"Un projet d'architecture délimite toujours un nouvel espace où se développera un mode de vie particulier par rapport au monde extérieur… Il y a donc dans tout projet architectural une part d'utopie. Quand la future construction –notamment carcérale- doit renfermer une population importante, c'est à un véritable projet de société que nous sommes confrontés." Ce qu'avance l'architecte Christian Demonchy, ne laisse pas d'étonner, tant, au contraire, la prison semble aujourd'hui être un avatar purement pragmatique de la procédure pénale. Pourtant, dans les années 1970, ce rôle fut conceptualisé par Michel Foucault qui, reprenant et conceptualisant la théorie de Bentham au dix-huitième siècle, voyait dans l'architecture panoptique non seulement un modèle architectural, mais surtout un paradigme du nouveau système carcéral, dont le but est de 'dresser' et 'surveiller'. Il s'agissait donc de connaître le mieux possible le prisonnier pour mieux le dresser. Cependant la 'crise' que traverse la prison depuis ses origines semble remettre en cause non seulement le rôle de la prison panoptique –ce qu'a fait Foucauld-, mais également la réalité de ce modèle architectural et son paradigme.
Ainsi, il convient de s'interroger quant au lien réel entre l'architecture des prisons françaises et la fonction qu'on leur a assignée. Pour ce faire, nous allons dans un premier temps analyser les conditions de l'émergence du paradigme panoptique, puis le développement et l'échec de ce modèle architectural, et enfin la réalité historique de la rupture paradigmatique introduite par le panoptisme.
[...] Ceci remet partiellement en cause la vision foucaldienne d'une prison comme dispositif de connaissance et, plus globalement, d'amendement. Une rupture technique et historique à questionner 1 L'échec de la prison panoptique et le maintien du panoptisme selon Foucauld Nous l'avons vu, la généralisation de la prison constitue selon Foucault une rupture historique dans l'ordre pénal français. Grâce au paradigme du panoptique, il cherche à démontrer que la prison est devenue avant tout un outil de dressage de l'individu ; ceci passe, premièrement, par son isolement de la société et de ses "pairs", et deuxièmement par l'observation et la connaissance la plus intime possible du prisonnier. [...]
[...] Il s'agit de bâtiments disposés en étoile, dont les couloirs des étages sont des coursives. Ainsi, le centre d'inspection, au centre du carrefour, a vue sur les circulations de chaque bloc. L'architecture rayonnante ne permet donc pas d'observer les détenus (la plupart ne sont pas visibles depuis la tour), mais plutôt les allers et venues des gardes. Il s'agit donc d'un "panoptique des fonctionnaires publics, dociles et utiles à l'Etat"[7]. Les évolutions récentes des technologies pénitentiaires le montrent encore : le prisonnier en lui-même n'intéresse pas. [...]
[...] Les cahiers d'action juridique, Bentham Jeremy, Le Panoptique, Paris, Belfond Léauté Jacques, Les Prisons, Paris, Presses Universitaires de France Vimont Claude, La Prison. A l'ombre des hauts murs, Paris, Gallimard Demonchy Christian, Généalogie de la prison moderne, www.interdits.net Artières Philippe, Lascoumes Pierre (dir.), Gouverner, enfermer. La prison, un modèle indépassable? , Paris, Presses de Sciences-Po Entretien avec Boulant François, Surveiller et punir aujourd'hui : l'actualité de Foucault, www.ecorev.org Généalogie de la prison moderne Gouverner, enfermer, p La Prison, p Gouverner , p ab id. [...]
[...] Ainsi, "la cellule, la geôle et le cachot sont trois termes différents pour désigner un principe d'architecture et de garde identique. C'est la sûreté des parois . Le détenu est délaissé par le pouvoir dans une salle d'attente où il est censé conserver son intégrité." Contrairement à ce qu'ont avancé les réformateurs du XIXme siècle, sa mission éducative est réduite à très peu : le travail reste une exception et, la cellule individuelle –pour raisons budgétaires- de même. Conclusion Ainsi, "la prison pénale, en tant que nouveau principe juridique, est bel et bien née. [...]
[...] En conséquence, l'architecture n'avait aucun rôle à jouer, et n'était donc pas réfléchie : les prisonniers étaient généralement gardés dans des cachots collectifs, à moins que, dans le cas de la 'police des familles', le commanditaire puisse ou veuille payer pour une place dans une institution La prison, pierre angulaire du nouveau système pénal Durant la période révolutionnaire, la prison est devenue la pierre angulaire du système pénal à partir de la Révolution française. C'est l'évolution des mœurs bourgeoises, au cours du XVIII° siècle, qui peut expliquer un tel changement. La société bourgeoise a gagné en poids économique et politique (avec le sacrement de la Révolution française). [...]
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