« L'Italie est une expression géographique ». C'est ce qu'a déclaré Metternich, maître de l'empire autrichien, en 1847. En effet, l'Italie est composée à cette date de 7 unités territoriales indépendantes. L'Allemagne se trouve dans le même cas de figure puisque, même si elle a été concentrée politiquement depuis l'acte final du Congrès de Vienne le 9 juin 1815 qui transforme le Saint-Empire romain germanique, composé d'environ 350 entités territoriales, en Confédération germanique, regroupant une quarantaine d'États, elle reste divisée et la Confédération germanique conserve une importance toute relative. Ces deux espaces, morcelés, éparpillés, vont connaître en 1848 la montée de mouvements unitaires se manifestant par des révolutions nationalistes. Dans toute l'Europe, ce mouvement se propage et prend le nom de « Printemps des peuples. La révolution de Palerme, le 12 janvier 1848, en marque le début. Ce processus touche à sa fin au mois d'août 1849.
L'analyse des termes du sujet et précisément l'élément de liaison « et » sous-entend qu'une comparaison peut être établie entre les mouvements révolutionnaires de 1848 en Allemagne et en Italie. On peut dès lors se demander si le Printemps des peuples est comparable dans ces deux États. L'Italie et l'Allemagne, toutes deux mues par la volonté d'un pays unifié, connaissent-ils des procédés similaires lors des révolutions de 1848 ? Plus précisément, peut-on parler du Printemps des peuples comme un processus identique et unique dans chacun de ces deux pays ou, au contraire, ce terme désigne-t-il un processus général regroupant les révolutions européennes sans pour autant que celles-ci soient comparables, autant par leurs buts que par les moyens mis en œuvre pour y parvenir ?
[...] De plus, les Etats allemands sont de taille et de poids très inégaux. L'Autriche et la Prusse, qui ont su tirer avantage du Congrès de Vienne et qui sont désormais constituées de deux blocs, l'un à l'est englobant Berlin et une partie de la Pologne, l'autre à l'ouest, sont les deux principaux Etats. De plus, il existe également une division religieuse au sein de la confédération germanique. Chaque peuple adopte la religion de son souverain. L'Allemagne protestante s'oppose à l'Allemagne catholique qui reste largement minoritaire : seuls deux Etats en 1848, L'Autriche et la Bavière, sont catholiques. [...]
[...] L'empereur d'Autriche, exclu de ce projet, conteste : le premier ministre prussien va jusqu'à Olmütz pour rencontrer son homologue autrichien, en novembre 1850. Le Prussien renonce alors au projet d'Union restreinte : c'est la reculade d'Olmütz Dès lors, le statu quo est rétabli en Allemagne et la Diète de Francfort est rétablie. En Allemagne comme en Italie, l'ordre de 1815 dicté par le congrès de Vienne est rétabli. En définitive, l'Allemagne et l'Italie qui, en 1848, possèdent des origines comparables, ont toutes deux été portées lors du Printemps des peuples par un désir commun d'unification et de libéralisation. [...]
[...] ROMANO, Histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, Points - J. ROVAN ; Histoire de l'Allemagne, Points - N. BOURGUINAT et B. PELLISTRANDI, Le XIXe siècle en Europe, Armand Colin, Paris, 2007. [...]
[...] Le résultat est le même : les mouvements révolutionnaires sont étouffés et l'ordre d'antan restauré. Cependant, on peut constater des divergences. Les courants unitaires qui animent les deux pays au début de l'année 1848 sont différents dans leur mise en œuvre même si le but reste le même. L'émancipation allemande est davantage passée par l'Allemagne des princes tandis que l'Italie connaît plus l'Italie des peuples. Ces divergences s'accentuent à la suite des évènements de 1848 puisque, au lendemain des processus aboutissant à leur réelle unification, l'Allemagne et l'Italie ne peuvent être comparées dans leur nature ni leur essence. [...]
[...] Les conquêtes napoléoniennes et la Révolution française font naître l'idée du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La légitimité du pouvoir dynastique conféré au souverain est bientôt remise en cause au profit de l'idée que la nation doit faire l'Etat. Peu à peu, en Allemagne et en Italie, l'idée de souveraineté nationale se développe et se répand tandis que les pouvoirs traditionnels chutent. Dans le même temps, des mouvements unitaires se mettent en place. Une union douanière, la Zollverein, regroupe les Etats allemands depuis 1833. [...]
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