Le lundi 17 octobre, le quotidien Libération titrait : « Passé colonial : La bataille de la mémoire ». Dans un contexte de controverses, la loi du 23 février 2005 visant à souligner dans les manuels d'histoire le « rôle positif » de la France pendant la colonisation suscitait la fronde de certains enseignants, historiens en première ligne. On pouvait alors s'interroger sur les raisons d'une telle polémique. Quelles erreurs sont à l'origine d'un tel désaccord entre le corps enseignant et son ministère? Pourquoi une bataille de la mémoire? Cette question peut nous pousser à étudier de plus près les différentes interprétations de cette époque. Cette loi est elle une manière de masquer un comportement qui aujourd'hui n'est plus accepté dans notre société multiculturelle? Peut-on considérer comme positif l'importation de valeurs d'une société à une autre? Au travers d'œuvres littéraires et de sources iconographiques, nous étudierons comment l'étranger était perçu, puis ce que le colon a pu tirer de cette rencontre, ainsi que ce qu'il a apporté à son hôte, comme le supposeraient les coutumes d'un échange culturel.
[...] De plus, vieille est teinté de mépris vis-à-vis de leur stade d'évolution technique. Les Congolais parlent ici un très mauvais français, tandis que les deux singes ci-dessous semblent s'exprimer parfaitement, et ceci ramène les autochtones à un rang inférieur à celui de ces animaux. Nous pouvons également percevoir la tentative de diffuser une opinion réductrice des cultures des peuples colonisés pendant l'exposition coloniale de 1931 à Paris, dans laquelle les différentes colonies étaient parquées dans un enclos respectif et exposées au regard intrigué des Français. [...]
[...] La fonction de Tintin ne varie pas en fonction des époques. Tintin est un instructeur, il enseigne aux enfants congolais. Cependant c'est le fond de son discours et de sa leçon qui a changé, en fonction du degré d'acceptabilité du propos au fil du temps, mais aussi en fonction du processus de décolonisation qui a rendu son indépendance au Zaïre, anciennement République Démocratique du Congo. La première plage ressemble étrangement et étroitement à une couverture de La France d'outre- mer illustrée, un atlas colonial de 1931 (cf. [...]
[...] Ce sont des symboles de sa maturité féminine, qui semblent avoir été représentés à la manière dont étaient présentées les vénus, symboles divins de la fécondité. Ce tableau est également une référence au Supplément au Voyage de Bougainville dans lequel Diderot lie étroitement la sexualité à la procréation, et dans lequel on explique les étapes de la maturité féminine au travers des tenues vestimentaires. La sacralisation de l'étranger démontre le besoin d'attribuer des codes à un comportement inconnu. Ceci est également révélateur d'une certaine crainte, que le colon tentera vite de rationaliser. [...]
[...] Ces erreurs se portent également sur les femmes étrangères. Nous pouvons à cet effet citer Cannibale dans lequel les canaques sont présentés comme un peuple anthropophage et polygame, ce qui constitue une offense sévère aux coutumes de leur contrée, comme l'exprime Gocéné une fois évadé de l'enclos dans lequel s'entassent ses confrères : Tout le monde nous présente comme des cannibales, les enfants nous jettent des cacahuètes, on prétend que nous vivons avec plusieurs femmes alors que nous sommes tous de fervents catholiques Tu as bien vu que nos compagnes étaient obligées d'exhiber leurs seins, alors que chez nous elles gardent leur robe missionnaire même pour se baigner On note ici une volonté de la part des colons français de présenter les cultures sous une forme de spectacle, afin de faire réagir un public par la sensation, en dénudant des femmes par exemple, ce qui constitue un mépris de cette culture en dépit de l'effort d'intégration de ces peuples, qui se déclarent même catholiques. [...]
[...] Il contraste avec l'attitude du colon qui part du principe de sa supériorité naturelle pour conquérir d'autres horizons. Il fera de l'étranger un homme sauvage à civiliser, ce que nous verrons ensuite, mais aussi un être guilleret et simple, représenté de façon caricaturale et considéré avec mépris ou dérision Carrière J-C., La Controverse de Valladolid, Pocket p Diderot D., Supplément au Voyage de Bougainville, Pocket Collection Pocket Classiques, p63. On peut par exemple se rappeler les premières publicités pour Banania, dans lesquelles était souvent représenté un nègre souriant, aux grands yeux et grosses lèvres, vêtu du couvre-chef de la colonisation, ainsi que du slogan simpliste qui l'accompagnait, sur des affiches aux couleurs primaires et aux traits grossiers. [...]
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