Ce texte est constitué d'extraits des Lettres de Madagascar de Gallieni, tirées de sa correspondance de 1893 à 1899. Ces lettres, d'un supérieur à ses subordonnés, sont en fait des documents de travail à usage interne. Ces matériaux d'ordre pratique sont réunis en 1928 car ils ont pris une dimension théorique.
Gallieni est un militaire qui en vient à remplir des fonctions d'administrateur, d'homme politique et de businessman. Sa grande polyvalence dans ces différentes fonctions est donc frappante. Auteur d'instructions pour la pacification, il est aussi Gouverneur Général de Madagascar au moment de l'écriture de ces lettres. Militaire haut-gradé ayant une expérience coloniale au Soudan et au Tonkin, il reste un homme de terrain aux actions antérieures : ce vécu dans les affaires coloniales lui permet d'appuyer ses remarques sur Madagascar par un retour d'expérience.
Ces diverses lettres sont destinées à ses subordonnés, les chefs de province, des militaires et des civils, plus jeunes et moins expérimentés que lui.
Madagascar est une vieille convoitise de la France qui y détient depuis 1643 des comptoirs commerciaux. De plus, cette île a constitué un enjeu stratégique majeur : elle se situait sur la route maritime entre l'Indochine et la métropole. La France va manifester clairement sa volonté impériale dans la région vers 1890. Une expédition militaire décidée par Ferry s'assure en 1885 quelques gages territoriaux et impose à la reine malgache Ranavalona III un protectorat français. Mais c'est en fait la politique impérialiste de la dynastie régnante qui va rapprocher la France de Madagascar. Des peuples comme les Sakalaves n'acceptaient pas de se soumettre au royaume Merina : pour échapper à son emprise, dans les années 1840, plusieurs chefs conclurent des traités avec des officiers français dans le but de se placer sous la protection de la France et d'échapper à la tutelle d'Antananarivo. Se fondant sur ces traités, la France affirma alors ses droits sur la partie nord-ouest de l'île, ce qui conduisit à une première guerre franco-malgache en 1883-1885 à l'issue de laquelle les troupes françaises s'emparèrent d'un certain nombre de points d'appui sur le littoral de l'île. A l'issue du conflit la France revendiqua un droit de contrôle sur les relations étrangères du gouvernement malgache, ce que ce dernier refusait farouchement. 1890 marque un tournant dans l'histoire coloniale de l'île : Londres et Berlin reconnaissent alors à Paris le droit d'intégrer Madagascar dans sa zone d'influence. En décembre 1894, les troupes françaises occupent Tamatave et le 30 septembre 1895, elles entrent à Antananarivo. Le 1er octobre, un protectorat français est institué. En 1896, la monarchie est abolie et l'île totalement intégrée au domaine colonial français. La victoire face à un puissant mouvement nationaliste, écrasé avec une grande vigueur, permet à la France d'achever sa totale prise de contrôle de Madagascar.
Ce texte se focalise sur les problèmes d'ordre économique ; l'insécurité, les conflits, les rébellions ou la violence latente ne sont pas traités ici. Mais on voit que, malgré la situation apparemment peu tendue, c'est l'armée qui centralise toutes les initiatives. Elle devient l'outil qui permettra d'instaurer un profit économique et commercial à la métropole.
La politique économique française à Madagascar dans les années 1890 fait ainsi appel à l'armée et l'instrumentalise dans un but avant tout commercial et de profit. Toutefois cette entreprise n'est pas dénuée d'une recherche certaine d'éducation et d'acculturation des indigènes malgaches. Mais ce pragmatisme dans la gestion de Madagascar ne fait pas oublier les menaces des puissances étrangères ou coloniales dans la quête française d'autorité sur l'île.
[...] Il y a dans cette initiative une volonté avouée d'implanter l' influence française ainsi que la langue les habitudes (l.38). III. Le danger de la prise d'influence de puissances étrangères dans un espace fragilisé par des rayonnements occidentaux multiples La menace anglaise : une concurrence déjà ancienne - L'importance des Britanniques est ancienne dans la région : ce sont eux qui ont fourni des armes modernes à la dynastie du royaume Merina dont la reine Ranavalona 1ère est issue, dans les guerres pour l'accession au pouvoir. [...]
[...] Je suis en conférences constantes avec quelques-unes de nos maisons françaises, la maison Pagnoud de Lyon, la maison Delacre, la maison Bonnet, etc. pour trouver les moyens pratiques d'arriver à évincer définitivement du marché de Madagascar les tissus étrangers. II y a surtout une certaine marque Cabot particulièrement affectionnée par les indigènes et qu'il s'agit de remplacer par une marque analogue française. J'ai conseillé à us maisons françaises de prendre comme marques de leurs étoffes des attributs patriotiques, drapeaux français, soldats de notre armée, Jeanne d'Arc, etc. [...]
[...] Par cette prise d'ampleur de l'armée dans l'outil d'administration et de gestion de l'Empire, l'officier colonial devient une sorte de missionnaire, tâchant de faire prospérer sa province avec pragmatisme. Bibliographie _Les armes retournées, colonisation et décolonisation française, André Nouschi, éd Belin _Culture coloniale, la France conquise par son Empire 1871-1931, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, éd Autrement _L'Afrique au 20e siècle, Hélène d'Almeida Topor, éd Armand Colin. [...]
[...] - En réponse à la croissance des flux commerciaux en provenance des USA, Gallieni souhaite augmenter encore plus les tarifs douaniers, afin de léser les importations américaines de tissus. On perçoit donc ainsi la nécessité d'adopter des mesures drastiques face à l'ampleur prise par les produits étrangers, et notamment américains. Conclusion La correspondance de Gallieni constitue un véritable vade-mecum colonial qui souligne que la colonisation a pour fin de gagner les cœurs et les esprits, mais aussi d'imposer les produits de la métropole aux indigènes. [...]
[...] Mais c'est en fait la politique impérialiste de la dynastie régnante qui va rapprocher la France de Madagascar. Des peuples comme les Sakalaves n'acceptaient pas de se soumettre au royaume Merina : pour échapper à son emprise, dans les années 1840, plusieurs chefs conclurent des traités avec des officiers français dans le but de se placer sous la protection de la France et d'échapper à la tutelle d'Antananarivo. Se fondant sur ces traités, la France affirma alors ses droits sur la partie nord-ouest de l'île, ce qui conduisit à une première guerre franco-malgache en 1883-1885 à l'issue de laquelle les troupes françaises s'emparèrent d'un certain nombre de points d'appui sur le littoral de l'île. [...]
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