« L'histoire des relations germano-russes est plus passionnante que tous les romans », écrit Sebastian Haffner dans un ouvrage réédité récemment. Lorsqu'on évoque les relations germano-soviétiques dans la décennie précédant la Seconde Guerre mondiale, il vient immédiatement à l'esprit un événement : le pacte de non-agression du 23 août 1939.
Il est toutefois possible de faire remonter les relations entre les deux pays à une date bien antérieure. De façon schématique, on peut en effet dire qu'elles s'établissent dès 1917, avec l'influence considérable qu'exerce l'Allemagne lors de la révolution bolchevique, et se poursuivent quelques mois plus tard avec les clauses territoriales, dramatiques pour la Russie, du traité de Brest-Litovsk. Ces relations continuent, dans une logique inverse, lors de la révolution spartakiste manquée en 1919 avec une importante influence soviétique. Surtout, l'alliance après Versailles, de deux pays exclus du nouveau système européen, avec la signature en 1922 du traité de reconnaissance mutuelle à Rapallo, va marquer le début d'une coopération militaire d'une décennie.
Pour aborder la période étudiée, il convient au préalable de casser deux lieux communs : d'abord, les relations ne se sont pas détériorées juste après l'arrivée d'Hitler, mais dès avant la fin de Weimar. Ensuite et surtout, ces relations ne se sont pas interrompues après 1933 : elles ont continué, de façon discontinue certes mais n'ont jamais été tout à fait nulles.
D'où ma problématique : dans un contexte de relations mouvementées, faisant alterner franche coopération et profondes divergences d'intérêts, existe-t-il une logique de long terme, contribuant à expliquer l'accord Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939, véritable « pacte avec le diable » (Sebastian Haffner)
L'exposé aura pour limites la décennie s'étendant de 1929, début de l'agonie de Weimar, à 1939, signature du pacte de non-agression.
[...] Pour rompre un tel front menaçant, il doit alors pencher soit vers l'Allemagne soit vers l'Occident. Staline va d'abord choisir l'Allemagne à l'égard de laquelle il entretient une défiance moins forte et en raison du sentiment d'incapacité que dégagent la France et le Royaume-Uni. Le 22 décembre 1938 marque la reprise des pourparlers commerciaux avec l'Allemagne. L'intérêt de Staline pour une reprise des pourparlers politiques et militaires avec Berlin est évoqué en janvier 1939 dans un journal anglais puis dans son discours au 18e Congrès du PCUS en mars 1939 où il prévient que l'URSS ne tirera pas les marrons du feu pour autrui Mais c'est la question polonaise qui va véritablement cristalliser les passions. [...]
[...] Du côté soviétique, Staline commence à comprendre la force et le danger grandissant pour son pays des revendications allemandes. La coopération militaire est interrompue fin 1933. Peu à peu, on s'oriente vers une rupture totale. Le 19 décembre 1933, après qu'Hitler a officialisé le réarmement allemand (il a quitté la conférence de Genève depuis peu), Staline annonce l'orientation soviétique vers la sécurité collective. Il s'agit des prémices d'un rapprochement avec l'Occident. B. À la recherche de nouvelles alliances et stratégies L'URSS se rapproche de l'Occident. [...]
[...] Transition : De fin 1935 à mi 1936, les tensions sont à leur apogée, les discours extrêmement virulents de part et d'autre (Litvinov : le national- socialisme et le racisme sont les ennemis mortels de tous les prolétaires et de toute civilisation et une reprise des relations semble exclue à tous points de vue. Pourtant, la situation va évoluer très différemment des principales prospectives. II- 1936 1939 : des relations confuses et circonstancielles A. Un timide rapprochement Les relations diplomatiques ont en fait été renouées assez tôt . [...]
[...] Mais pour le mettre en œuvre, Hitler pèse les risques géopolitiques d'une invasion de la Pologne. Il ne peut pas l'attaquer comme ça : pour des raisons militaires et surtout par le risque de réaction internationale (la léthargie munichoise n'étant pas infinie). Pour ne pas entraîner de crise généralisée, le seul moyen que possède Hitler est d'isoler la Pologne. Cela ne peut se faire qu'avec la Russie : si une union est passée, Hitler pense que l'Occident ne réagira pas à une agression concertée. [...]
[...] Les relations politiques vont néanmoins progressivement se couper. Elles avaient jusque-là été maintenues, mais déjà mises à mal dès 1932 alors que l'URSS signait un traité avec la Pologne en juillet, puis avec la France en novembre, doutant du bien-fondé de son alliance avec Weimar. Avec Hitler, ce sont avant tout d'évidentes raisons idéologiques qui expliquent la rupture : l'antibolchevisme très virulent de Mein Kampf, publié en 1925, se traduit notamment par le mépris racial envers les Slaves, considérés comme Untermench. [...]
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