« Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof ». Il s'agit là d'un extrait du premier amendement à la Constitution des États-unis qui établit clairement la séparation du religieux et du politique, et qui garantit la liberté de chacun de pratiquer librement sa religion. Cet amendement est surprenant au vu de l'imprégnation religieuse liée à la fondation même de la nation américaine. En effet, l'histoire de la colonisation du « Nouveau Monde » nous apprend que l'Amérique s'est bâtie en tant que Terre promise. Son origine se confond avec l'image des Pères pèlerins congrégationalistes qui s'établirent à Plymouth Rock en 1620, ou encore avec celle des puritains bostoniens qui souhaitaient fonder sur cette nouvelle contrée la « Cité sur la colline » que l'on retrouve dans la Bible, censée racheter la corruption du vieux monde. Au XX° siècle, la nation américaine est forte de cet héritage là. En 1917, qui annonce une stabilisation des obédiences, comme en 1988, qui marque un certain renouveau de la foi, les Etats-Unis ont conservé leurs singularités en matière religieuse.
Comment les Américains appréhendent-ils la religion au XX° siècle, qui est le siècle de tous les dangers pour la foi, en raison du modernisme qui l'accompagne ?
[...] L'empreinte religieuse se retrouve parfois dans le mode de vie. C'est le cas des Amish, qui vivent dans la dévotion la plus pure au divin en vivant comme leurs ancêtres de Pennsylvanie, bien qu'ils se soient établis dans l'Utah. En plus de rythmer la vie des Américains individuellement, la religion rythme la vie du pays. En 1954 et sous l‘impulsion du Président Eisenhower, le Congrès introduit la formule One Nation under God dans le serment d'allégeance Pledge of Allegiance Une autre intrusion significative du religieux dans le temporel et même dans le matériel réside dans l'allusion à Dieu sur la monnaie. [...]
[...] Toutes les obédiences, tous les styles architecturaux, toutes les orientations politiques sont représentés dans le bâti religieux. Il y a plus d'un édifice religieux pour mille habitants, ce qui constitue un record mondial en la matière. Ainsi les banlieues sont-elles peuplées de clochers néogothiques, de flèches dites Nouvelle-Angleterre mais aussi de structures très modernes, de plus en plus électrifiées au cours du siècle. Sur les trottoirs, il n'est pas rare de croiser un démarcheur qui tente de rallier à son obédience les passants. [...]
[...] Parmi eux, les Juifs forment une minorité dont le nombre approche les six millions et se divisent en orthodoxes, conservateurs, libéraux, quand ils ne sont pas tout simplement peu ou pas du tout pratiquants. Soit leur implantation aux Etats-Unis est ancienne, soit elle relève du contexte international. En effet, les nombreuses persécutions qui ont affecté les judéo-chrétiens au siècle ont drainé des flux de population importants, surtout dans la période trouble du nazisme en Allemagne. Pour les Musulmans, nous n'avons accès à aucune certitude en terme de chiffre. [...]
[...] Cette vision antithétique de l'Amérique en ce qui concerne les comportements religieux est un excellent repère pour se rendre compte de la dualité d'une nation qui avance dans la contradiction et se nourrit des différentes influences pour créer son homogénéité. Le siècle a été riche de ce cheminement parallèle de deux Amérique, avec les discordes qui ont pu voir le jour et qui ont façonné l'Amérique d'aujourd'hui. La preuve que le pays avance d'un point de vue religieux est qu'actuellement, la question du serment prêté la main sur la Bible est discutée dans le pays. [...]
[...] C'est ce que nous révèle le théologien contemporain Reinhold Niebuhr, pour qui le siècle a vu la religiosité prendre le pas sur la religion. En effet, la religion est devenue un commerce d'une certaine manière. Elle a une empreinte sur la société parce qu'elle a su s'adapter à une logique de marché, contrainte et forcée par la prolifération des sectes et des cultes en tous genres, pour lesquels l'argent est plus important que la foi pure. Entre 1917 et 1988, la religion a su garder le monopole des âmes par des moyens parfois artificiels. [...]
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