« Des armes ! » crie Barère à la Convention le 23 août 1793. Cet appel est consécutif à la levée en masse, décrétée le même jour, et qui a pour objectif de gonfler les rangs de l'armée française de 500 000 hommes supplémentaires. Autant de personnes à nourrir, à équiper, et à armer. Barère explique donc que « ce n'est pas assez d'avoir des hommes… Des armes, des armes et des subsistances ! C'est le cri du besoin. » La France est en guerre et a besoin de ressources humaines considérables pour affronter l'Europe coalisée. Mais la levée en masse ne sera profitable que si l'on fait, parallèlement, l'effort nécessaire pour pourvoir les nouvelles recrues en armes. Ainsi la Convention, ce même 23 août, charge le Comité de Salut Public, organe exécutif, d'établir une fabrication extraordinaire d'armes dont la pièce maîtresse sera la nouvelle manufacture de Paris, et lui confère pour cela un large pouvoir.
Parmi les douze membres du Comité, qui ont chacun une spécialisation, Carnot dirige les affaires militaires alors que son ami Prieur de la Côte d'Or a en charge l'armement. Lazare Carnot, âgé de 40 ans, est un homme de science, issu du corps des ingénieurs. Il a été député de la Législative puis de la Convention et intègre le Comité en cet été 1793. Il est à l'origine de la levée en masse et signe, souvent avec Barère, les arrêtés concernant la sidérurgie. Quelques semaines après ces décrets, en novembre, le 13 brumaire, il présente à la Convention ce Rapport sur la manufacture extraordinaire d'armes établie à Paris. Il y présente les orientations prises par le Comité pour appliquer la mission dont la Convention l'a chargé. C'est donc l'exposé des moyens entrepris au service de cette politique, de l'état d'avancement des travaux engagés et l'annonce des premiers résultats obtenus. Il évoque d'abord les réquisitions, de fabriques et de matières premières (l.1 à 19), poursuit sur le développement de la sidérurgie et en particulier de l'acier (l.20 à 35), avant de présenter les ateliers et leur établissement (l.36-45), les besoins en fer et les forges choisies pour y subvenir (l.46-60). Il se penche ensuite plus précisément sur l'activité de la manufacture, sur la répartition des tâches (l.60-87), mentionne le cas des huit ouvriers à Charleville (l.87-98) et enfin souligne la participation de tous les savants et artistes (l.98-111).
Une véritable mobilisation industrielle a été décrétée, qui a pour but de fournir un nombre colossal d'armes à feu, en redressant les moyens de production existants et en créant de nouveaux. L'Etat, par l'intermédiaire du Comité, place au centre des priorités le secteur économique et industriel de la fabrication des armes et de son complément, la sidérurgie. Cet effort des instances dirigeantes doit trouver un écho dans la population, et pour cela être présenté comme une action républicaine ayant pour but supérieur l'intérêt de la nation.
Quels sont les moyens économiques, techniques et idéologiques employés à la mise en œuvre d'une telle entreprise, qui a vocation à être extraordinaire, tant dans sa nature que dans les objectifs qu'elle doit atteindre ?
On procèdera selon un plan en trois parties, la première à propos de la politique économique et sidérurgique, la deuxième de la manufacture et de ses composantes, lieux et personnes, enfin la troisième du discours visant à la fois à promouvoir cette politique et à la légitimer.
[...] Mais il ne faut pas en faire un discours neutre, étranger au contexte, à la nature de l'auteur, des députés destinataires. Il est imprégné de politique, voire d'idéologie, s'inscrit dans une période agitée, riche en événements et présente donc un regard parfois volontairement biaisé, un vision orientée des faits, ainsi que des images caractéristiques du discours de la Révolution et de la République. Dans ce rapport, le principal aspect en est la rhétorique révolutionnaire de la régénération par le travail. Celui-ci est glorifié, exalté, il est sain et plein de vertus. [...]
[...] Il se penche ensuite plus précisément sur l'activité de la manufacture, sur la répartition des tâches (l.60-87), mentionne le cas des huit ouvriers à Charleville (l.87-98) et enfin souligne la participation de tous les savants et artistes (l.98-111). Une véritable mobilisation industrielle a été décrétée, qui a pour but de fournir un nombre colossal d'armes à feu, en redressant les moyens de production existants et en créant de nouveaux. L'Etat, par l'intermédiaire du Comité, place au centre des priorités le secteur économique et industriel de la fabrication des armes et de son complément, la sidérurgie. [...]
[...] Cela contredit un peu le viennent de nous affranchir de cet espèce de tribut qui se trouve un peu plus haut (l.29-30). Il semble qu'il anticipe sur le déroulement des faits d'une part, sur leur succès d'autre part. Car il est illusoire qu'une telle brochure, de 34 pages et 5 planches, puisse permettre à tous d'accéder à une industrie de pointe comme celle de l'acier. De plus, on note dans les années suivantes des achats d'acier à l'Allemagne, qui portent atteinte à l'autarcie prétendument obtenue. [...]
[...] Economie dirigée et indépendance sidérurgique 1. User des moyens économiques nécessaires 2. Obtenir l'indépendance sidérurgique 3. Réquisitionner pour répondre à l'urgence II. La manufacture, conjonction des forces matérielles et humaines 1. Faire de la capitale une gigantesque manufacture 2. Mobiliser le corps des ouvriers 3. Profiter des lumières des artistes III. Une politique dictée par l'intérêt de la Nation 1. [...]
[...] Cette réquisition, qui touche aussi certaines usines comme on l'a vu, est une entreprise massive de collecte des fers en circulation. Les commissaires aux accaparements des sections de Paris [sont chargés] de retenir pour le compte de la République, tous les fers propres à la fabrication des armes (l.8-11). On ordonne également que les fers inutiles qui se trouvent dans les bâtiments nationaux soient transférés dans des magasins où l'on fait le triage de ceux qui sont propres à la fabrication ; le reste doit être vendu au profit de la République (l.15-19). [...]
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