Pratiquement cent ans après le début de la Première Guerre mondiale, la première chose à laquelle nous pensons lorsque nous évoquons les conditions du déclenchement de celle-ci, est l'engrenage des alliances qui aurait fatalement conduit au conflit généralisé. Mais la Première Guerre mondiale était-elle si inéluctable ? Les raisons ne sont-elles pas à rechercher dans un temps bien plus antérieur aux années précédant la guerre ? Au fond, la Première Guerre mondiale ne prolonge-t-elle pas une crise profonde qui avait débuté au XIXe siècle, à savoir la question des nationalités et la question allemande ? Notre tâche consistera ici, en ce sens, à voir quel était cet assemblage d'éléments qui a conduit au conflit mondial. Nous verrons d'abord que ce qui a conduit les différents Etats à entrer en rivalité les uns avec les autres, c'étaient leur fragilité intérieure due à des difficultés grandissantes des Etats à asseoir leur pouvoir, elle-même doublée d'une situation de compétition économique entre Etats. Nous verrons ensuite que c'est cette rivalité qui a conduit les différents systèmes d'alliances à entrer en compétition sur le plan colonial, sur le plan des effectifs de l'armée et de l'armement et sur le plan de l'influence dans les Balkans, ce qui a d'autant plus accru les tensions en Europe, surtout entre les deux systèmes d'alliances qui se sont formées. Enfin, nous nous demanderons si la guerre pouvait tout de même être évitable même après l'attentat de Sarajevo. Finalement, est-ce cet attentat qui a déclenché le premier conflit mondial ? Tels seront les termes et les enjeux de cette question.
À la veille de la Grande Guerre, les puissances européennes connaissent des difficultés intérieures. Celles-ci se doublent d'une compétition économique exacerbée.
Les difficultés intérieures des territoires comme la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, trouvent leur source dans les poussées sociale-démocrate, socialiste et anarchiste qui se font jour (...)
[...] À plusieurs reprises, l'Europe a failli connaître la guerre à la fin du XIXe siècle, notamment en 1898, où la France et l'Angleterre sont au bord de la rupture à propos de l'Egypte. Il en est allé de même lors des crises marocaines de 1905 et 1911. Pourtant, ce n'est qu'en 1914 que le feu aux poudres prend. Lors de la première crise marocaine, l'Allemagne cherche à briser l'alliance franco-britannique. Le Maroc est à l'époque un État indépendant mais le gouvernement du sultan est décadent. [...]
[...] A la fin de la guerre, le président américain Wilson, exigera dans ses Quatorze Points, une politique européenne fondée sur la plus grande clarté et franchise possibles. Nous nous sommes demandé tout au long de cette réflexion si le premier conflit mondial pouvait être évitable mais aussi si ce sont bien les éléments que l'on pense générale qui l'ont déclenché, qui l'ont véritablement déclenché. Nous nous sommes posé, en clair, la question de savoir s'il n'y avait pas eu des raisons bien plus antérieures. [...]
[...] Les opinions publiques européennes sont animées par le nationalisme. En France, par exemple, en vue de la préparation de la revanche, l'armée joue un rôle de premier plan. En 1913, de violents débats ont lieu à la Chambre à propos du rétablissement des trois ans de service militaire (au lieu de deux). Des ligues nationalistes émergent aussi, comme la Ligue des patriotes de Paul Déroulède. Les écrits de Maurice Barrès et de Charles Péguy exaltent le nationalisme et célèbrent la guerre annoncée. [...]
[...] À Paris, les avis sont partagés : Delcassé, ministre des Affaires étrangères, est partisan de la fermeté tandis que Rouvier, ministre des Finances, cherche à négocier. Finalement, mis en minorité, Delcassé doit démissionner en juin 1905. En janvier 1906 la solution de la négociation l'emporte et la conférence d'Algésiras réunit les principaux pays européens avec les États-Unis et le Maroc. L'Allemagne se retrouve en minorité, la majorité des pays soutiennent la France. Une deuxième crise intervient à propos du Maroc en 1911 : l'acte d'Algésiras n'avait pas donné à la France la liberté d'action au Maroc. [...]
[...] L'Europe reste néanmoins le centre du monde avant 1914. La domination européenne s'exprime d'abord économiquement. La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne cumulent près de 50% du commerce mondial en 1900 alors que les États-Unis ne représentent que 10%. Les produits européens sont omniprésents. C'est l' usine du monde : elle importe des produits primaires à faible valeur ajoutée et exporte essentiellement des produits manufacturés. L'industrie est donc importante : elle occupe près de la moitié des actifs en Angleterre et en Allemagne. [...]
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