La politique tsariste des nationalités dans la première moitié du XIXe siècle

Résumé du document

Fort d'un espace puissant, la Russie aura pourtant du mal tout au long de ce siècle à trouver une véritable identité nationale pour assurer la stabilité du régime tsariste. La dureté des empereurs Alexandre Ier et Nicolas Ier dans la première moitié du XIXe siècle soulignera la difficulté à maintenir un ordre dans un pays éclaté et multiethnique.

La propagation des idées nationalitaires avec les guerres napoléoniennes déstabilisera le pouvoir tsariste du fait de l'éveil de mouvements nationalitaires au sein de l'empire. En 1848, alors que l'Europe occidentale est secouée par les révoltes du Printemps des Peuples, la Russie se tait ; preuve que le pouvoir en place a réussi à maîtriser efficacement les populations de son territoire.

On peut donc s'intéresser au fondement de cet ordre instauré dans tout l'Empire russe : en quoi le gouvernement tsariste permet-il le maintien de l'ordre en Russie ? Quelles sont les politiques mises en place pour faire taire les mouvements nationalitaires ?

Extraits

[...] La centralisation accrue par Alexandre 1er et Nicolas 1er dans la première moitié du XIXe siècle sera donc un élément important de la politique anti nationalitaires dans l'empire russe. La volonté de créer une Russie uniforme dans un territoire si vaste passe aussi par la recherche d'une identité commune. Nous verrons donc dans la troisième partie qui suit comment le gouvernement russe a tenté d'unifier son empire en développant le sentiment national. L'état continent que constitue l'empire russe au XIXe siècle est comme nous l'avons vu difficile à maitriser de par sa grandeur et son hétérogénéité ethnique. [...]

[...] A ce titre, la stratégie militaire de la Russie d'intervenir au cœur des révoltes dans toute l'Europe est une politique mise en place afin d'inhiber les différents mouvements nationalitaires existants au sein de l'empire russe. En prévenant les régions aspirant à un état nation de la dureté des répressions, aucune vague révolutionnaire n'aura lieu dans toute la première moitié du XIXe siècle grâce à cette politique stratégique des tsars. Toutefois, comment la sévérité et l'intransigeance des gouvernements tsaristes se concrétisent-elles dans la forme de l'empire russe ? [...]

[...] Cette politique se retrouvera essentiellement dans l'éducation. En 1833, Sergueï Ouvarov, ministre de l'Éducation sous Nicolas 1er, va théoriser les grandes lignes des programmes universitaires : Autocratie, Orthodoxie et Génie national On se réfère donc à la toute-puissance du tsar, à l'Église orthodoxe russe qui détient une influence importante dans les campagnes reculées et on appelle les Russes à se rassembler autour du Génie National Afin de former cette culture dominante, la Russie soutient la création d'universités et de revues scientifiques comme la Revue des mines, des manufactures et du commerce (1825) ou les Annales de la Patrie (1835). [...]

[...] Après des réformes déjà entamées au XVIIIe siècle suite à la conquête de l'Est (Sibérie orientale), l'état russe va tenter encore une fois de se centraliser. Le régime tsariste va se durcir dès la deuxième partie du règne d'Alexandre 1er. On va mettre en place un processus de russification des régions excentrées aux grandes villes de l'Ouest (St Petersburg et Moscou) pour tenter d'effacer par la réforme les sentiments nationalitaires. Alexandre 1er va accroitre le rôle de l'armée dans ces régions et unifier le système judiciaire dans tout l'empire. A sa mort, son frère cadet Nicolas 1er intensifiera ces réformes. [...]

[...] Avec l'échec de la guerre de Crimée en 1856, la Russie va véritablement prendre conscience de son retard économique et politique et tentera de se moderniser dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Bibliographie - Astrid Von Busekist, Nations et nationalismes (XIX et XXe siècle),Ed. Armant Colin (1998). - Marie Pierre Rey,Le dilemmerusse, la Russieetl'Europeoccidentaled'Ivan le Terrible à Boris Eltsine, Paris, Flammarion p. - Marie Pierre Rey,De la Russie à l'Union soviétique, la construction de l'empire, 1462-1953, Paris, Hachette, Carré Histoire p. [...]