Pour Eric Hobsbawn, « l'action même de démocratiser la politique, c'est-à-dire de transformer des sujets en citoyens, tend à produire une conscience populiste ». Le phénomène de démocratisation de la politique a lieu tout au long du XIXe siècle en Europe et aux Etats-Unis et c'est pourquoi des mouvements populistes émergent. Le populisme pourrait être une espèce particulière de démagogie, signifiant étymologiquement « celui qui conduit le peuple ». Toutefois, pour arriver à cette fin, le démagogue est près à tout et surtout prêt à flatter les foules. Pourtant, le populisme va au-delà et Margaret Canovan le définit comme une forme d'action polémique aux contours très vagues, qui sous le couvert d'un discours centré sur le peuple, s'efforce avant tout de provoquer une forte réaction émotionnelle dans le public auquel il s'adresse. À cette fin, le populisme relaye souvent le rêve populaire d'abolir la barrière entre ceux d'en bas et ceux d'en haut. Le populisme se caractérise également par une temporalité antipolitique : la réponse des populistes à des problèmes ou à des aspirations que nulle action gouvernementale n'a en réalité la faculté de résoudre est prétendue instantanée.
Nous nous demanderons ce qui caractérise le populisme en étudiant les mouvements fondateurs, d'abord en Russie et aux Etats-Unis où Narodniki et People's Party se revendiquent comme tels puis en France où l'on désigne a posteriori le boulangisme comme populisme.
[...] Le populisme revendiqué diffère d'un mouvement qualifié par la suite et par des observateurs extérieurs de populiste. Ainsi, en France aucun cénacle d'intellectuels marginaux ou de formation partisane ne s'est jamais appelé populiste et pourtant, ce phénomène de réaction et d'intégration de la modernité y a existé et y existe encore. Le mot populisme entre dans le dictionnaire en 1929 en référence à un courant littéraire. Toutefois, la fièvre boulangiste secouant la France à la fin des années 1880 a pour terrain le terreau des poussées populistes modernes. [...]
[...] Il erre entre la Belgique et Londres avant de se suicider le 30 septembre 1891 sur la tombe de son ancienne maîtresse. De même, parce qu'il s'agit d'« fusion d'un Etat fort et d'une démocratie directe (Marc Crapez), d'un mouvement d'alternative républicaine (Odile Rudelle), la crise boulangiste a une nature populiste. L'assise urbaine du général Boulanger recoupe tous les groupes sociaux. Les bonapartistes adhèrent massivement. La modernité se manifeste dans le mode d'émergence et la nature éphémère du mouvement symptomatique des convulsions affectant les sociétés avancées de façon chronique à cause de dépression économique, politique ou morale. [...]
[...] À cette fin, le populisme relaye souvent le rêve populaire d'abolir la barrière entre ceux d'en bas et ceux d'en haut. Le populisme se caractérise également par une temporalité antipolitique : la réponse des populistes à des problèmes ou à des aspirations que nulle action gouvernementale n'a en réalité la faculté de résoudre est prétendue instantanée. Nous nous demanderons ce qui caractérise le populisme en étudiant les mouvements fondateurs, d'abord en Russie et aux Etats-Unis où Narodniki et People's Party se revendiquent comme tels puis en France où l'on désigne a posteriori le boulangisme comme populisme. [...]
[...] L'assise populaire et les mouvements populistes s'alimentent mutuellement. En Russie et aux Etats-Unis, le peuple, ces intellectuels slavophiles rêvant à la paysannerie ou ces fermiers blancs et protestants sont la base de ces mouvements identitaires et ethnocentrés alors qu'en France c'est la figure charismatique d'un leader qui centralise les rancoeurs contre la jeune IIIe République. Le rassemblement populaire précède ou suit le mouvement et détermine dans une certaine mesure si celui-ci se revendique populiste ou non. Dans un pays, comme la France, être populiste est une quasi-insulte du fait que c'est toujours le second processus qui a eu lieu : jamais une formation ou un homme ne s'est réclamé populiste pourtant nombreux l'ont été. [...]
[...] Les farmers blancs en sont la base et la volonté est celle d'un retour aux vraies valeurs de l'Amérique de Jefferson avec des droits égaux pour tous et des privilèges pour personne En 1892 est fondé le People's Party, à l'issue d'une réunion d'activistes (délégations de suffragettes, alliances de fermiers, prohibitionnistes et membres du Knights of Labour), organisation rivale des deux partis établis (républicain et démocrate). Ces deux mouvements se disent populistes comme ils se réclament être le peuple : Narodniki et Farmers protègent les valeurs traditionnelles et s'insurgent contre l'occidentalisation ou l'industrialisation qui dénaturent leur patrie. [...]
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