« Il faut mettre en avant les hommes très considérables qui expriment l'opinion des honnêtes gens », déclare Thiers dans l'un de ses discours, pointant ainsi du doigt la nécessité, à ses yeux, de valoriser la bourgeoisie sur le plan politique. Ce faisant, cet orléaniste devenu favorable à la République en 1871-1872 s'inscrit dans le droit fil de la monarchie de Juillet, régime tenu par le roi bourgeois par excellence qu'entait Louis-Philippe. Groupe social fort d'un certain capital économique, politique et culturel, la bourgeoisie, plutôt bien placée dans la hiérarchie sociale, renvoie étymologiquement aux habitants du bourg, même si le terme conne aussi une relative aisance. Classe relativement hétérogène ? l'existence d'une petite, d'une moyenne et d'une grande bourgeoisie pourrait autoriser à préférer le pluriel au singulier par trop réducteur -, la bourgeoisie trouve cependant sans doute une certaine unité dans le goût de l'ordre et de la modération, favorable à la prospérité des affaires. Certes minoritaire numériquement par rapport aux ruraux (75% de la population), la bourgeoisie peut toutefois être placée parmi les élites de la nation ; aussi son rôle politique n'est-il bien sûr pas négligeable. Aux lendemains de la monarchie de Juillet, de 1848 à 1880 se succèdent différents régimes ? deux républiques, la 2e et la 3e du nom, et un empire ? aux ambitions diverses, et qui entretiennent précisément des liens divergents entre les catégories sociales et leurs attentes respectives. De fait, comment la bourgeoisie se situe-t-elle sur l'échiquier politique, quelles sont ses attentes en la matière, et quelle place le pouvoir lui accorde-t-il en retour ? Il s'agira de s'interroger sur les liens ? d'ailleurs ambigus ? qui existent entre bourgeoisie et politique, sur les modalités de l'adhésion éventuelle de la bourgeoisie à la politique menée, d'analyser dans quelle mesure celle-ci exprime ou non les intérêts de cette classe singulière, tout en insistant sur l'importance de son ralliement un régime en vigueur (...)
[...] Toutefois, si la bourgeois semble approuver le coup d'arrêt relatif aux velléités des faubourgs parisiens grâce au succès électoral des modérés, reste qu'elle est sans doute loin d'être en totale approbation avec la politique menée par les hommes du National. En effet, la République a relancé, amplifié la crise économique et financière, dans la mesure où, en raison d'un manque de confiance dans le régime, moins de capitaux sont investis, à tel point que Garnier-Pagès est amené à augmenter sensiblement les impôts , ce qui naturellement déplait à la paysannerie, mais aussi à la bourgeoisie qui, soucieuse d'ordre, s'avère également hostile à l'intervention de l'Etat,, si elle nuit à ses propres intérêts financiers. [...]
[...] II- le second empire : propose synthèse pseudo-réconciliatrice ; ms bourgeoisie volatile politique III- rép à la conquête de la bourgeoisie : rassurer . Ralliement à la rép, car ordre. [...]
[...] A cet égard, la peur des ruraux, des notables, des bourgeois joue un rôle fondamental dans ces 4 années de république. La répression exercée par le régime rassure dès lors tout particulièrement ces classes qui abhorrent le désordre, par trop nuisible à la prospérité des affaires L'élection, le 10 décembre 1848, de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence participe de cet esprit : en effet : celui-ci s'avère plébiscité par une part importante de la bourgeoisie (même si il ne faut pas trop caricaturer : certains bourgeois ont une vision plus républicaine, plus progressiste, plus sociale, dans la mesure où son programme, certes vague et volontairement ambigu, met en avant des valeurs d'ordre, de propriété, de sécurité, de prospérité, fort prisées par cette classe sociale. [...]
[...] Le plan Freycinet, en 1878, va également en ce sens : le lancement d'un vaste programme de modernisation, de grands travaux de concorde avec les vues de la bourgeoisie et facilite dans une large mesure le maintien des républicains au pouvoir. Ainsi, cette république d'affaires bénéficie, jusqu'en 1880 et au-delà du soutien de la bourgeoisie et exprime ses intérêts : ordre, stabilité, modération, orthodoxie financière, encouragement des affaires. CONCLUSION Ainsi, l'adhésion de la bourgeoisie au régime, de 1848 à 1880, s'avère toujours conditionnelle : la bourgeoisie si l'on considère, très schématiquement, qu'il s'agit d'un groupe social homogène approuve plus ou moins la politique des différents régimes selon qu'elle satisfait ou non ses intérêts et respecte ses valeurs. [...]
[...] Le souhait de se rallier la bourgeoisie impose aux républicains une ligne particulièrement modérée, en éloignant définitivement le spectre de la Terreur. Au demeurant, le centre-gauche, au pouvoir jusqu'en 1873 puis dans l'opposition, exerce pendant longtemps une grande influence sur le succès du régime auprès de la bourgeoisie (mais aussi des campagnes) et permet aux républicains de s'emparer de la Chambre des Députés en 1877 à la suite de la crise du 16 mai 1877, mais aussi du Senat en 1879 et de la présidence, après la démission de Mac Mahon. [...]
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