Les relations franco-égyptiennes de la colonisation à la république de Nasser

Thèmes abordés

Colonisation française, Egypte, diplomatie, Empire français, Empire britannique, Napoléon, Champollion, Lesseps, expédition napoléonienne, protectorat britannique, crise de Fachoda, Nasser, canal de Suez, protocole de Sèvre, De Gaulle

Résumé du document

Des conquêtes napoléoniennes débutées en 1798 à la mort du président Nasser en 1970, la France et l'Egypte ont entretenu des relations à la fois économiques, diplomatiques, politiques et culturelles aux dimensions variables. L'influence française en Egypte s'est débord traduite par une passion pour cette dernière. Les savants emmenés par Napoléon, Champollion puis Ferdinand de Lesseps, témoignent d'un intérêt grandissant pour l'Egypte.

L'occupation britannique, qui marque un frein dans l'influence politique de la France en Egypte, n'occultera pas ce mouvement francophile. Néanmoins, l'Egypte est d'abord un espace de rivalités entre l'Empire britannique et l'Empire français. L'expédition napoléonienne de 1798 était davantage un moyen de saper l'autorité britannique et de contrôler la route des Indes plutôt qu'une entreprise coloniale.

Extraits

[...] Dans les années 1830, Mohammed Ali, gouverneur d'Égypte, confie au français Linant de Bellefonds la construction du barrage à la pointe du Delta du Nil. En 1835, le réformateur égyptien Tahtawi fort d'une expérience de cinq ans en France retourne en Égypte pour fonder « l'École des langues » afin d'amorcer le devenir de la société égyptienne selon les réflexions que lui inspire la modernité occidentale. L'influence politique et culturelle française s'accélère sous le Second Empire. Le gouverneur d'Égypte Saïd, francophone et instruit à Paris, autorise la fondation au Caire du premier collège des frères des écoles Chrétiennes en 1854. [...]

[...] Plusieurs manifestations et affrontements sanglants éclatent en 1946 en faveur de l'évacuation britannique. Le gouvernement égyptien soutient ce mouvement en projetant d'abroger les traités avec la Grande- Bretagne en 1951. Cela marque le début de la guérilla contre les forces britanniques dans l'Isthme de Suez. En 1952 éclatent divers conflits contre les troupes anglaises qui ne peuvent empêcher la proclamation de la République égyptienne en 1953 par le général Naguib. Si les relations de la France de l'entre-deux guerre avec l'Égypte sont réelles (visite du roi Fouad à Paris en 1927), elles s'interrompent en 1942 : l'Égypte refuse de traiter avec la France de Vichy. [...]

[...] Enfin, nous étudierons les échanges diplomatiques agités entre la France et la République nassérienne. I. L'influence française en Égypte. A. Conquête et conséquences culturelles. La conquête napoléonienne de l'Égypte qui débute en 1798 et qui prend fin en 1801 lorsque les Français capitulent devant les Anglais. C'est un échec militaire qui permet néanmoins à l'Empire français d'établir son influence politique et culturelle en Égypte. À partir de là, différents instituts français s'établissent avec par exemple le Consulat de France au Caire en 1802. [...]

[...] La France et l'Égypte tissent des liens singuliers dans un contexte de colonisation. Sans avoir cherché à conquérir clairement l'Égypte, la France a usé de son influence pour gêner l'expansion coloniale britannique. C'est sous cette perspective que les relations entre la France s'éclairent. On peut difficilement penser les liens des deux entités en dehors de l'influence britannique qui a longuement relégué la France à un rôle d'observateur. À la suite de la mort de Nasser en 1970, les relations diplomatiques entre la France et l'Égypte continuent de se réactiver avec comme point central la vente de Mirage 2000 à l'Égypte en 1982 et la célébration de deux siècles d'échanges franco-égyptiens en 1997. [...]

[...] Après une série d'ultimatums restés sans effet, la flotte britannique bombarde la ville en juillet 1882, détruisant tout le centre-ville tandis que la flotte française s'éloigne d'Alexandrie. Freycinet qui est la tête du gouvernement à Paris est renversé sur une motion de Clemenceau et n'obtient pas de fond pour intervenir militairement. La France laisse la Grande-Bretagne mâter le mouvement révolutionnaire et nationaliste. Le gouvernement égyptien est maintenu sous la tutelle anglaise et un « protectorat voilé » est mis en place. L'Égypte est laissée à la seule main des Anglais par la France. B. [...]