'Les livres sont la lumière qui guide la civilisation.'(Franklin D. Roosevelt). Le livre est, en effet, depuis le Moyen Âge, le principal support des connaissances scientifiques et des idées philosophiques. La prédominance de ce support pousse très tôt l'État puis les pouvoirs publics à l'encadrer et à limiter la liberté d'expression des écrivains, d'abord par la censure. L'action publique en matière littéraire n'est cependant pas uniquement coercitive comme nous allons le voir. Nous nous devons d'abord de définir précisément ce qu'est une politique publique du livre : il s'agit de 'l'ensemble des dispositifs politico-administratifs qui alimentent les liens entre l'Etat et les individus ou les groupes qui sont engagés à titres divers dans la production intellectuelle et matérielle du livre' ce qui consiste à intervenir sur la 'chaîne du livre' de l'élaboration de l'ouvrage jusqu'à sa mise à disposition auprès des acheteurs.
La politique publique du livre est à distinguer avec celle de la lecture qui a pour but de favoriser la lecture des citoyens. Nous verrons que l'image sociale du livre est telle que la politique publique le concernant, en France notamment, doit être étudiée à l'aide d'une approche cognitive et normative se concentrant sur le rôle des représentations sociales et mettant en évidence l'émergence de paradigmes de politique publique. Les politiques publiques du livre s'étant surtout développées à partir de 1945, notre étude se centrera principalement sur la période comprise entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et aujourd'hui.
On peut donc se demander comment un cadre cognitif particulier, c'est-à-dire une certaine représentation sociale de la réalité, en l'occurrence une vision du livre comme un objet d'exception, peut déterminer l'orientation d'une politique publique et de son application.
[...] Il ne suffit donc pas d'imposer ces valeurs au monde politique, de proposer ses propres solutions, mais d'opérationnaliser ces valeurs. La loi de 1981, si elle consacre cette manière de voir le livre, accorde cependant une marge de que les distributeurs peuvent utiliser pour fixer un prix quelque peu différent de celui des éditeurs. Une certaine liberté laissée pour les ventes par correspondance, des soldes sont possibles si l'ouvrage est paru il y a plus de 2 ans La mise en application de la loi a également été complexe du fait de la résistance de certaines structures commerciales. [...]
[...] Schéma pour politique publique du livre, mais que l'on peut généraliser à toute politique publique. Si la loi du prix unique du livre ne semble pas encore mise en danger par des directives européennes souvent qualifiées de libérales la politique publique du livre en France ne peut cependant se permettre de rester sur ces acquis. Face à la constante transformation des cadres culturels au sein de l'économie numérique dans laquelle nous vivons, l'Etat semble devoir continuer à se mobiliser afin d'éviter une fin du livre tant de fois annoncée. [...]
[...] Le jugement de cette institution présente cependant des conséquences tout autres que celles espérées par Leclerc : en affirmant que la loi n'était pas incompatible avec le doit communautaire, il ne fait qu'enraciner cette disposition législative. L'application de ce paradigme de l'exception littéraire est surtout retardée par la lenteur de la justice et la faiblesse des condamnations. Les libraires portent plaintes contre les chaînes de grande distribution ne respectant pas la loi, mais cette action judiciaire longue et pénible ne provoque souvent qu'une simple injonction tardive envers le contrevenant. L'action publique semblant être mise en difficulté, l'Association pour le Développement de la Librairie et de la Création est créée en 1989. [...]
[...] Les éditeurs prônent l'adoption du prix unique, c'est-à-dire que le prix fixé par l'éditeur soit le même que le prix de vente. Cette solution paraît simple et symbolique et va être utilisée comme un instrument par ces éditeurs afin de promouvoir leur vision du champ du livre. Pourtant, cette vision ne s'impose pas immédiatement et est concurrencée par second paradigme concernant le champ du livre davantage centré sur une vision libérale de celui-ci et du monde en général. On est en fait au cœur d'un affrontement entre les défenseurs du paradigme selon lequel l'économie prime sur la culture et les défenseurs du postulat la culture prime sur l'économie aussi appelée paradigme de l'exception du livre. [...]
[...] Les différentes formes de politique publique du livre engagées sous Jack Lang n'ont rien perdu de leur légitimité à l'heure actuelle. Un important consensus entoure la loi du prix unique, des manifestations littéraires afin d'assurer une promotion à grande échelle des ouvrages sont toujours d'actualité malgré l'émergence de supports numériques souvent craints par les différents acteurs du champ du livre. Si la loi Lang sur le prix unique semble très enracinée dans les représentations collectives, elle nécessite cependant, comme la plupart des décisions publiques, des modifications et des adaptations afin de s'adapter aux différentes situations contextuelles. [...]
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