La puissance maritime est une composante particulière de la puissance. Il faut déterminer quels rapports lient ces deux notions, et plus particulièrement il sera pertinent de se demander, à travers l'analyse des puissances maritimes au XXe siècle si la puissance maritime idéale ne tend pas à la globalisation de la puissance. En d'autres termes on pourra se demander si la lutte pour la puissance maritime au XXe siècle n'a pas été l'un des enjeux majeurs de la domination sur la scène internationale et si cette vision ne doit pas être relativisée aujourd'hui
[...] Cette dernière est la mesure brute des flottes de guerre et de commerce. La qualité d'une flotte repose à la fois sur son importance numérique, sur la technologique et sur l'efficacité de son organisation. La force numérique est numérique mais pas suffisante. En effet une course à la production d'armements peut vite devenir improductive si le matériel est rapidement déclassé. L'exemple de la course au dreadnought avant la première guerre mondiale est révélateur. L'Angleterre inventa ce modèle de cuirassier à la coque blindée avec une portée de canon uniquement de longue portée. [...]
[...] Il semblerait donc que cette bataille ait juste permis un certain retour au statu quo ante. Cela dit, c'est une stratégie maritime de long terme qui sut donner raison à Sir Julian Corbett, non cette simple victoire navale ponctuelle, l'évolution du conflit mettant en évidence l'importance géostratégique de la maîtrise des mers pour l'issue des conflits entre les nations. En effet, bénéficiant à nouveau de la maîtrise totale des mers par le biais de la suprématie retrouvée du Royaume-Uni, les Alliés ont à leur disposition l'ensemble des routes commerciales atlantiques, et ainsi, drainent de colossales quantités de biens, d'hommes et de capitaux : pensons donc un instant à ces troupes acheminées par voie maritime des Etats-Unis, des dominions et autres empires coloniaux, aux viandes et aux céréales importées de l'Argentine, aux armes aussi qui ont constitué de substantiels avantages pour la victoire alliée, surtout si l'on considère cette Allemagne, asphyxiée par le blocus économique occidental, mobilisant les ressources d'un continent ruiné, dont les routes commerciales sont désorganisées (ainsi l'acheminement du pétrole de Dacie est-il impossible à partir de 1917), bloquée entre deux fronts, puis tournée vers un seul, où elle se trouve confrontée à des alliés dont les ressources sans cesse se renouvellent. [...]
[...] Quelle place donc pour le seapower ? Notons toutefois que ces interrogations toutes britanniques, sont en fait de fausses interrogations destinées à atténuer en Albion la douleur et l'amertume de la perte manifeste d'un monopole séculaire L'arme atomique en fait n'a pas vraiment sonné le glas du seapower, et ce pour diverses raisons : une première raison, la plus évidente, est l'improbabilité d'un conflit atomique, un tel conflit serait en effet un non-sens logique, ne serait-ce que par son caractère bilatéralement suicidaire. [...]
[...] Car point ne suffit de disposer de flottes solides pour sillonner les mers, encore faut-il disposer de routes pour les pouvoir parcourir. Toutefois cette dépendance vis à vis de la mer peut apparaître comme une arme à double tranchant, puisque si elle a constitué un élément déterminant de la victoire, elle a aussi été un important élément d'incertitude, un élément de vulnérabilité qu'ont su exploiter avec un évident succès les Allemands, élément d'incertitude que seule une extrême détermination a permis de surmonter. [...]
[...] Au troisième niveau de la hiérarchie se trouvent les puissances résolument partielles : là sont la France et le Royaume-Uni. Tout deux possèdent selon leurs moyens des capacités de projection de force et de souveraineté, et sont en mesure de mener des opérations limitées sur les mers proches de leurs côtes nationales. Des opérations de plus grande envergure nécessitent pour être pleinement crédibles la caution de l'une ou l'autre des puissances supérieures. Cela dit, ces deux puissances sont encore considérées comme partiellement globales en ce sens qu'elles ne se pensent qu'à l'échelle internationale. [...]
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