Poudrière des Balkans, nationalisme, péninsule balkanique, revendications autonomistes, guerres balkaniques, 28 juin 1914
« Les Balkans sont la croisée des chemins maritimes et terrestres qui vont d'Europe en Asie.
Ils devaient être la rencontre des États se disputant les carrefours de la Méditerranée orientale. Les nations balkaniques ne sont point isolées : leur sort ne dépend pas exclusivement d'elles. Impossible de comprendre la politique interne de ces peuples si l'on oublie le rôle des puissances européennes.» Dans son analyse des Peuples et nations des Balkans de 1926, Jacques Ancel souligne clairement l'extrême complexité existant dans la péninsule d'Europe du sud-est. C'est en effet l'imbrication d'un double jeu des « politiques intérieures » (c'est-à-dire des facteurs ethniques, religieux, sociaux et autres qui déterminent les conflits) et de l'action des puissances européennes (agissant sur ces facteurs afin d'obtenir des avantages) qui donne à cette région et à ses conflits une ampleur et une force européennes.
[...] Elle voit également ses intérêts menacés dans la région. De son côté, l'Autriche-Hongrie s'estime spoliée parce qu'on ne lui a pas donné la Bosnie-Herzégovine. Bismarck invite alors à Berlin les puissances européennes et la Turquie de juin à juillet 1878, pour négocier un nouvel accord de paix. Certaines clauses de cet accord accroissent notablement l'influence des puissances occidentales dans la région : - l'Autriche-Hongrie occupe et administre la Bosnie-Herzégovine - Chypre est cédée à la Grande-Bretagne - la Grande-Bretagne devient la protectrice officielle des juifs de l'Empire ottoman - la France devient la protectrice officielle des chrétiens maronites et catholiques de l'Empire ottoman Au tournant de 1890, après le départ de Bismarck, le nouvel empereur allemand Guillaume II renonce à faire fonctionner dans le même système d'alliances l'Autriche-Hongrie et la Russie, dont les rivalités s'accentuent dans les Balkans. [...]
[...] C'est pourquoi ils se livrent entre eux une seconde guerre balkanique : tandis que les Bulgares attaquent les Grecs et les Serbes en juin 1913, ils sont pris à revers par les Roumains et les Turcs. Au traité de Bucarest, le 10 août 1913, les Bulgares, vaincus et responsables des hostilités, sont contraints de céder une partie de leur territoires à la Turquie et à la Roumanie. La Macédoine est démembrée et partagée entre la Serbie, la Grèce et la Bulgarie. [...]
[...] Plus tard, en 1859, l'union de la Moldavie et de la Valachie donnent naissance à la Roumanie, qui reste toutefois vassale de l'Empire Ottoman. En 1863, les Britanniques cèdent les îles ioniennes aux Grecs. D'autres peuples, occupés aussi bien par les turcs que par les austro-hongrois, manifestent leur volonté d'autonomie. Mais ces manifestations, plus ou moins organisées, plus ou moins violentes, ne se font pas sans peine : en avril 1876 l'armée ottomane perpètre le massacre de près de bulgares qui, dans le cadre de révoltes fiscales, tentent de s'insurger. [...]
[...] Le conflit russo-turque de 1877 à 1878 en est une parfaite illustration. Suite aux massacres bulgares et à un coup d'Etat à Constantinople, les Russes, dans un devoir de libérer les peuples slaves encore sous la domination turque, prônent la constitution d'une confédération panslave qui irait de l'Elbe à l'Adriatique. La Russie, la Roumanie et la Serbie s'allient et vainquent les Turcs, et en mars 1878 les belligérants signent le Traité de San Stefano qui a d'importantes conséquences géographiques dans la péninsule balkanique : la Serbie, le Monténégro et la Roumanie sont officiellement indépendantes, la moitié nord de la Bulgarie devient indépendante tandis que la moitié sud, nommée Roumélie orientale, reste province ottomane. [...]
[...] II - Les Balkans au coeur des tensions entre grandes puissances (1878-1908) A. Le champ d'affrontement des impérialismes Aussi les Balkans deviennent à partir des années 1875 le champ d'affrontement des impérialismes. On comprend donc que la création de nouveaux États monarchistes que sont la Grèce, la Serbie la Roumanie, et plus tard la Bulgarie et l'Albanie, soit encouragée par les Empires d'Autriche-Hongrie et de Russie, qui souhaitent dépecer l'Empire Turc, décrit comme étant «l'homme malade de l'Europe» par le prince Alexandre Gorchakov, chancelier du Tsar. [...]
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