Ce discours fut prononcé en 1927 à Bruxelles, Messali Hadj alors dirigeant de l'Etoile nord-africaine définit ici le programme politique, social et religieux de cette organisation. Né en mars 1926, l'Etoile nord-africaine (ENA) se développe avant tout chez les travailleurs immigrés en France originaires du Maghreb. Messali Hadj est un des fondateurs de cette association qui vise à la défense des intérêts sociaux, matériels et moraux des travailleurs nord-africains. Ce jeune algérien est né en 1898 à Tlemcen en Algérie, il est envoyé en métropole pour faire son service militaire. Devenu ouvrier Messali Hadj adhère au PCF ainsi qu'à la CGTU, il est choisi pour prendre la parole lors du sommet qui se tient à Bruxelles du 10 au 15 février 1927. Intitulé « congrès de la ligue contre l'oppression coloniale » cette manifestation regroupe plusieurs partis communistes européens, des syndicalistes ainsi que des représentants de nations colonisées d'Asie, d'Afrique et du monde arabe. Ce congrès s'inscrit dans deux mouvements parallèles : la montée des nationalismes dans les colonies et l'expansion de l'idéologie communiste. Ce congrès est organisé par la IIIème Internationale ouvrière (et par le pouvoir bolchevique récemment installé) particulièrement active entre Berlin, Genève et Moscou. L'objectif du Komintern était le triomphe du socialisme mondial aux dépens du capitalisme, pour ce faire l'Internationale communiste tentait de rallier une « internationale coloniale » symbolisée par ce congrès bruxellois. Les mouvements indépendantistes sont également tentés par les organisations libérales (inspirées par les principes wilsonniens) ce qui oblige le nouveau pouvoir bolchevique à développer rapidement son influence au sein des jeunes mouvements nationalistes. C'est dans cette perspective que se tient le congrès de Bruxelles. Alors qu'il se préparait à prendre la parole Messali Hadj constate que ses feuilles de discours ont disparu, il rédige rapidement les points qu'il souhaite développer. Son propos malgré tout très organisé se divise en deux grands axes : le premier concerne les revendications applicables à court terme (l.1-15), le second regroupe un ensemble de réformes politiques, économiques applicables après l'indépendance algérienne (l. 17-35).
Dès lors quels influences politiques motivent Messali Hadj , de quelles manières transparaissent-elles dans son discours ?
D'une part Messali Hadj s'appuie sur certains principes propres à la démocratie libérale, ses revendications se fondent également sur la conception marxiste de la colonisation. Son discours laisse toutefois transparaître des spécificités caractéristique du nationalisme arabe.
[...] Les valeurs communes d'une Algérie indépendante L'ENA demande à ce que le peuple algérien retrouve sa souveraineté. Tous les symboles qui fondent une nation font ici l'objet de revendications : l'armée, la langue. Messali Hadj tente de rallier les populations musulmanes, certes il ne fait pas allusion à l'Islam mais il insiste particulièrement sur l'utilisation de la langue arabe p p C'est dans les années vingt que se développe l'idée d'une Nation algérienne le dirigeant de l'ENA demande à court terme d'accélérer la scolarisation et l'alphabétisation des Algériens non plus en langue française mais en langue arabe ) : cela se traduit par la multiplication des écoles arabes et l'apprentissage de l'arabe écrit. [...]
[...] MILZA, Sources de la France du XXe siècle, Paris, Larousse, coll. Textes essentiels p. 182-183. Introduction Ce discours fut prononcé en 1927 à Bruxelles, Messali Hadj alors dirigeant de l'Etoile nord-africaine définit ici le programme politique, social et religieux de cette organisation. Né en mars 1926, l'Etoile nord-africaine (ENA) se développe avant tout chez les travailleurs immigrés en France originaires du Maghreb. Messali Hadj est un des fondateurs de cette association qui vise à la défense des intérêts sociaux, matériels et moraux des travailleurs nord-africains. [...]
[...] Messali Hadj ) demande l'égalité face à l'emploi. Les colons et le lobby colonial ont pendant des décennies freiné les tentatives de réformes qui visaient à favoriser l'ascension sociale des Musulmans. Les rapports sociaux se limitaient à l'utilisation par les colons des autochtones, il s'agissait de rapports de patrons à employés qui se doublaient souvent d'attitude raciste. pour une véritable représentation politique algérienne L'Algérie est administrée par un gouverneur général doté de tous les pouvoirs civils et militaires, il doit compter sur deux assemblées : le Conseil supérieur de l'Algérie et les Délégations financières qui représentent essentiellement les colons et décident du budget. [...]
[...] Concerné en premier lieu Messali Hadj demande à ce que cette mesure soit abrogée et revendique la liberté de circulation ) pour les Algériens. Les populations musulmanes sont tenues d'acquitter les impôts dits arabes : une dîme en nature sur les céréales convertie en une contribution fixe sur les terres ensemencées (en fonction de la surface et de la qualité du sol). Le système fiscal colonial est très complexe et varie selon les régions : le Constantinois par exemple doit en plus s'acquitter d'une taxe sur ses palmeraies et sur ses troupeaux. [...]
[...] Ses exigences sont très novatrices pour l'époque d'autant plus que la métropole elle-même n'a reconnu que très tardivement les droits des travailleurs. Son projet politique est à ce sujet très explicite : les travailleurs algériens seront particulièrement bien protégés une fois l'indépendance obtenue ) Les revendications économiques L'agriculture est le domaine dans lequel l'entreprise colonisatrice fut la plus dynamique. Les fellahs (paysans musulmans) s'étaient vus confisquer les meilleures terres. Plus de sept millions d'hectares reviennent ainsi aux colons ou à l'Etat. [...]
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