Pluriactivité et stratégies paysannes

Résumé du document

La pluriactivité est une pluriprofession, avec accès à des techniques, des pratiques sociales, des cultures différentes. On parlera donc de pluriactivité lorsque le travail de la terre s'accompagne de l'exercice d'une activité non agricole, qu'elle soit le fait d'un seul individu ou d'un ménage dont les membres occupent des emplois différents. C'est donc à l'échelle de l'exploitation agricole que la pluriactivité doit être analysée. D'autre part, les familles pratiquant deux types d'activités agricoles n'entrent pas dans la cadre de la pluriactivité puisqu'elles restent techniquement, socialement, culturellement dans le monde agricole (cas des salariés-propriétaires, qui sont révélateurs de ce simple ajustement interne au monde paysan, qui n'est pas à proprement parlé une modalité d'ajustement à la société englobante).

Extraits

[...] Des cycles de pluriactivité L'agriculture est donc le môle sur lequel se greffent des activités complémentaires variées, plus ou moins durables. Le paysan court d'un travail à l'autre selon les saisons, les années, la nécessité et l'occurrence. Cependant si le hasard joue son rôle, cette agitation à sa propre logique. ( L'existence des formes de pluriactivité est liée aux temps morts de l'activité agricole : la mauvaise saison voit éclore des activités très diverses que l'on pratique sur place ou au loin. L'hiver montagnard alimente les plus gros flux de migrants. [...]

[...] Y a-t-il syncrétisme ou dominante de l'un des deux univers professionnels ? Le choix du conjoint (paysanne, ouvrière, fonctionnaire, commerçante), le destin des enfants (mariage, activité), pourraient apporter des éléments de réponse. Le phénomène de la pluriactivité apparaît ainsi complexe, ambivalent, ce qui a pour conséquence la diversité d'interprétations possibles. Le foisonnement des formes de pluriactivité La pluriactivité, ses formes, ses rythmes dépendent étroitement des gisements d'emploi, des activités complémentaires disponibles et accessibles. C'est dire combien comptent les ressources du milieu et ses capacités techniques, à l'origine d'un foisonnement des formules de pluriactivité. [...]

[...] L'ouverture, laquelle, lorsqu'elle peut se réaliser, fait de la pluriactivité un agent actif d'intégration. Elle s'accompagne d'un développement technique, social et culturel, d'adaptation de la production au marché, permettant ainsi l'émergence de nouveaux notables. Conclusion Réponse collective aux défis du moment, la pluriactivité se divise en une infinité d'expériences, avec des résultats qui ont la diversité des destins individuels. Elle ne semble jamais aussi attractive qu'en période de crise, lorsque craquent les équilibres d'une communauté ébranlée. Toutefois, la pluriactivité s'impose aussi comme un style de vie, propre à une région, comme l'a montré Jean-Luc Mayaud pour le Jura. [...]

[...] ( La pluriactivité peut être fermée, elle se borne au service de la communauté ; ouverte, elle s'orient vers les marchés extérieurs. La pluriactivité fermée touche tous les métiers nécessaires à la vie de la communauté : paysans forgerons, maréchaux, taillandiers, bourreliers, tonneliers, sabotiers, couturières, chapeliers, maçons travaillent pour le village, à la commande. La rétribution se fait en argent, mais plus souvent encore, au moins jusqu'au milieu du XIXème, par l'échange de service ou de produits. Ainsi la Provence connaît bien le paysan maçon, expert en murs de pierres sèches, payé en olives, en raisin de cuve, en prêt de cheval La pluriactivité ouverte est extravertie. [...]

[...] Le modèle national d'abord, porté par tout un équipement technique et culturel, administratif et politique, s'impose de plus en plus. Parmi les formes variées qu'il peut prendre, une, en particulier est bien perçue : le rôle multiforme de l'État, plus ou moins accepté (affrontement pouvoir national/pouvoir local, centralité/périphérie, villes/campagnes Le poids de l'économie est une autre forme de cette intégration. Désormais, des facteurs nationaux et internationaux commandent la mesure des crises, sans échappatoire possible. En quelque sorte, ils uniformisent la crise en la délocalisant La communauté n'a plus aucune prise sur elle. [...]