La question de l'internationalisme ouvrier vaut aujourd'hui d'être posée, après l'effondrement des régimes communistes s'en réclamant, favorisant ainsi la résurgence des nationalismes et marquant par-dessus tout l'échec de la conception marxiste postulant le dépassement de la nation après la victoire de l'internationalisme sur le nationalisme, dans une vision très téléologique de l'histoire. Or, au 19ème siècle, dans tous ces partis, sous influence marxiste, l'idée essentielle d'une solidarité internationale supérieure aux solidarités nationales est adoptée. On note ainsi, malgré la persistance du fait national, l'émergence de nouvelles formes politiques, culturelles et idéologiques transnationales.
La phrase « Prolétaires de tous les pays unissez-vous » est le slogan de la Ligue des communistes depuis 1847, mais aussi la dernière phrase du Manifeste du parti communiste écrit en 1848 par Karl Marx et Friedrich Engel. Ils le rédigent à la demande du congrès du parti communiste. Le manifeste affirme alors que l'histoire est l'histoire de la lutte des classes ; la classe opprimée peut devenir consciente de son destin révolutionnaire. Marx montre la nature contradictoire du capitalisme, le fait que le système bourgeois « est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées en son sein » alors que « les communistes travaillent à l'union et à l'entente des partis démocratiques de tous les pays ». « Les ouvriers n'ont pas de patrie ». Ainsi est fondé l'internationalisme socialiste, la nécessité d'une entente par delà les frontières nationales entre les membres de la classe opprimée.
L'internationalisme est confronté à trois problèmes majeurs : la réconciliation avec la valorisation identitaire, la reconnaissance des particularités nationales des combats politiques et syndicaux et enfin la définition des forces ouvrières face aux menaces de guerre.
Comment expliquer l'échec de l'internationalisme ouvrier ?
[...] Engels souligne déjà en 1848, à travers la question polonaise, la nécessaire dimension sociale et révolutionnaire du mouvement démocratique et national européen. Pourtant, ce n'est pas à l'initiative de l'un des deux rédacteurs du Manifeste qu'en créée en 1855, à Londres, une association internationale ouvrière formée de proudhoniens et d'anarchistes radicaux. L'association ne dépassant pas 1859, mais la volonté d'union est bien présente. Par exemple à Lyon, où le rôle de carrefour de la ville permet aux ouvriers de prendre conscience précocement des liens internationaux au sein du monde du travail. [...]
[...] En France, la loi Le Chapelier qui interdit les corporations, mais aussi les syndicats, reste en vigueur jusqu'à en 1884 et la loi Waldeck-Rousseau. La tête du mouvement ouvrier est par ailleurs décapitée avec la Commune et met vingt ans à s'en remettre. Le livret ouvrier permet de contrôler les ouvriers et de mettre à l'écart les agitateurs. C'est un moyen de régulation puissant de la force ouvrière qui entraîne l'individualisation de la relation de travail et donc l'inexistence de protections collectives. Les ouvriers ne peuvent s'organiser que tardivement. [...]
[...] Même l'internationale des affaires est touchée. La montée des tensions : les crises internationales et la tentation nationaliste Fachoda : le renforcement de l'Entente Cordiale Parmi les nombreux désaccords entre pays, certains sont plus importants que d'autres et entraînent de vraies crises internationales. L'affaire de Fachoda, est la première grande crise d'importance ; la France et l'Angleterre en sont les principaux protagonistes. A l'origine de la crise : la mission Marchand, une expédition voulue par Delcassé, cherche à placer la France en position de force sur le Nil. [...]
[...] La première crise marocaine éclate en 1906 lorsque l'empereur d'Allemagne, Guillaume II, conteste la mainmise française sur le Maroc par le coup de Tanger L'Allemagne veut se faire une place au soleil et se lance elle aussi, quoi que tardivement à cause de Bismarck, dans la course aux colonies. La crise se règle relativement pacifiquement avec la conférence d'Algésiras qui laisse à la France une influence importante dans le pays. La deuxième crise, celle de 1911, se résout de justesse. Les Allemands veulent empêcher une conquête française du pays et envoient une canonnière Panther bombarder la ville d'Agadir, on par ainsi de coup d'Agadir Le Royaume-Uni se range aux côtés de la France alors que les Allemands refusent de céder. [...]
[...] Ils ont dû être frappés de la rareté des manifestations pour la paix et des sympathies multiples que des socialistes affichaient pour le coup d'Agadir. Nous saurons désormais qu'il y a un socialisme prêt à voter ces crédits, résolu à ne plus harceler la diplomatie allemande et disposé à souligner sa solidarité avec la dynastie De même, en Italie en 1915, Mussolini, à la tête du courant révolutionnaire dans le parti socialiste, se fait le chef de file de l'interventionnisme. Il est ainsi exclu du parti. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture