A partir de 1870, une fièvre expansionniste saisit l'Europe. En 1939, les premiers coups de canon de la Seconde Guerre mondiale annoncent la remise en question du système colonial. Entre ces deux dates, les colonies déploient les charmes de l'Orient, l'exotisme des paysages, les aléas d'une vie aventureuse ou la douceur de vivre d'une société de privilégiés. En contrepoint le « temps des colonies » est marqué par la guerre coloniale, la conquête, la paix du vainqueur bientôt déchirée par la guerre européenne. Les colonies sont encore le lieu de toutes les utopies : la communauté de destin entre la mère patrie et ses filles exotiques ; mais aussi le lieu de toutes les frustrations : l'impossibilité dans le cadre colonial d'échapper à ce qui reste malgré tout une domination.
Dans ce cadre, sous de nombreux aspects, en France comme dans le Monde, la Première Guerre mondiale a pu être considérée comme une rupture essentielle. La logique de la rupture est-elle de mise dans la politique coloniale française, comme les promesses passées avec les peuples dominés pendant la guerre le laissent espérer ? Ou alors, contre toute attente, c'est bien la continuité qui a prévalu ? Et ce au risque d'agrandir le fossé entre la métropole et les colonies, entre un projet civilisateur théoriquement assimilationniste et une politique coloniale ressentie comme arbitraire et injuste, un fossé finalement entre les rêves et la réalité...
[...] Dissoute théoriquement en 1929, son projet indépendantiste est repris par le Parti Populaire Algérien (PPA) fondé en 1937 et bientôt interdit (1939). Si le nationalisme algérien reste encore limité pendant l'entre-deux-guerres, il est néanmoins alimenté par l'absence de réformes de la part de la métropole. La guerre va le radicaliser En Afrique noire ou à Madagascar, le nationalisme est beaucoup moins virulent que dans les colonies anglophones. La francisation des élites l'explique largement. Conclusion La Grande Guerre marque ainsi une importante inflexion dans l'histoire coloniale. [...]
[...] La population européenne croît peu. La natalité comme en métropole reste faible et les flux migratoires se sont taris depuis le début du siècle. En revanche, la colonisation favorise la forte croissance de la population indigène (fin des guerres intestines, assainissement de régions insalubres, amélioration de l'hygiène, progrès sanitaires) même si cela prend du temps pour faire sentir ses effets. La plupart des peuples colonisés commencent à entrer dans la transition démographique avant la Seconde Guerre mondiale. En Algérie, les prédictions de certains professeurs de l'école de médecine d'Alger la paresse traditionnelle du peuple arabe le condamnera tôt ou tard à disparaître devant les races plus actives docteurs Battandier et Trabut, 1898) sont infirmées par les faits. [...]
[...] Le programme de l'enseignement public accorde d'ailleurs beaucoup plus d'importance à l'Empire : glorification de l'épopée coloniale dans les programmes d'histoire, meilleure connaissance des milieux dans les programmes de géographie. La connaissance scientifique des territoires coloniaux progresse : agronomie, botanique, biologie, médecine tropicale, sciences humaines (sociologie, ethnologie ) Quelques grands scientifiques commencent à être connus du grand public comme Maurice Delafosse qui publie une Histoire de l'Afrique en 1931. La littérature coloniale représente un genre nouveau et traduit le désir d'exotisme des Français même si, assez curieusement, dans ces romans, les colons n'ont pas la part belle : un grand prix de la littérature coloniale est créé en 1921 et fait connaître des auteurs comme Joseph Peyré, les frères Tharaud ou Louis Bertrand.[11] Le thème colonial (même s'il reste très minoritaire) se retrouve également dans le cinéma et attire les grands noms des années 1930 : Julien Duvivier, Jacques Feyder, Harry Baur, Fernandel, Jean Gabin, Gaby Mortay Certains films connaissent un véritable succès : Pépé le Moko, l'Appel du silence sur le père de Foucauld, Les Hommes nouveaux sur la conquête marocaine et particulièrement ceux qui célèbrent la légion étrangère (le grand jeu de Jacques Feyder ou La Bandera de Duvivier). [...]
[...] Cet échec favorise l'essor d'un nationalisme d'inspiration communiste. Après avoir fondé en 1924 une Ligue de la jeunesse révolutionnaire, Nguyen Ai Quoc (le futur Ho Chi Minh) crée le Parti communiste indochinois en 1930. Pendant toute la décennie des années 1930, sans parvenir à ses fins, celui-ci tente des expériences de soviets paysans lance des grèves et mène une agitation sporadique. La répression permet de contenir la menace.[26] En Syrie, la contestation du fait colonial est quasi permanente. Son apogée intervient en 1925 avec l'insurrection druze qui nécessite une intervention musclée et victorieuse de l'armée française dirigée par Gamelin. [...]
[...] Sur le plan politique, l'entre-deux-guerres est caractérisé par le ralliement progressif, après les radicaux et l'extrême droite nationaliste (avant 1914), des socialistes. Le Front populaire non seulement assume le fait colonial mais également l'œuvre des gouvernements précédents en insistant sur des méthodes françaises jugées plus libérales et plus généreuses que celles des autres métropoles. Le rôle des enseignants convertis par la mission civilisatrice dans cette évolution est évident et explique les réticences envers la décolonisation d'une faction de la SFIO après 1945.[17] Cette adhésion à l'idée impériale n'est pas exempte cependant d'ambiguïtés. [...]
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