Prise de conscience chez certains que, d'une part l'idée de sécurité collective énoncée par Briand n'est plus valable, d'autre part l'armée française, réputée 'meilleure armée du monde', n'est plus apte à remplir sa mission de protection de la France. Nous allons voir comment ce texte rend compte d'un certain réalisme sur la question de la réforme militaire face au danger de l'Allemagne nazie, à travers tout d'abord les raisons d'une réforme, puis les résistances et enfin le projet de Paul Reynaud
[...] Il convient donc de voir que la politique allemande en 1935 est le déterminant de la réforme de l'armée et du débat parlementaire qu'elle entraîne en France. Aussi nous allons donc voir comment ce texte rend compte d'un certain réalisme sur la question de la réforme militaire face au danger de l'Allemagne nazie, à travers tout d'abord les raisons d'une réforme, puis les résistances et enfin le projet de Paul Reynaud. I. Les raisons d'une réforme. Les causes de la réforme tournent autour de la peur de l'Allemagne, c'est l'Allemagne qui est toujours perçue comme l'ennemie potentielle. [...]
[...] Le point important du discours tient à la perception réaliste, et à la condamnation du retard français en matière de stratégie. C'est une prise de conscience tout à fait clairvoyante du problème français, de la disharmonie entre une armée statique et les prétentions d'une diplomatie qui abandonne la sécurité collective. Cette disharmonie éclate au grand jour, lors de la remilitarisation de la Rhénanie un an plus tard mars 1936) : la France présente l'apparence de la fermeté, mais ne peut agir. [...]
[...] Ainsi en même temps qu'un plaidoyer pour le réarmement, l'intervention de Reynaud montre également les résistances à une réforme profonde du système militaire. Toutes ces résistances tournent autour du pacifisme. Mais dans le discours de Reynaud tout tourne autour de la Chambre des députés, qu'il rend responsable de l'avenir de la sécurité du territoire, en affirmant l'autorité du politique sur le militaire, en prouvant l'ineptie de la sécurité collective en 1935, et en l'accusant implicitement de se conformer aux volontés de l'opinion. [...]
[...] La place de l'arme aérienne n'apparaît sans doute pas fondamentale dans un éventuel conflit. Et puis Reynaud vient supposer le rétablissement du service militaire allemand, qui violerait également le traité de Versailles : L 138 : "Et je ne serais pas surpris que l'Allemagne répondît à notre séance d'aujourd'hui en nous signifiant qu'elle aussi a constitué une armée de service obligatoire." Ou bien selon le rapport du colonel Fabry, expert en question militaire comme le montre ses nombreuses commissions relatives à l'armée, à la ligne 150 : L 150 : "Derrière l'armée de choc, il y aura une armée en profondeur pour faire des opérations d'exploitation." Et en fait Reynaud a été clairvoyant puisque le rétablissement du service militaire allemand est décidé avec les lois de mars et mai 1935, en même temps que le passage à un service de deux ans en France. [...]
[...] En effet le vague dans lequel Reynaud énonce sa réforme, qui reste assez floue, fait douter de ses compétences militaires, ainsi que son erreur d'appréciation sur l'armée de l'air, erreur d'ailleurs que certains militaires ont reproché à de Gaulle dans son ouvrage Vers l'armée de métier, paru en 1934, dans lequel l'aviation est largement passé sous silence. De plus on sait que de Gaulle s'est rapproché justement de Paul Reynaud pour faire passer ses idées. Ainsi l'idée véhiculée dans le texte d'un corps motorisé spécialisé renvoie directement à l'idée de de Gaulle, de mettre sur pieds 7 divisions blindées comptant au total professionnels. [...]
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