La modernisation politique, économique et sociale de la période 1850-1914 voit apparaître en Europe la question des régionalismes et de l'intégration économique des zones méridionales. Le midi de l'Italie, en particulier, pose un véritable problème économique et social dans l'Italie unitaire nouvellement créée. On parle alors de question méridionale pour désigner l'ensemble des problèmes et interprétations qui concernent les difficultés d'adaptation du Mezzogiorno à l'évolution économique italienne après l'unité.
Le Mezzogiorno désigne les régions d'Italie qui correspondent à l'ancien Royaume des Deux-Siciles : le Latium méridional, les Abruzzes, le Basilicate, le Bassio Lazio, la Campanie (région de Naples), la Calabre, le Molise, les Pouilles, la Sicile et la Sardaigne. Il faut noter le poids des contraintes physiques, notamment pédologiques, dans l'arriération économique du Mezzogiorno.
En effet, on a longtemps accusé les conditions naturelles d'être la cause du retard du sud (le climat chaud et irrégulier, un relief de montagnes calcaires, de vastes zones de collines argileuses, des espaces cultivables restreints, le peu de ressources énergétiques, etc.) au point de générer des visions déterministes et fatalistes qui nourrirent pendant longtemps le racisme méridionaliste.
Comment cette région méridionale a-t-elle été annexée et intégrée à l'Italie dès 1861 ? Comment l'inégalité sociale, économique et culturelle du Mezziogorno avec le nord de l'Italie a-t-elle engendré de fortes tensions sociales depuis le Risorgimento (période de l'unification italienne) jusqu'à la Première Guerre mondiale ?
[...] Les lois portant sur l'aménagement des régions du Sud Mais les principales lois sur l'aménagement des régions du sud furent prises par le gouvernement de Giolitti à partir de 1904 : la loi pour la Basilicate et celle pour la région de Naples de 1904, puis la loi pour la Calabre et celle pour la Sardaigne en 1906. Ce sont des mesures partielles qui comprennent des allègements fiscaux et des travaux publics, tels que l'aqueduc des Pouilles commencé en 1906. En 1906 Giolitti fait adopter par le Parlement une loi portant sur l'ensemble du midi. En dehors des allègements fiscaux, les principales mesures concernent le réseau routier, les chemins de fer, le reboisement, l'irrigation et la construction d'écoles. L'industrialisation fut limitée à la région de Naples. [...]
[...] Giuseppe Massari qualifie le banditisme de «protestation sauvage et brutale de la misère contre d'antiques et séculaires injustices A partir de 1876, la gauche bourgeoise poursuivra la même politique que la droite face au problème social du Mezzogiorno. La crise agricole internationale des années 80 puis la guerre protectionniste entre l'Italie et la France, débouché agricole important pour les viticulteurs méridionaux, ne vont rien arranger. La révolte des Faisceaux Acteurs et causes de la révolte A partir de Catane, de Messine et de Palerme se fondent des syndicats majoritairement agricoles, les Faisceaux des Travailleurs, qui vont s'étendre en Sicile entre 1889 et 1892. [...]
[...] Le refus de la réforme agraire et sociale Nous avons vu que les structures sociales du Mezzogiorno en 1861 sont semi-féodales et latifundistes. La noblesse continue à mener une vie féodale grâce au patronage qu'elle exerce sur les paysans de ses domaines qui ne sont que théoriquement affranchis, et la paysannerie pauvre subit le pouvoir presque sans limites des Gabelous. Or, l'État libéral unitaire italien n'abolit pas ce système ainsi que la violence et la corruption qu'il engendre. La redistribution des terres, une révolution agraire et sociale (inclut le morcellement des grands domaines et le soutien à la petite propriété agricole), qui seules auraient permis de sortir le Mezzogiorno de ses structures archaïques et de la misère, sont refusées par l'État, qui ne veut pas affronter l'aristocratie et la bourgeoisie terriennes méridionales. [...]
[...] La cassure économique Nord-Sud est entérinée par le nouvel État unitaire. En outre, le Sud, plus peuplé, a fortement contribué à l'industrialisation du Nord (qui a été mené surtout par l'État) ayant versé, pendant les premières 50 ans d'unité, plus de taxes que le nord : le Piémont utilise le Sud pour drainer les immenses capitaux nécessaires au démarrage industriel du nord. L'alliance industrielle du nord / latifundistes du sud au profit du Nord La cohésion de l'État unitaire trouve son fondement dans l'alliance politique de la grande bourgeoisie industrielle septentrionale avec la bourgeoisie latifundiste méridionale. [...]
[...] La cible privilégiée du mouvement est les bureaux fiscaux. On peut relever trois niveaux de revendication : le partage des terres, une réforme des contrats de fermage, l'amélioration des salaires et horaires des ouvriers agricoles ; la dénonciation des conditions de travail catastrophiques (morts accidentelles régulières) dans les soufrières et le dépérissement conjoncturel de l'extraction du soufre, qui crée un chômage de plus en plus important ; le refus des impôts excessifs, de la mainmise des galantuomini sur les administrations locales et de la perpétuation de rapports sociaux semi- féodaux. [...]
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