Facteur d'éducation et de démocratisation, la presse a acquis sa liberté en France au prix de luttes incessantes contre la Monarchie et l'Empire jusqu'à la fin du 19e siècle. Pourtant inscrite dans la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, la liberté de l'information ne s'est installée définitivement qu'avec l'instauration de la Troisième République et sa loi sur la liberté de la presse en 1881. Néanmoins, l'histoire de la presse est aussi marquée par la recherche incessante d'une plus grande indépendance par rapport aux pouvoirs politiques.
Cependant, lors de la deuxième guerre mondiale, la presse est soumise à un intense contrôle effectué par l'Occupant mais aussi par le gouvernement de Vichy. En effet, après la débâcle de mai juin 1940 et durant l'Occupation, se met en place une guerre de l'information, opposant d'une part les journaux clandestins et émissions françaises de la BBC à la presse contrôlée par l'Allemagne et Vichy. Cet exposé met de côté l'étude de la presse clandestine et ne traite que des années sombres de la presse française qui comme l'écrit M. Lévy en 1975, vit "captive, comme la nation qu'elle avait théoriquement pour mission d'informer". Néanmoins, outre la survie d'une presse muselée, apparaît un éventail de titres voués à la cause de Berlin qui s'engagent alors dans la voie de la collaboration.
Par conséquent, pour quelles raisons peut-on dire que la presse française vit à "l'heure allemande"? Ainsi, lors de la "drôle de guerre", le gouvernement tente tout d'abord de contrôler le contenu des médias mais cela est inefficace. Ensuite, après la débâcle de mai-juin 1940, la presse française est désormais sous contrôle allemand dans la zone Nord et sous contrôle de Vichy dans la zone Sud.
[...] Le 8 octobre 1940 est relancé le Petit Parisien. Rédigé comme avant la guerre, gardant une certaine distance par rapport à la propagande de l'Occupant, ce grand organe d'information retrouve rapidement son public. Quant au Cri du Peuple, il s'agit du journal de Jacques Doriot et de son Parti Populaire Français. Maréchaliste, alors que le reste de la presse parisienne milite plus ou moins contre le gouvernement de Vichy, Le Cri du Peuple bénéficie de l'appui de la Propaganda Abteilung. [...]
[...] Les hebdomadaires, surtout de gauche, ne résistent pas au régime de Vichy et disparaissent. C'est le cas par exemple de Marianne. En revanche, Gringoire, dirigé par Henriot, devient le premier hebdomadaire de la zone Sud : il s'affiche anti-anglais, antisémite et anticommuniste. Candide, qui continue également de paraître, se montre un partisan attentif du maréchal Pétain. Mais les deux piliers du régime sont des quotidiens : L'Action française et le Petit Journal. Vichy crée aussi ses propres organes. Ils sont l'expression de la Révolution Nationale mais aussi la justification de l'antisémitisme, de la lutte contre les bolcheviques et les francs-maçons : l'Espoir français, La Légion, La Voix ouvrière, La Voix Paysanne et deux journaux pour la jeunesse : Benjamin et Jeunesse France. [...]
[...] Radio-Stuttgart menacerait également telle ou telle ville de bombardements. Cependant, l'omniscience de Radio-Stuttgart est un mythe tout comme celui de la 5e colonne (expression inventée par la propagande de Franco). En effet, cette 5e colonne d'espions allemands n'a jamais existé. La guerre immobile a donc conduit les Français à s'auto intoxiquer. Le mécontentement dû à un hiver long et rude, la xénophobie, le sentiment d'infériorité et de peur envers les Allemands ont provoqué toutes ces affabulations. L'ennemi ce n'est pas l'Allemand, c'est le Français. [...]
[...] Il n'y en eut plus que 43 en 1942- 1943, soit une diminution de 82%. Cependant, dès son arrivée à Paris, l'ambassadeur Abetz s'efforce d'augmenter le nombre des journaux tout en élargissant leur éventail politique. Selon lui, les occupants doivent éviter de donner l'impression de favoriser la seule droite, afin d'orienter les diverses tendances de l'opinion au mieux des intérêts du Reich. À l'extrême gauche, La France au travail, est chargée de conquérir les milieux ouvriers en copiant l'Humanité. Disparu en mai 1941, ce quotidien est remplacé par une France socialiste. [...]
[...] En outre, il ne faut pas négliger l'utilisation massive par l'Allemagne de la propagande afin d"intoxiquer moralement l'adversaire. La "5e colonne" et le mythe de Radio-Stuttgart En effet, cette utilisation de la propagande (où Goebbels joue un rôle primordial) s'avère une redoutable arme. Elle consiste notamment en de nombreux lâchers aériens de tracts mais s'effectue aussi par l'intermédiaire de la radio, moyen de propagande nazie par excellence. Les nazis ont une radio à ondes courtes, Zeesen, diffusant sur l'Europe en 1939, 71h30 d'émissions en diverses langues. [...]
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