“La révolution française est une promesse si vaste qu'elle présente une élasticité infinie” dit François Furet dans l'introduction de "Penser la Révolution Française". Cette citation rend bien compte de la difficulté qu'ont les historiens depuis Jules Michelet à fixer une date de fin à la révolution française. Avant de déterminer la fin d'un processus, il convient de le définir : qu'est-ce qu'une révolution?
1) Changement soudain brusque et important dans l'ordre social, moral : transformation complète.
2) Ensemble des événements historiques qui ont lieu dans une communauté importante, lorsqu'une partie du groupe en insurrection réussit à prendre le pouvoir et que des changements profonds se produisent dans la société.
On peut donc résumer ces deux définitions en disant que le terme révolution renvoie à deux réalités : un mouvement insurrectionnel, et un changement des structures sociales et politiques. Cependant ces deux éléments ne sont pas toujours conjoints. D'ailleurs l'instabilité des régimes, associée à de brefs épisodes révolutionnaires tout au long du XIXe siècle peut nous laisser penser que la France met du temps pour finir sa transition vers un ordre nouveau. 1789, 1792, 1794, 1799, 1815, 1851, 1877... on trouve presque autant de dates concernant la fin de révolution que d'historiens. Dès lors existe-t-il une véritable fin de la révolution française, ou cette fin est-elle proprement indéfinissable?
[...] Cela permet à des historiens comme Furet de dire que finalement, la fin de la Révolution française est 1877, date à laquelle tous les relents d'ancien régime ou de pouvoir autocratique sont renversés par l'instauration de la IIIè République. En définitive, on ne peut pas affirmer que la Révolution française a une fin unique et objective. “Pour les mêmes raisons qui font que l'ancien régime a une fin mais pas de naissance, la révolution a une naissance, mais pas de fin.” dit F. Furet. Il n'en reste pas moins que l'insurrection s'achève en 1799, que la révolution se fixe sous l'Empire et que la Restauration marque une rupture historique forte avec la trentaine d'années précédentes. [...]
[...] -la révolution, dans le sens de transformation complète du système politique, ne s'achève que sous l'Empire. C'est durant cette période que sont mis en place de manière définitive les idéaux de 1789. Même la restauration ne parviendra pas à abattre ces principes. La révolution est donc en 1815. Mais elle est fixée telle que Napoléon la conçoit. Napoléon est certes le continuateur de la révolution, mais il est à la tête d'un régime autoritaire. Il reste donc des aspects d'ancien régime que la révolution n'a pas réussi à effacer. [...]
[...] Par cette formule, Napoléon dicte une définition de la Révolution française et met fin au désordre idéologique. Finalement, il fait du tri pour garder l'essentiel. On accorde généralement à Napoléon d'avoir consolidé les gains de la Révolution grâce au code civil, promulgué en 1804, qui inscrit les grands principes de la révolution en droit : la propriété privée sans droits féodaux, la laïcité, ou la fixation des procédures judiciaires pour garantir un procès équitable. Furet et Richet, La Révolution française: un couronnement de la révolution On peut dire que Napoléon par son coup d'État a mis fin au mouvement insurrectionnel, et a balayé les extravagances de certains jacobins. [...]
[...] On n'est donc plus dans une révolution de type libérale, si bien que l'on parle souvent de la Terreur Jacobine comme un “dérapage” de la Révolution française. A cela se rajoutent des révoltes de la faim paysannes. Si ces trois types de révolution sont étroitement mêlés, ils n'ont pas les mêmes buts. Il n'y a donc pas de consensus sur la nature du processus révolutionnaire. L'historien peut enfermer la révolution dans l'année 1789, année où l'essentiel du bilan terminal est acquis, ou l'étendre jusqu'à 1794, jusqu'à l'exécution de Robespierre et la croisade égalitaire de l'an II. [...]
[...] Globalement, on peut dire que la révolution s'arrête vers 1815, mais qu'un esprit révolutionnaire se perpétue tout au long du XIXe siècle. Les querelles d'historiens quant à la date précise de la fin de la révolution sont donc essentiellement dues à la difficile conceptualisation de ce que fut la Révolution française. Bibliographie -Aux armes historiens, deux siècles d'histoire de la Révolution française, Eric Hobsbaum, La Découverte -La révolution française, François Furet et Denis Richet, Hachette -Penser la Révolution française, François Furet, Gallimard -Penser l'histoire de la révolution, Olivier Bétourné et Aglaia I. [...]
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