Mussolini n'a pas écrit Mein Kampf ; il n'a pas de projet d'expansion clairement établi, aussi bien au niveau des objectifs que des moyens. Dès lors, toute la problématique de la politique extérieure de l'Italie fasciste sera de tenter de définir clairement, à la fois, le lieu et le degré de son expansion et les moyens désignés pour arriver à celle-ci. Nous verrons dès lors que deux phases se dessinent ; une première allant de la prise du pouvoir à la guerre d'Éthiopie, où l'Italie oscille entre révisionnisme et politique modérée (I), et une deuxième où l'Italie s'oriente vers une politique extérieure réellement fasciste qui finalement la perdra (II)
[...] Comment expliquer cette fuite en avant de l'Italie fasciste ? Notons d'abord qu'elle tient essentiellement à la personnalité de Mussolini. Nombres de dignitaires fascistes ont en privé exprimé leurs craintes vis-à-vis de l'alignement sur Berlin. Ciano, ministre des affaires étrangères depuis 1936, fait partie de ceux-là. C'est bien lui qui signe le Pacte d'acier en1939, mais c'est parce qu'il lui faut obéir au Duce. Mussolini agit d'abord par pragmatisme. Il constate la facilité avec laquelle Hitler réussit ses coups de force et, au contraire, la passivité et la faiblesse des démocraties. [...]
[...] Fin août 1923, un incident à la frontière gréco-albanaise coûte la vie à plusieurs observateurs italiens. De façon tout à fait disproportionnée, Mussolini fait bombarder Corfou. Une démonstration navale britannique le ramène à la raison et l'affaire se termine dans la conciliation. On peut aussi donner l'exemple de la réaction de Mussolini au protocole Herriot-MacDonald en 1924, qui prévoyait l'arbitrage obligatoire ainsi que l'intervention militaire automatique de la SDN en cas de conflit. Mussolini rejète violemment une telle réforme, considérant que mettre au point un système de sécurité contre l'agression, c'est arrêter le cours de l'histoire 1926 : un tournant révisionniste à la cohérence et aux résultats limités Une rupture importante dans la politique extérieure italienne a lieu en 1926, symbolisé par la démission d'un Contarini irrité par les coups d'éclat de Mussolini. [...]
[...] Autre aberration de cette politique danubienne, le soutien apporté à la tentative d'Anschluss économique de 1931. L'Anschluss (en créent une grande Allemagne) ne pourrait en effet que mettre en position de faiblesse l'Italie, voire même la menacer. La politique méditerranéenne répond à la même incohérence. L'Italie affirme ouvertement ses vues sur la Syrie et lance une vive propagande en Tunisie, où la minorité italienne est importante. Mais que peut y espérer l'Italie, si ce n'est se mettre encore plus à dos la France ? [...]
[...] Pourquoi alors cette ébauche Internationale fasciste ? Il semble que Mussolini ait eu plusieurs buts. D'abord, créer dans chaque pays un parti italien puissant pour faire en sorte que ces pays, en particulier les démocraties, acceptent mieux les éventuels coups de forces à venir de l'Italie (Mussolini pense déjà à l'Ethiopie).De plus, Mussolini cherche à éviter que le champ d'attraction du nazisme ne se développe trop, tout particulièrement en Autriche. Il convient donc d'occuper le terrain en premier. Enfin, Mussolini n'exclut pas la possibilité de coups d'Etat fascistes dans des petites puissances, qui pourraient alors devenir des satellites ou au moins des alliés proches de l'Italie (c'est le cas de l'Espagne, avec le soutien à la Phalange puis à Franco). [...]
[...] Premièrement, il se méfie de l'Allemagne nazie. Au-delà du mépris pour son idéologie raciste (Mussolini déclare ainsi en 1934 Trente siècles d'histoire nous permettent de regarder avec une pitié souveraine certaines doctrines d'au-delà des alpes il craint un Anschluss qui mettrait à mal sa politique danubienne, et pourrait même menacer le nord de l'Italie (le Haut Adige, annexé en 1919, contient une forte minorité germanophone). Cela l'amène à réagir vivement à la première tentative d'Anschluss en juillet 1934 ; l'Italie envoie très vite deux divisions militaires à la frontière autrichienne ; Hitler est contraint à céder. [...]
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