« Les yeux bleus de la révolution brillent d'une cruauté nécessaire ». Stéphane
Courtois reprend, dans Le livre noir du communisme, cette métaphore de Louis Aragon.
Publié en 1997, le Livre noir a ouvert un cycle historiographique qui semble se refermer
aujourd'hui. L'histoire soviétique est une histoire saturée de polémiques, marquée du signe du
mensonge, de la falsification et du secret, une histoire qui pose le problème de ses sources.
L'ouverture des archives au début des années 1990 a d'abord provoqué la publication massive
de documents, sans même parfois que soit connue l'histoire des institutions qui les avaient
produites. Puis se sont mis en place des processus plus lents de connaissance des archives,
archives à l'ouverture, à l'accès et aux contenus inégaux. Pendant longtemps, la mémoire et le
témoignage avaient été presque l'unique source de l'historien, source à la fois essentielle et
contestée, car posant le double problème de sa réception et de la capacité à transmettre. A
partir de la perestroïka, on a vu exploser le nombre de publications par les victimes,
publications quasi brutes. Mais l'effondrement du régime et l'ouverture des archives a surtout
donné naissance, après l'ère du soupçon et celle du témoin, à l'ère de l'histoire. L'histoire de
la répression politique peu à peu se normalise, même si le problème des archives et celui des
liens entre les communautés académiques russes et occidentales restent vivaces. Le cycle
historiographique ouvert avec l'ouvrage de Courtois permet ainsi de se pencher sur trois types
de questionnement : celui de la périodisation (quelle est la réalité de la rupture de 1917 par
rapport au passé russe ?, quelle est l'efficacité de la périodisation stalinienne ?), celui des
nouvelles problématiques (connaissance du système répressif, réflexion sur la notion de droit
dans un régime communiste répressif, développement de la micro-histoire à travers les études
de cas) et celui de la comparaison de la Russie avec d'autres systèmes répressifs (au-delà de la
comparaison avec le nazisme, « bonne vieille fable des bonnes intentions » pour reprendre le
mot de Courtois, interrogations sur l'importation du système répressif soviétique en Europe
centrale et orientale après 1945). Toute une histoire académique a pu commencer à s'écrire,
dont on peut interroger les sources et les méthodes, mais également les lieux de travail.
Comment et pourquoi une nouvelle histoire de la répression politique russe et soviétique s'estelle
développer au tournant des XXe et XXIe siècles ?
La question de l'accès aux archives reste essentielle aussi bien en Russie que dans les
démocraties populaires et les ex-républiques soviétiques. Leur utilisation efficace amène
d'ailleurs à s'interroger sur leur constitution. La lecture et l'analyse de ces archives ouvrent la
voie à une recherche sur les mécanismes de fonctionnement des systèmes répressifs. Elles
permettent également de réfléchir sur l'importation du modèle stalinien et les mutations qu'il
a pu connaître en Europe centrale et orientale.
[...] La répression politique russe et soviétique fin XIXè XXè siècle La répression politique russe et soviétique fin XIXe XXe siècle Les yeux bleus de la révolution brillent d'une cruauté nécessaire Stéphane Courtois reprend, dans Le livre noir du communisme, cette métaphore de Louis Aragon. Publié en 1997, le Livre noir a ouvert un cycle historiographique qui semble se refermer aujourd'hui. L'histoire soviétique est une histoire saturée de polémiques, marquée du signe du mensonge, de la falsification et du secret, une histoire qui pose le problème de ses sources. [...]
[...] Comment et pourquoi une nouvelle histoire de la répression politique russe et soviétique s'estelle développer au tournant des XXe et XXIe siècles ? La question de l'accès aux archives reste essentielle aussi bien en Russie que dans les démocraties populaires et les ex-républiques soviétiques. Leur utilisation efficace amène d'ailleurs à s'interroger sur leur constitution. La lecture et l'analyse de ces archives ouvrent la voie à une recherche sur les mécanismes de fonctionnement des systèmes répressifs. Elles permettent également de réfléchir sur l'importation du modèle stalinien et les mutations qu'il a pu connaître en Europe centrale et orientale. [...]
[...] Se pose également le problème de la mise en conformité des archives de la Stebe avec l'archivistique moderne, mais aussi celui des divisions entre les acteurs de la recherche, notamment entre l'Institut d'histoire contemporaine et le Bureau pour la documentation et l'enquête sur les crimes du communisme, bureau à la double vocation scientifique et policière. En Roumanie, on observe un renouveau de la production historiographique dès 1989 mais les lois en matière d'ouverture des archives sont adoptées tardivement. Trois centres d'archives, tous trois situés à Bucarest, existent : les archives du service de renseignement intérieur, les archives L'ouverture par la Pologne des archives du Pacte de Varsovie en novembre 2005 apparaît comme un temps fort pour l'accès aux archives : plus de des dossiers demeurés en Pologne sont désormais officiellement accessibles au public. [...]
[...] La mémoire de la répression et de la résistance est au cœur de l'identité collective tchétchène. Cette mémoire est transmise principalement oralement dans le cadre familial avec, jusque dans les années 1980, le sentiment d'être dans l'interdit, la clandestinité. Pour cette mémoire, qui s'est développée parallèlement à l'histoire officielle des relations russo-tchétchènes, l'être tchétchène s'est construit, de la colonisation aux guerres actuelles, dans la résistance à l'extermination. Ainsi, les répressions d'aujourd'hui sont vues comme les répétitions des répressions d'hier, avec une continuité fondamentale entre la Russie et l'URSS. [...]
[...] Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le camp soviétique était un objet de publicité. Les Solovki ont été l'objet d'un film éponyme, vantant les résultats de l'éducation soviétique, d'articles dans la Pravda mais aussi d'une pièce de théâtre, L'Aristocrate. Cette déformation publicitaire pose le problème de la mémoire des camps. Des membres du parti national-socialiste allemand ont certes visité le camp modèle des Solovki mais leurs témoignages, leur dénonciation du système, seront disqualifiés en Occident à partir de 1945 et pendant des décennies. [...]
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