parti Républicain dans une croisade mondiale contre le communisme, et ainsi à rompre l'isolationnisme. [...]
[...] Afin de répondre à cette question nous verrons en quoi la période de 1917 à 1932 constitue pour les Républicains une ère de prospérité où leur identité théorique s'affine, puis nous verrons en second lieu qu' entre 1932 et le 1961 après le séisme démocrate du New Deal et dans un contexte international agité, les Républicains tendent à se modérer en sorte d'être plus représentatifs de l'électorat, enfin nous envisagerons la période de 1960 à 1989 comme une lente marche vers le triomphe conservateur incarné par le président Ronald Reagan. Profitant du profond malaise de l'après guerre, les Républicains inaugurèrent en 1920 une long ère de prospérité. Une longue période durant laquelle trois présidents républicains se succédèrent, une longue période propice à définir ou redéfinir et surtout à appliquer la conception républicaine de l'Amérique. La division des républicains aux élections de 1913 entraîna la victoire inédite d'un démocrate : Wilson. [...]
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