Crise économique de 1929, ordre politique, effondrement du capitalisme, déflation, conférence de Londres, krach boursier, chômage de masse, traité de Versailles, investissement, tarifs douaniers, Import Duties Act, politique du New Deal, régionalisme
Un système politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple, qui fait entendre sa voix par des représentants élus, peut légitimer et véhiculer des idées contre ce propre système. La crise, à comprendre au sens d'un point de bascule d'une évolution, voire d'une aggravation d'un état chronique, permet justement de rendre visible et d'alimenter les tensions ou contestations internes aux États. Tel est le cas au lendemain de ce "jeudi noir" (24 octobre 1929) marquant le début d'une crise économique mondiale où le capitalisme a semblé s'effondrer et où personne ne savait comment le sauver. L'originalité de cette crise provient de sa propagation rapide dans le monde entier, mais aussi parce qu'elle s'est étendue au-delà de la sphère économique.
[...] Enfin, l'incapacité des jeunes démocraties (nées du règlement de la Première Guerre mondiale) à sortir de la crise économique a permis leur chute aux mains de « monstres politiques ». En effet, la multiplication du chômage, combinée à une misère sociale dans les démocraties les plus touchées, a conduit à leur remise en cause et parfois à leur chute aux mains d'hommes antiparlementaires. Les historiens ont avancé que cette mise au pas de la démocratie s'est produite en raison d'un « Sonderweg », c'est- à-dire d'une infusion insuffisante de la culture républicaine au sein de la société. [...]
[...] En quoi l'impossibilité de résoudre la crise économique de 1929 a-t-elle conduit à la recherche de nouvelles solutions, marquant le pas à l'ordre politique en place ? « En temps de crise, les coûts du système paraissent insupportables, ses avantages incertains. Dans ces circonstances, on comprend sans mal que la démocratie parlementaire dans les États successeurs des anciens empires, comme dans la majeure partie du monde méditerranéen, a été une plante fragile poussant sur un sol caillouteux ». Par cette expression issue de l'ouvrage L'Ère des extrêmes, Éric Hobsbawm, historien britannique, tend à souligner la faiblesse des démocraties représentatives face aux crises qu'elles peuvent rencontrer. [...]
[...] Ainsi, en quoi l'impossibilité de résoudre la crise économique de 1929, auquel les élites politiques en place ont initialement tenté de la juguler par des « mesures traditionnelles », a-t-elle conduit à la recherche de nouvelles solutions, marquant le pas à l'ordre politique en place ? S'il est vrai que les démocraties ont cherché à résoudre la crise économique de 1929 par des « mesures traditionnelles », celles-ci ont été relativement inefficaces, aggravant même la situation initiale C'est pour cette raison que les démocraties gravement touchées ont eu recours à des solutions innovantes, modifiant l'ordre international (II). [...]
[...] De plus, l'incapacité des démocraties à sortir de la crise économique a permis de plébisciter la multiplication des contestations en son sein. L'une des contestations les plus marquantes est la contestation de la domination coloniale au lendemain de la crise économique. En effet, certaines démocraties disposant d'importantes colonies (essentiellement la France et le Royaume-Uni) vont essayer d'approfondir les liens entre la métropole et les colonies pour sortir de la crise économique. C'est notamment le cas du Royaume-Uni, qui en 1932 inaugure le principe de « préférence impériale » avec la conférence d'Ottawa. [...]
[...] Finalement, ces nouvelles mesures ont été toutes aussi inefficaces que les précédentes, servant la rhétorique antiparlementaire : les démocraties sont présentées comme faible, ce qui contribue à la remise en cause de l'ordre politique choisit, à savoir la démocratie. En réalité, on observe un déplacement de la crise : début 1929-1930, les démocraties doivent faire face aux crises, fin 1933, ce sont les démocraties qui sont en crises. D'ailleurs, la démocratie française ne doit-elle pas faire face à une violente manifestation antiparlementaire le 6 février 1934 pour dénoncer la faiblesse de la 3e République ? [...]
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