Les relations franco-allemandes se réchauffent progressivement dès les années 1950 avec le projet Schuman. Mais l'échec du projet CED (Communauté Européenne de Défense) et la préférence donnée à une coopération franco-anglaise sont des obstacles. Toutefois après la crise de Suez en 1956, Paris se détourne de Londres au profit de Bonn et de la construction européenne en 1957.
Le retour au pouvoir du Général de Gaulle est favorable à une relance des relations bilatérales comme en témoignent les visites à Colombey-les-deux-églises et à Bonn en 1962, le Chancelier Adenauer ayant apprécié la fermeté de De Gaulle lors de la crise de Berlin en 1961. C'est donc au cours de l'année 1962 que les deux dirigeants décident un rapprochement par une déclaration commune qui doit se faire l'année suivante.
Nous nous interrogerons ici sur l'évolution de la relation franco-allemande à partir de 1963, année de la signature du Traité de l'Elysée, acte fondateur, et jusqu'à la fin du premier septennat de François Mitterrand, avant la réunification allemande qui modifia le rapport des forces. Comment les deux anciens ennemis sont-ils parvenus à s'entendre et quelle place cette relation particulière a-t-elle occupée dans la politique des deux pays ?
[...] Kiesinger, Kurt Georg (1904-1988) (CDU) chancelier de 1966 à 1969 à la tête d'un gouvernement de Grande Coalition (CDU-SPD) Brandt, Willy (1913-1992) Maire (SPD) de Berlin-Ouest, il est vice- chancelier du gouvernement Kiesinger et devient Chancelier en 1969. Il mène l'Ostpolitik et obtient le Prix Nobel de la Paix (1971). Il démissionne en 1974, son assistant l'espionnait pour la RDA. Schmidt, Helmut (1918) Ministre (SPD) de l'économie de Brandt, il lui succède après le scandale de 1974. Il relance la construction européenne avec VGE mais quitte la chancellerie en 1982 lorsque la coalition FDP-SPD se brise. Kohl, Helmut (1930) Chancelier (CDU) de 1983 à 1998, père de la Réunification allemande. [...]
[...] Il n'y a donc pas eu de coordination des politiques franco- allemandes et la relance profite donc essentiellement aux Allemands. Au sein du gouvernement s'opposent 2 courants : l'un favorable au maintien de cette politique et au retrait des Communautés européennes, l'autre favorable à une politique de rigueur et à un réengagement européen. C'est finalement cette dernière option que choisit le Président Mitterrand le 21 mars 1983 en décidant le maintien du Franc au sein du SME Une véritable et fructueuse entente Ce choix pro-européen permet de relancer les relations franco-allemandes. [...]
[...] Il scelle ainsi la réconciliation franco-allemande. Certes, la signature de part et d'autre, n'est pas sans arrière-pensée puisque pour De Gaulle, il s'agit d'une composante de la politique de grandeur (De Gaulle n'a pu s'appuyer sur ses partenaires européens qui ont rejeté sa vision de l'Europe des Etats énoncée dans le projet de Christian Fouchet), et pour la RFA, d'un moyen de se lier à une puissance politique, mais les espoirs sont élevés. On parle véritablement d'alliance. Toutefois les problèmes commencent dès le 16 mai 1963 avec l'ajout par le Bundestag lors de la ratification, d'un Préambule inspiré par Jean Monnet et soutenu par les Etats-Unis qui réaffirme la coopération atlantique, la défense par l'OTAN et l'ouverture à la Grande-Bretagne. [...]
[...] Mais il convient de souligner un aspect méconnu des relations franco- allemandes : le partenariat sur les relations extérieures. S'il est vrai que depuis 1963 la RFA s'appuyait sur la stature internationale de la France, le couple VGE-Schmidt a cherché à travailler efficacement ensemble sur les dossiers internationaux : dialogue Nord-Sud, Euromissiles (avec le sommet de la Guadeloupe entre France-RFA-USA-GB), relations avec Moscou avec une déclaration commune sur l'Afghanistan, création du G7 à Rambouillet en 1975 Les journaux ont cherché à démonter cette collaboration en faisant craindre l'hégémonie française en Allemagne, la dérive allemande en France et en insistant sur la rivalité dans les contacts avec l'Est. [...]
[...] Conclusion Les rapports franco-allemands se sont clairement approfondis depuis 1963. Les débuts se sont faits par de grandes promesses bien vite déçues, du fait de la personnalité des dirigeants (que ce soit la vision du Général de Gaulle ou les difficiles relations entre Pompidou et Brandt) et des intérêts divergents entre une France toujours en quête de grandeur, et une Allemagne désireuse de se voir réintégrer dans le concert des nations. Néanmoins à partir des années 1970, la coopération se fait certes moins ambitieuse, mais plus chaleureuse et plus fructueuse, devenant le véritable moteur de l'Europe. [...]
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