1913 est une année très importante dans les statistiques, car elle est la dernière année de réelle prospérité en Europe avant le premier conflit mondial et les changements radicaux qu'il a entraînés. Ce moment clé est représentatif du nouvel ordre économique qui s'est dessiné depuis la moitié du XVIIIe siècle dans le monde, et dont l'Allemagne semble sortir grandie. Nous nous appuierons principalement pour cette étude sur les travaux de Paul Kennedy, historien britannique né en 1945, spécialiste des questions géostratégiques et des relations internationales. L'œuvre majeure de Kennedy datant de 1987 est intitulée « Naissance et déclin des grandes puissances», où sont analysées l'économie et la politique des grandes puissances de 1500 aux années 1980. Il y met en avant les facteurs permettant d'expliquer un nouvel ordre économique mondial à l'aube de la Guerre, et durant cette dernière au niveau des dépenses militaires.
Dans quelle mesure l'accession de l'Allemagne au rang de grande puissance économique à la veille de la guerre va-t-elle être déterminante lors du premier conflit mondial ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons tout d'abord les facteurs de la montée en puissance de l'Allemagne, pour mieux comprendre ensuite sa force industrielle à l'aube de la guerre, et, enfin, sa mise à contribution pendant le conflit.
[...] Ce qui a contribué à la puissance de l'Allemagne avant la guerre a également joué en sa défaveur. En effet, la spécialisation de l'Allemagne dans les industries de transformation, largement mises en valeur au détriment de l'agriculture interne, insuffisante pour nourrir à elle seule la population, a sans doute aussi été un facteur important de sa défaite et de l'affaiblissement du pays durant la guerre, car l'apport de denrées de première nécessité, était essentiellement réalisé par l'importation. Lors du blocus, ces importations ont été quasi-nulles. [...]
[...] En 1913 les États-Unis ne sont plus une terre d'exil pour les Allemands comme c'était le cas dans les décennies précédentes, du fait de l'industrialisation et de l'urbanisation, qui offrent travail et habitation, et qui concentre les anciens ruraux dans les villes. Seulement Allemands quittent leur pays en 1913. L'Allemagne devient même un pays attractif, notamment pour les populations slaves qui connaissent une explosion démographique, mais aussi pour les Polonais, les Autrichiens, ou encore les Italiens. Ce peuplement important joue un rôle prépondérant pour la bonne santé économique du pays. [...]
[...] Démographiquement, elle dépasse tous ses rivaux de l'Europe Occidentale. En effet, de 1870 à 1913, la population allemande croît de 26 millions d'habitants (elle passe d'environ 40.9 millions à lorsque la France ne gagne que 4 millions d'habitants durant la même période. La Grande-Bretagne quant à elle, atteint les 45,6 millions d'habitants. Ceci s'explique par le fait que ces deux pays ont débuté leur transition démographique très tôt (la France par exemple dès les années 1720), alors que l'Allemagne n'y entre qu'au milieu du 19e siècle. [...]
[...] Les dépenses militaires des puissances de l'Entente atteignent ainsi les 40,9 milliards de dollars, aidée par l'importance de la contribution britannique (23 milliards), auxquelles s'ajoutent encore les 17,1 milliards provenant des Etats-Unis. Ces derniers jouent un rôle décisif en soutenant financièrement l'Entente dès les premiers temps du conflit, pas tant au niveau d'un apport armé ou de matériel d'armement, mais surtout au niveau de l'approvisionnement en matières premières et en emprunts financiers. Au final, les dépenses des puissances centrales sont inférieures de plus de moitié à celles de leurs adversaires (24,6 contre 58 milliards). [...]
[...] Jamais elle n'a pesé autant sur le plan économique. Cette position avantageuse et la puissance de son industrie n'ont pas été sans importance et sans intérêt dans la Première Guerre mondiale. III. L'industrie et la guerre A. Une industrie largement mise à contribution dans l'effort de guerre Déjà avant la guerre, l'Allemagne s'active dans la production d'équipements militaires en vue d'un conflit imminent, puisqu'on voit qu'en 1913, l'Allemagne et son allié l'Autriche-Hongrie, formant à elles deux les puissances centrales, produisent environ 2000 pièces d'artillerie lourde ( c'est-à-dire des armements à force de frappe puissante et à grande portée, comme les canons), lorsque l'ensemble des puissances de l'Entente, formée par le Royaume-Uni, la France et la Russie, n'en produit que 300. [...]
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