La politique scolaire de Jules Ferry

Résumé du document

Jules Ferry a dominé la vie politique de 1879 à 1885, ce qui a fait dire à Jean-Marie MAYER que cette période est « le temps de Jules Ferry » : pendant ces 6 ans, Ferry détient 5 ans le portefeuille de l'Instruction publique, et il est président du conseil trois ans deux mois et vingt-cinq jours. On observe une remarquable stabilité gouvernementale.
C'est une période cruciale pendant laquelle les républicains de gouvernement fondent la III°République. Après la mort de Gambetta, Ferry incarne le visage du régime et il est bien à ce titre un des « pères » de la République.
Vainqueurs, les républicains vont se diviser entre radicaux et modérés. Ferry appartient à la tendance modérée (ou républicains de gouvernements). Les Modérés partagent le même programme mais ils veulent l'imposer en douceur pour ne pas effaroucher les paysans et les bourgeois. Ils veulent réformer mais en fonction des opportunités qui se présentent d'où leur qualificatifs d'"Opportunistes". Pour les opportunistes, les réformes doivent être faites de façon progressive, de manière à consolider un régime qui apparaît encore bien fragile.

Extraits

[...] La législation de l'école laïque acquise, rien n'est portant tout à fait joué. Pour apprécier le visage de l'école primaire nouvelle, il faut encore tenir compte de la rédaction des manuels qui doivent aider les instituteurs à les traiter, de l'interprétation que ceux-ci leur donneront. Le contenu de l'enseignement laïc L'enseignement fondamental Thiers en 1848 dans De la propriété, écrivait : lire, écrire, compter, voilà ce qu'il faut apprendre ; quant au reste, cela est superflu Ferry et les républicains bourgeois estiment de même que les écoles laïques doivent, avant tout dispenser aux enfants l'enseignement fondamental. [...]

[...] Il préfère procéder par touches successives, en présentant plusieurs projets de loi qui séparent la question en une série de réformes. Pourtant de ce puzzle législatif sortira un ensemble cohérent. Pourquoi une telle méthode ? Parce que Ferry et les républicains de gouvernements doivent faire face à une opposition de droite totalement opposée à une modification des lois scolaires et à une opposition d'extrême gauche qui en veut toujours plus (=marge de manœuvre étroite). Ainsi une loi d'ensemble aurait soulevé trop d'opposition. [...]

[...] Or la sécularisation, condamnée par les catholiques, ne peut se faire que sans eux et contre eux. Cette laïcisation va se faire en plusieurs étapes : - La Première étape consiste à écarter les congrégations non autorisées de l'enseignement : c'est ce que prévoit l'article 7 du projet de loi sur la réforme de la loi de 1875 sur l'enseignement supérieur. Cet article va faire scandale puisqu'il interdit aux congrégations non autorisées d'enseigner. Or les principales congrégations ne le sont pas, et notamment la plus importante, les jésuites. [...]

[...] Ils sont progressivement remplacés par une morale républicaine. La morale républicaine Ferry dans sa lettre aux instituteurs du 17 novembre 1883 précise ce qu'il entend par morale, à savoir l'unité de la morale, la simplicité des premiers préceptes. Dans l'humble et sûre morale usuelle l'instituteur se sentira à l'aise. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et en vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce que qu'il vous entendrait dire ? [...]

[...] Le projet de loi est déposé en juin 1881 et il est adopté le 28 mars 1882 (entre temps, les républicains ont conquit en janvier 1882 la majorité au Sénat). Cette loi prévoit la laïcisation des locaux et des programmes de l'école primaire. - La Troisième étape c'est la loi Goblet du 30 octobre 1886 qui laïcise le personnel de l'enseignement primaire. Même si Ferry n'est plus au gouvernement depuis mars 1885, on peut considérer que cette loi s'inscrit dans la continuation de son œuvre scolaire. Cette loi n'est qu'une simple mesure d'application de la loi du 28 mars 1882. [...]