La question sociale en 1848

Résumé du document

La Révolution de 1848 n'est pas une réédition réussie des Trois Glorieuses de 1830. Les espérances qu'elle a portées sont bien plus que libérales et patriotiques, elles sont aussi sociales. En effet, alors que les premières tensions sociales ont vu le jour sous la Restauration, la Révolution de 1830 a coupé court aux aspirations de la masse, au profit des revendications politiques de la bourgeoisie. Mais dix-huit années plus tard, la société entend reprendre son dû, et renverser un pouvoir issu d'une révolution usurpée. La Révolution de 1848 parvient-elle à réformer les rapports sociaux ?

Extraits

[...] La révolution de 1848 parvient-elle à réformer les rapports sociaux? Des attentes très fortes d'une société nouvelle Des problèmes structurels et conjoncturels . En 1848, la quasi-majorité de la population française est en opposition avec le régime. Tout d'abord les paysans : la question agraire est au coeur de la question sociale, car la classe ouvrière n'était développée que dans certaines villes ; la paysannerie, elle, était réellement en crise au niveau national. En 1848, il existe toujours de vastes domaines, qu'ils soient d'anciens nobles ou de nouveaux riches acquéreur bourgeois, et la situation des paysans est globalement assez similaire à celle du début du siècle. [...]

[...] Adolphe Blanqui, dans Les Classes ouvrières en France pendant l'année 1848 note : “nous voyons tous les jours disparaître les petits ateliers, le travail éparpillé, les métiers domestiques. L'industrie s'organise en usines immenses . Les ouvriers s' entassent par centaines, parfois par millier, dans ces laboratoires sévères où leur travail , soumis aux ordres des machines, est exposé comme elles toutes les vicissitudes résultant des variations de l'offre et de la demande.” La production métallurgique triple, l'extraction de minerais double. [...]

[...] Les insurgés sont déportés en Algérie. C'est la fin de l'illusion lyrique et du rêve d'une république sociale. Entre les républicains modérés fondateurs du nouveau régime et le monde ouvrier, un régime s'est creusé (tableau des morts.) Les ouvriers se désintéressent désormais du sort d'une république qui fait tirer sur le peuple : la IIe République sera socialement conservatrice. Les ouvriers et les paysans qui jusque-là avaient fait cause commune se séparent donc, car leurs intérêts divergent. Les députés de la campagne, beaucoup plus nombreux que les députés ouvriers se rallient à la petite bourgeoisie dont ils partagent les intérêts économiques. [...]

[...] L'impulsion principale est de réparer les injustices : contre la guillotine (peine de mort abolie en matière politique), contre l'esclavage voix des femmes” (féminisme timide), révolution des jeunes Baudelaire et Vallès (qui réclame l'abolition du baccalauréat), volonté universaliste dans le Printemps des Peuples De février à mars, les ouvriers favorisés: restitution des objets engagés au mont de piété et valant moins de 10fr, affection des Tuileries comme asile aux invalides du travail, gouvernement s'engage à garantir du travail pour tous les citoyens” (25fev), établissement des ateliers nationaux, création de la commission de gouvernement pour les travailleurs, présidée par Louis Blanc et l'ouvrier Albert, Journée de 10h, abolition de l'exploitation des ouvriers par des sous-entreprises. Le 23 avril 1848, le jour de Pâques ont lieu les élections. La participation est extrêmement élevée. Les électeurs partent en rang jusqu'au chef-lieu pour voter. [...]

[...] Pour conclure, on pourra dire que la révolution de 1848 ne résout pas la question sociale. C'est pourtant cette question sociale qui a été au cœur du processus révolutionnaire, et les premières mesures du gouvernement provisoire de Lamartine ont bien été motivées par le désir de normaliser et d'apaiser les relations sociales. Ce que réclame le peuple est davantage des avancées sociales plutôt qu'institutionnelles, la monarchie de juillet ayant fonctionné sur les bases d'un parlementarisme moderne. Néanmoins, ces aspirations ont vite été déçues, car les attentes des différentes classes pauvres de la population étaient sensiblement différentes. [...]