Après plus d'un siècle d'éclipse de la scène européenne, suite au troisième partage de la Pologne en 1795, l'Etat polonais est restauré au lendemain de la Grande Guerre au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En mai 1926, le Maréchal Jozef Pilsudski, héros de l'indépendance, dirige un coup d'Etat qui clôt la période constitutionnelle de la Deuxième République et instaure progressivement un régime autoritaire, le régime de Sanacja, (« assainissement moral ») en raison du mot d'ordre prônant l'élimination de l'esprit de parti et de la corruption au sein du gouvernement, ce qui était reproché aux équipes précédentes. Durant cette période, Pilsudski, en tant que chef des forces armées, possède le pouvoir effectif. A sa mort, non seulement la question de sa succession se pose, mais aussi celle de la survie du nouveau régime. Un régime militaire _ la Pologne des colonels _ prend en charge la direction de l'Etat. Trois centres du pouvoir se dégagent progressivement chez les héritiers politiques de Pilsudski. Le premier est concentré autour du président Ignacy Moscicki et rassemble des experts en économie dont le plus remarquable est le vice-premier ministre Eugeniusz Kwiatkowski. Le deuxième centre du pouvoir correspond au ministère des affaires étrangères dirigé par Jozef Beck qui dispose d'une liberté d'action appréciable. Enfin, le troisième tourne autour de l'inspecteur général des forces armées, le maréchal Edward Rydz-Smigly, depuis novembre 1936. Son importance au sein de ce triumvirat vient de la force de l'armée et des liens qui unissent le groupe des anciens légionnaires, les généraux et les colonels du camp Pilsudski.
Que subsiste-t-il alors de l'héritage politique du Maréchal Jozef Pilsudski durant la période 1935-1939 ?
[...] Le régime des colonels clôt un quart de siècle d'indépendance agitée. Bien que l'avenir s'assombrisse et que l'étau se resserre, l'espoir subsiste. A la fin des années 30, dans son roman l'Avant-printemps, Stefan Zeromski, avait exprimé le rêve polonais d'une patrie libre et juste en évoquant ses maisons de verre claires, spacieuses et accessibles, alors que la guerre se profilait à l'horizon. C'est un brin désespéré mais néanmoins toujours irrémédiablement optimistes que les polonais appréhendent l'avenir. Bibliographie DAVIES Norman, Histoire de la Pologne, Paris, Fayard pages. [...]
[...] L'unité nationale devait permettre de faire front commun face aux ennemies. Préserver l'indépendance territoriale de la Pologne par le contrôle des zones stratégiques : Lorsque les Allemands envahirent les Sudètes, en octobre 1938, avec l'accord des puissances occidentales, la disparition de l'Etat tchécoslovaque entraîna au Sud de la Pologne la naissance d'une Slovaquie indépendante, sous protectorat allemand et gouverné par Monseigneur Tiso, ce qui constitua une menace pour la Pologne, entourée désormais d'Etats hostiles. Le colonel Beck essaya alors de poursuivre la politique d'équilibre menée par Pilsudski tout en essayant de parer au danger grandissant de l'encerclement allemand. [...]
[...] Afin d'éviter les errements de la période constitutionnelle (corruption, instabilité gouvernementale, incohérence des politiques, impossibilité de suivi des affaires, bavardages parlementaires sans fin), une concentration des pouvoirs fut opérée au sommet de l'Etat avec le renforcement du pouvoir du président élu au suffrage universel pour 7 ans : Droit de convoquer et de dissoudre la Diète et le Sénat, et de suspendre les décisions de la Diète. Chef des forces armées et représentant de l'Etat dans les relations extérieures. Droit de nommer le président du Conseil des ministres, le président de la Cour Suprême, le commandant en chef et l'inspecteur général des forces armées. Limitation du rôle de la Diète et du Sénat. Les conditions d'âge pour l'exercice du droit de vote sont relevés (24 ans), le suffrage indirect est introduit au Sénat et le principe du scrutin proportionnel est liquidé afin d'éliminer les petits partis. [...]
[...] Influencé par le darwinisme social, il prônait une Pologne ethnique mononationale considérant la nation comme un phénomène naturel. Bien que germanophobe, son modèle s'inspirait des anciens nationalistes allemands de l'Ecole Blut und Boden, à l'origine du mythe d'un lien mystique entre le sang et la terre Démocrate comme son rival Pilsudski, il était favorable à un régime autoritaire. Le nationalisme exacerbé du régime militaire des colonels, la conscience de la menace allemande, le rapprochement avec les puissances occidentales ou encore le souci de planifier l'économie peuvent être attribués à l'influence de Dmowski. [...]
[...] Que subsiste-t-il alors de l'héritage politique du Maréchal Jozef Pilsudski durant la période 1935-1939 ? Pilsudski avait pleinement conscience que la Pologne ne disposait que de quelques années de répit pour mener à bien les réformes intérieures et développer sa capacité de défense. Bien que l'existence de l'Etat et des frontières de la République Polonaise étaient garanties par les traités de Versailles et de Riga, les deux grands voisins de la Pologne, l'Allemagne et la Russie, ne parvenaient pas à se résigner à la perte de leurs territoires, oubliant qu'à l'exception de la Haute Silésie, ils s'étaient eux-mêmes emparés de ces terres à l'époque des partages. [...]
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