Good Morning England, le film aux plus de 800 000 entrées a permis d'attiser l'intérêt de la population au sujet des radios pirates au coeur des années 60. Mais quelle en est la véritable histoire ?
« Porté par le succès de la TSF, un professeur de Pittsburgh, Reginald Fressenden, réalise son rêve d'enfant le 24 décembre 1906 : diffuser un message vocal sans fil ni câble. La voix est ouverte… » - Karen Jégo, Historia Spécial, novembre-décembre 2013, c'est le début de la radio.
Depuis cette époque, de nombreuses évolutions ont eu lieu, notamment en matière de technique pour les postes. De plus, les nations, conscientes des capacités de diffusion de la radio, ont rapidement tenté d'avoir un contrôle absolu sur les radios et leurs émissions, à l'image de l'Allemagne, qui dès 1933 exerce un contrôle strict sur le matériel lui-même. La radiodiffusion est alors sous le contrôle totale des nations, et au cours de la Seconde Guerre Mondiale, nous pouvons constater que celle-ci devient un véritable organe de pouvoir, de communication et de propagande politique. Même si la BBC semble plus ouverte, notamment avec l'accès donné aux français de la France Libre à leur antenne, les émissions sont
extrêmement contrôlées et peu de libertés sont laissées aux hommes derrière les microphones.
Après la Seconde Guerre mondiale en 1945, le monopole d'Etat sur la radio est conservé ou réinstauré dans (la plupart des) pays européens.
[...] Revendiquant leur liberté d'expression, ces radios clandestines s'ancrent dans le contexte des années 1968 et celui de la révolution culturelle Elles représentent un vecteur de diffusion culturelle, mais aussi politique, en s'opposant aux Etats qui rivalisent d'ingéniosité pour tenter de les faire taire. Les radios pirates connaissent leur essor et leur apogée au cours des décennies 60-70, connaissant un grand succès chez les citoyens, presque un britannique sur deux écoutent quotidiennement une radio pirate. Les radios clandestines ont une vocation de divertissement, mais sont avant tout des radios commerciales qui tirent leurs ressources de fonctionnement des publicités. Pour de multiples raisons, les Etats commencent progressivement à donner à quelques radios libres une fréquence qui leur permet de diffuser légalement. [...]
[...] Fort de ce succès imminent, la radio devient une station offshore au bout de trois mois, diffusant de la publicité commerciale. Son auditoire ne fait que croître et atteint 18 millions d'auditeurs, impliquant l'ancrage en mer du nord d'un second bateau pour compléter la couverture de la station. Cette concurrence à la radio d'Etat commence à agacer le gouvernement britannique, mais puisse qu'elle émet depuis les eaux internationales, elle ne dépend pas de la juridiction britannique. Se déclenche alors une véritable lutte pour continuer à diffuser pour les radios pirates et pour empêcher cette diffusion du côté du gouvernement qui imagine tous les moyens possibles pour faire taire Radio Caroline. [...]
[...] On se défonce ans et par la radio c'est ainsi que Georges Lapassade décrit l'influence des radios pirates sur les jeunes. En effet, suivant l'exemple de Radio Caroline qui a arrosé de musique jazz, puis pop toute l'Europe du Nord, de nombreuses radios voulant briser le monopole d'Etat s'intéresse à tous les censurés pour les diffuser, s'ancrant dans la révolution culturelle des années 60 qui sécoue l'Europe. Pour reprendre l'exemple de la Grande-Bretagne : en 1966, c'est l'apogée du rock'n'roll anglais, pourtant, moins de 45 minutes de musique par jour de musique pop est diffusée par la BBC. [...]
[...] Cette libéralisation des radios pirates est très lente et surtout, il semblerait, plutôt arbitraire. La liberté tant attendue marque aussi, pour certaines radios clandestines, n'obtenant pas de fréquence ou en étant obligée de fusionner avec d'autres radios, leur fin. [...]
[...] A l'exemple de Radio Caroline, qui pendant plus de trois décennies se sera battue contre les autorités, et de la Grande-Bretagne, qui pour garder son contrôle et son monopole sur la radiodiffusion rivalise d'ingéniosité, de nombreuses radios pirates se confrontent aux autorités, s'opposant à leur monopole, et de nombreux pays européens tentent de légiférer afin de faire taire les disque-jockey clandestins (pour donner d'autres exemples, en France, en 1978, la DST Direction de la Surveillance du Territoire arrête onze personnes accusées de piratage radiophonique, la loi Lecat confirme le monopole d'Etat et durcit les peines encourues par les contrevenants) Cependant, toutes les radios pirates n'avaient pas les mêmes ambitions : si Radio Caroline se voulait le symbole d'une lutte contre ce qu'elle considérait comme une législation répressive et celui de la contre-culture des années 60, sa compatriote Radio London, voulait forcer le respect, acquérir du prestige et simplement être reconnu par le système de radiodiffusion existant et souhaitant légaliser en Grande-Bretagne un système radiophonique commercial. Ainsi, les radios pirates deviennent un fort vecteur de diffusion politique et culturel. B. [...]
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