La Grande Guerre cumule des caractéristiques impensables pour des contemporains. C'est une longue guerre, totale et mondiale alors que les responsables comme les citoyens s'attendaient à une guerre de quelques semaines culminant dans une ou deux batailles décisives comme à Sadowa en 1866 ou à Sedan en 1870. Ensuite un congrès européen, un siècle après celui de Vienne, instaurerait un nouvel ordre européen négocié entre les puissances. Ces illusions survivent plusieurs années malgré les surprises de la guerre.
A l'avant, l'équilibre de départ, paradoxalement consolidé par les échecs de l'été 1914, devient inébranlable ; la guerre se joue alors à l'arrière sur le front économique et social : l'Europe dans son ensemble, y compris les neutres, doit engager toutes ses forces ; mais c'est insuffisant, il faut faire appel au reste du monde. Dans la perspective d'une guerre de quelques semaines, on s'était accommodé de préparatifs élémentaires et d'une interruption provisoire de la vie économique. Dès l'automne 1914, il faut déchanter, les économies entrent dans une longue phase d'ajustement pour suivre l'évolution des stratégies et des armements.
[...] Ce sont néanmoins les femmes qui constituent la principale réserve de main-d'œuvre. Leur part dans la main- d'œuvre industrielle augmente d'un tiers en moyenne (elle atteint 15% en France en Allemagne et en Grande-Bretagne). Elles jouent un rôle décisif dans l'agriculture et le tertiaire où elles investissent définitivement les Postes et l'enseignement primaire. Ce sont justement les femmes qui font partie des nouvelles forces sociales ayant émergé durant la Première Guerre Mondiale. C. L'émergence de nouvelles forces sociales La guerre a amorcé la mutation du rôle social des femmes. [...]
[...] Les anciens combattants constituent néanmoins une nouvelle catégorie sociale et politique. Ils influencent à des titres divers l'évolution politique intérieure et internationale des pays européens durant tout l'entre-deux-guerres. Nous pouvons ainsi évoquer l'association des Croix de Feu, fondée le 26 novembre 1927 par Maurice d'Hartoy. Pour conclure, si la Première Guerre Mondiale est une guerre totale, c'est qu'elle touche un espace planétaire, mobilise une masse humaine et la plonge dans une violence extrême, suscite recherche scientifique, innovation technique, mobilisation industrielle et financière et s'accompagne d'une propagande omniprésente et multiforme. [...]
[...] Cependant ce n'est pas que sur le front que la mobilisation humaine a été nécessaire, la Première Guerre Mondiale a fait l'objet d'un ralliement général à l'effort de guerre. B. Un ralliement général à l'effort de guerre La guerre n'aurait pas été totale sans la mobilisation des civils, notamment pour fabriquer les armes et les munitions. L'appel à la contribution financière de ces civils est présenté comme un effort de guerre nécessaire et complémentaire de l'effort militaire. Le 4 août 1914 est née l'idée d'Union Sacrée, elle fait référence à la trêve entre l'ensemble des forces politiques, au nom de la défense de la nation. [...]
[...] C'est pourquoi la France et l'Angleterre mettent en commun leurs ressources, prêtent 4,3 milliards de dollars à leurs alliés, et servent de garants pour l'ensemble de la coalition auprès des fournisseurs américains. Nous avons pu voir dans cette première partie que la victoire militaire de l'Entente a été préparée sur le terrain économique au prix de déséquilibres durables et généralement mal perçus. Cependant la Première Guerre Mondiale ne se résume pas à cette dimension économique, si la guerre est totale, c'est également dans sa dimension sociale. [...]
[...] L'aviation, peu développée en 1914 devient une arme à part entière : il y avait 650 avions de combat en 1914, on en produit durant le conflit. Par ailleurs la mobilisation voit l'apogée du rôle des chemins de fer en Europe mais aussi leurs limites : ces infrastructures fixes sont vulnérables et leur entretien mobilise beaucoup trop de personnel. C'est ainsi que la Première Guerre Mondiale voit l'émergence de l'automobile. Nous pouvons donc bien comprendre à travers ces différents éléments l'importance des moyens économiques qui doivent être mis en œuvre pour assurer cette guerre industrielle et technologique, néanmoins limitée par l'insuffisance des ressources nationales. [...]
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