La Révolution parlait d'adoucissement de la détention et d'amendement du coupable par sa socialisation et un travail, œuvre de bien commun. Toujours temporaire, la prison serait sans cesse offerte en spectacle édifiant à la nation entière. Cette maison si ouverte et si passante qu'elle se distinguait à peine de la société libre, les hommes de 1791 l'ont évoquée mais jamais construite. La philanthropie américaine, française et anglaise, soucieuse elle aussi, d'adoucir, d'amender et de socialiser, n'a eut de cesse d'imaginer des modèles de prisons dans lesquels l'individu serait promis à une réintégration sociale par le travail, la bonne conduite et les valeurs morales. Mais le XIXème siècle a-t-il tiré profit de ces propositions de réformes ? Si le début du siècle reste en continuité avec l'Ancien Régime, la seconde République de 1848 a-t-elle permis l'humanisation du système carcéral par la mise en place de réformes sur les peines et les objectifs de cette institution ?
Afin d'évaluer l'humanisation des prisons au XIXème siècle, il semble indispensable d'étudier les modèles du système carcéral, regroupés autour du thème de la prison socialisante. Tout au long du XIXème, le désir de réformes s'est manifesté ardemment et a permis une lente humanisation des prisons. Mais la difficile réalité du système carcéral de la fin du XIXème limite fortement cette évolution.
[...] Les réformes du gouvernement provisoire de 1848 puis de la Seconde République La réaction immédiate du gouvernement provisoire fut de libérer les prisonniers politiques et d'annuler par le décret du 29 février les condamnations prononcées sous le dernier règne pour délits politiques et faits de presse. Les détenus pour dettes civiles ou commerciales sont aussi libérés. Seuls restent les prisonniers de droits communs, détenus pour crimes et délits contre les personnes et les propriétés. Le gouvernement renforce ainsi la distinction entre ces deux types de prisonniers. [...]
[...] La prison ne reste socialement tolérable que parce qu'on ne cesse de la critiquer et d'annoncer son indispensable transformation. Le XIXème siècle a vu son code pénal évoluer et la perception des délits tout autant. Mais les détenus restent exclus de la société et la réinsertion illusoire. Bibliographie - Artière Philippe, Lascoumes Pierre, Gouverner, enfermer. La prison, un modèle indépassable ? Presse de Sciences-Po, Paris - Foucault, Michel, Surveiller et punir, Naissance de la prison, Editions Gallimard, Paris 315p. - Perrot, Michelle, L'impossible prison, Recherche sur le système pénitentiaire au XIXème siècle, Editions du Seuil, Paris 318p. [...]
[...] L'exemple du scandale de Clairvaux : La nourriture y est infecte : légumes desséchés ou pourris, viande avariée fournie par un boucher qui abat clandestinement les bêtes malades de l'épizootie et introduit la viande de nuit dans la prison, pain gras et amer que les détenus ne mangent qu'avec une extrême répugnance et seulement pour échapper aux angoisses de la faim. Brûlures d'estomac et ulcères sont le moindre de leurs maux. Affamés, ils se jettent sur n'importe quoi. Il a fallu ajouter à la sciure de bois un liquide amer pour empêcher les ouvriers de la manger. [...]
[...] Au sujet de l'architecture, le modèle de Bentham, le panoptisme, s'impose peu à peu : un plan centré doit permettre une meilleure surveillance. Mais seulement 15 prisons neuves ont été construites, la plupart rectangulaires. Les autres prisons sont installées dans des bâtiments conventuels. Au total, le régime cellulaire est loin d'être réalisé. Il subsiste un certain désordre : des dortoirs entassés la nuit, travail en commun le jour, cellules communes demeurent la pratique la plus répandue. La classification par sexe et par âge reste le principe fondamental. [...]
[...] ( Il y a donc dans la première moitié du XIXème siècle, une véritable interrogation sur le système carcéral et la meilleure façon de l'améliorer et lui donner un sens dans le but d'une réintégration future des détenus. Mais entre la théorie et la réalité, l'écart est grand. Quelles ont été les réformes qui ont permis une certaine humanisation du régime carcéral ? II. Tout au long du XIXème siècle : un constant désir de réformes mais une lente progression vers l'humanisation des prisons. [...]
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