C'est grâce au conflit algérien qui dure depuis l'année 1954 que le général de Gaulle est revenu aux affaires. En effet, l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir, la mise en place d'un pouvoir stable et fort en France, le prestige du général de Gaulle "capable de grandes initiatives", le 13 mai 1958, changent la face des évènements : la définition d'une politique algérienne orientée vers l'exercice du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. On fait confiance à de Gaulle pour régler le problème algérien. Par exemple, de Gaulle se pose en interlocuteur lucide en se proposant de discuter avec les dirigeants de la guerre de libération algérienne : le FLN.
La guerre d'Algérie atteint un nouveau tournant en 1961. Au début de l'année un référendum organisé en France donne une large majorité en faveur de l'autodétermination (76% en métropole et 69% en Algérie). Le référendum du 8 janvier 1961 signifiait "oui" à la négociation, "oui" à la paix en Algérie. Si les Français de métropole avaient délégué leurs pouvoirs à de Gaulle pour mettre fin à un conflit meurtrier et sans issue, les Français d'Algérie pressentaient l'accélération d'un processus d'abandon qu'ils voulaient à tout prix éviter. Du côté des Algériens, la masse musulmane se trouve confirmée dans le sentiment que c'est du général de Gaulle qu'elle peut attendre la justice et la paix. Les dirigeants du FLN se déclarent en principe disposés à entrer en négociations. Mais ils ne les engagent pas. Le FLN ne veut discuter que des conditions de l'autodétermination, remettant le règlement des autres problèmes à des négociations ultérieures qui se feraient directement entre les deux gouvernements. Il se refuse à évoquer des garanties pour les Français d'Algérie. Il ne reconnait pas la souveraineté française sur le Sahara. Il n'admet pas le principe du cessez-le-feu lors de l'ouverture des négociations. Le cessez-le-feu ne devrait intervenir qu'après la conclusion des accords. Or de Gaulle a toujours posé le principe du cessez-le-feu en préalable à toute négociation. Si les opérations militaires connaissent un ralentissement certain, excepté dans les Aurès, le terrorisme fait rage. Loin d'envisager de cesser les hostilités, le FLN multiplie les attentats depuis le début de l'année. Les Européens vivent dans la terreur de la négociation qui conduit inévitablement à l'indépendance. Le 10 avril, un tract circule à Alger: "l'OAS frappe où elle veut, quand elle veut". Par exemple, le 31 mars 1961, le maire d'Evian, Camille Blanc, est assassiné par l'OAS (Organisation de l'armée secrète) uniquement parce que sa ville avait été choisie pour accueillir les négociations.
[...] Un ordre gaullien qui porte en lui tout le mythe de l'épopée de la résistance. De Gaulle délie alors tous les soldats de l'obéissance à leurs chefs mutinés. Par l'injonction: "J'interdis à tout Français . il vise les généraux et les colonels hésitants, les directeurs du Gouvernement Général et leurs adjoints. On est enclin dans le cas présent de souligner le combat de la légitimité républicaine contre une partie de l'armée. La volonté de s'allier la fidélité du contingent Le contingent voit légitimer sa résistance à certains supérieurs challistes. [...]
[...] "Tous les moyens" (l.29) est une expression qui signifie qu'il se réserve à faire ouvrir le feu. Un "pronunciamiento" est une locution espagnole à peu près synonyme de coup. C'est une opération conduite par un groupe de militaires qui se prononcent pour un changement de pouvoir, le plus souvent à leur bénéfice. C'est le mot qu'utilisera le plus souvent de Gaulle. Cette locution peut être assimilée à "putsch" qui désigne une opération armée, secrète et soudaine visant à renverser un gouvernement et à lui substituer une autorité plus musclée. [...]
[...] Tous partout, ont entendu le discours de De Gaulle. Le contingent l'a écouté avec attention mais les réactions ne viendront que le lendemain. On dirait son meilleur texte opératoire. Tous les termes de cette sommation sont à commenter: ces mots sont des actes. C'est, de tous les grands textes de De Gaulle, celui où peut-être se manifesta le plus puissamment l'efficacité du discours. Déjà minés par leurs divisions et leur manque de perspectives, les révoltés d'Alger allaient être balayés par cette rafale de mots projectiles. [...]
[...] Ce que reconnaîtra à sa manière Antoine Argoud en déplorant que l'appel du chef de l'État retransmis par la radio ait incité à la désertion de nombreux sous-officiers des unités de parachutistes engagés dans l'aventure. Des listes de soutien au chef de l'État portant des centaines puis des milliers de signatures circulent de régiment en régiment. Des tracts gaullistes tels que celui-ci circulent parmi les appelés: " Appelés du contingent, paras ou non, on vous abuse. Vos officiers mal informés . veulent vous dresser contre la métropole et votre patrie. Prenez vos responsabilités. Un seul chef: le général de Gaulle." Seule la population pied-noir croit au succès du quarteron. [...]
[...] En métropole, plusieurs colonels sont persuadés que l'indépendance de l'Algérie amènera la Méditerranée sous le joug du communisme et que la France perdra son rang de grande nation . La détermination du Général face aux officiers-rebelles Le ton du général est brutal lorsqu'on lit les reproches dans les 20 premières lignes où il dénonce la tentative de coup d'État militaire des quatre généraux: Salan, Jouhaud, Challe et Zeller. Dès les premiers mois, on se rend compte que de Gaulle est résolu à se battre et à vaincre par tous les moyens. Le choix des mots est révélateur. [...]
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