En 1814, la France est avant tout un grand pays agricole peu dynamique et sa population est à 80% rurale. Les paysans sont alors les hommes de la campagne qui s'opposent aux urbains de la ville. La France du XIXe siècle est à plus d'un titre une société en constante révolution et le monde rural français avec ses multiples identités subit, tout au long du XIXe siècle, une véritable révolution politique, sociale et économique. L'image qui nous est offerte des sociétés rurales bouleversées est complexe et ambivalente, faite tout à la fois de traditions vivaces et de modernité apparente. Longtemps péjoratif, le mot paysan le terme est bientôt remplacé, dans les milieux éclairés, par celui, plus « moderne », d'agriculteur. Pourtant, avec le développement de l'agrarisme et l'exaltation du travail de la terre, le vocable de paysan demeure un titre revendiqué par les hommes de la IIIe République, toujours soucieux de rappeler leurs origines terriennes.
En quoi les paysans en France sont-ils définitivement entrés dans une modernité économique, sociale et surtout politique au XIXe siècle ?
Nous verrons tout d'abord des mutations timides et progressives de 1815 à 1870 avant d'analyser leur intégration nationale définitive de 1870 à 1914 puis nous examinerons leur ancrage définitif aux idéaux de la République.
[...] Les élections suivantes vont montrer l'importance du vote des paysans, qui constituent la majorité de la population française. Ainsi, l'élection de l'Assemblée Nationale Constituante consacre certes les Républicains modérés issus le plus souvent de la bourgeoisie rurale mais qui sont aussi antisocialiste par soutien de l'ordre de peur des partageux La démocratie spontanée n'est qu'un phénomène révolutionnaire plutôt urbain. Ces résultats démontrent ainsi que les paysans encore novices en politique restent sous l'influence des notables et des grands propriétaires. Il faut séduire les paysans pour s'approprier leurs suffrages. [...]
[...] Ils instituent ainsi en 1875 un Sénat, devenu une véritable assemblée des ruraux par la force des choses. Néanmoins, il existe des campagnes à hiérarchie acceptée comme dans le Bocage vendéen, difficilement pénétré par les idées de la République et constituant pendant encore longtemps un des derniers foyers de résistance du royalisme, ou contestées avec la domination des grands propriétaires, dans l'Allier ou le sud-ouest aquitain. Néanmoins, la mythologie républicaine prend son essor. Les mairies et les écoles communales fondent la présence de la République même dans les parties les plus reculées et les plus rurales du pays. [...]
[...] Cependant, même si les progrès globaux sont indiscutables, la vie à la campagne exclue toujours toute forme de confort. L'eau courante n'existe pas. De plus, les régions les plus intégrées à l'agriculture de marché ont été les plus touchées par la crise. La transformation des campagnes est si profonde qu'elle soulève l'inquiétude des notables conservateurs qui manifestent leur nostalgie dans un mouvement folkloriste qui apparaît en fin de siècle et prend en Provence, avec l'écrivain Frédéric Mistral, sa forme la plus achevée. [...]
[...] En de la population active est encore dans le secteur primaire et de la population française est encore rurale. Cette économie agricole étriquée de la France est compensée par la réussite plus spectaculaire du projet politique et social républicain, l'avènement d'une démocratie de petits propriétaires. L'exode rural concerne les journaliers et les artisans qui voient dans la ville un espace plus dynamique où les revenus étaient plus élevés. Ce phénomène joint à celui de baisse du prix de la terre a permis des achats de terre à la fin du XIXe siècle. [...]
[...] Le nombre de petits propriétaires (10 millions en 1840) a augmenté de 55% dans le premier XIXe siècle. Mais cette propriété paysanne reste cantonnée sur une moitié du sol français, l'autre partie étant dans les mains de grands propriétaires dont les positions ne s'effritent que lentement. La grande propriété qui bénéficie du progrès agricole résiste et domine dans le Bassin Parisien, au Nord du Massif Central, de la Mayenne à la Vendée, et autour du littoral méditerranéen. La propriété paysanne domine dans la France du Nord et du Nord-est, en Bretagne et les massifs montagneux du Midi. [...]
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