L'unité allemande est une grande idée qui couvre plusieurs siècles, depuis les prémices de la formation des Etats-nations (avec le traité de Westphalie en 1648, où l'espace allemand se voit disloqué), jusqu'aux guerres d'unification allemandes, elle s'enrichit de nombreuses conceptions, de nombreuses participations ; sous forme d'écrits, de compositions originales ou d'imaginaire collectif.
Cependant, l'influence des puissances extérieures semble également jouer un rôle essentiel mais surtout décisif dans l'édification d'un Etat allemand unique. Face au dernier échec d'unification, lors de la reculade d'Olmütz, Allemands, Prussiens et Autrichiens n'effacent pas pour autant l'idée d'une nation unifiée au sein d'un territoire unique et non plus un ensemble de petits Etats assemblés de manière totalement anarchique. L'opposition entre deux conceptions d'un Etat allemand uni persiste depuis l'épisode d'Olmütz en 1850 : les Autrichiens défendent l'idée d'une « Grossdeutschland », incorporant leur propre empire, tandis que prussiens se rangent en faveur de la création d'une « Kleindeutschland ». Cette lutte révèle une question primordiale qui est l'administration de cet Etat allemand, disputée par les deux Etats en question.
Quel rôle a tenu la Prusse dans l'accomplissement de cette unité allemande et par quels moyens y a-t-elle contribué ? Il s'agit avant tout d'étudier la place des conflits avec les puissances extérieures dans cette volonté unificatrice puis celle de l'Etat prussien et du sentiment national. En 1861, Guillaume Ier devient le nouveau souverain de Prusse, déterminé à affirmer la suprématie de son royaume en Europe. Il participe également par ce biais à la progression vers l'affirmation d'un Etat allemand uni. A ses côtés, Bismarck saisit l'attente des Allemands qui veulent un Etat capable d'allier union et particularisme et le présente dans son Mémoire en 1861. Il pressent la nécessité de futurs conflits dans cet optique. Ainsi, il a une phrase qui résume bien la situation à cette date et s'avère être tout à fait pertinente pour l'avenir des volontés unificatrices : « Le char fédéral, tiré en avant par le cheval prussien et en arrière par le cheval autrichien, s'en ira en morceaux. »
[...] En ce sens, la loi du 21 Juin 1869 qui supprime les corporations participe à la libéralisation du régime. Cette amélioration économique liée à un réaménagement du Zollverein apparaît comme un facteur d'unité puisqu'il contribue grandement à attirer les Etats du Sud, encore relativement opposés à intégrer la Confédération de l'Allemagne du Nord. Malgré son achèvement en 1850, le rôle du Zollverein dans la concrétisation de la voie d'une Kleindeutschland est central. En effet, l'union douanière est relancée dès 1864 et se reconstruit petit à petit à partir de 1867. [...]
[...] La Prusse contre la France La guerre franco-prussienne qui débute en 1870 s'annonce comme la finalisation du projet d'unité allemande. Elle s'engage autour d'une querelle au sujet de la vacance du pouvoir en Espagne se déplaçant sur la question d'un faux renvoi de l'ambassadeur prussien en France du fait de la publication de la dépêche d'Ems par Bismarck. Les deux pays s'engagent dans les préparatifs de l'effort de guerre. Cependant, les véritables raisons de ce conflit résident dans la gène que constitue la politique diplomatique française, qui se révèle être un obstacle pour aboutir à l'unité allemande. [...]
[...] Le 10 Mai 1871, la paix de Francfort est signée, l'Alsace et la Loraine passent sous la domination du nouvel empire allemand. Au final, les guerres d'unités allemandes sont centrales car elles constituent la marche vers l'unité allemande en trois temps : la guerre des duchés danois qui rassemble les territoires délaissés par les efforts d'unification allemande (puisque sous la domination danoise) et permet de montrer que la Prusse est le vrai Etat rassembleur des Allemands, la guerre austro-prussienne qui se solde par le choix de la voie d'une Kleindeutschland et enfin la guerre franco-prussienne qui est l'aboutissement de cette progression par la proclamation de l'empire allemand. [...]
[...] Ceci mène essentiellement à une division du pouvoir entre ces deux acteurs politiques majeurs. L'intelligence politique de Bismarck est avant tout notable sur le plan de la politique intérieure. De culture aristocratique et antiparlementaire, il est le descendant d'une famille de la noblesse terrienne prussienne, les Junkers. Sa politique s'oriente logiquement vers une forme de conservatisme qui lui est favorable dans le contexte de son arrivée au pouvoir. Cependant, dans le but de retenir l'adhésion de tous, il crée ce que von Tretschke qualifie de Realpolitik. [...]
[...] Ce fut le cas en 1815, puis de 1848 à 1850. A nouveau, le nationalisme allemand fait pression sur les duchés danois pour qu'ils intègrent la Confédération allemande. L'épisode de 1864 débute par la décision de Frédéric VII, alors roi du Danemark, d'étendre la zone d'application de la Constitution danoise aux duchés en question, sauf celui de Schleswig pour lequel il entreprend tout simplement l'annexion. Violant les accords précédemment établis, le 16 Janvier 1864, la Prusse et l'Autriche s'entendent afin de lancer un ultimatum au royaume du Danemark. [...]
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